Nous deux [PV[

Trop de bruit dans sa poitrine. Ce n'était plus habituel. Il avait plongé dans le sport, passant de la natation à la course à pied en terminant par plusieurs séries de pompes et d'abdo pour déconnecter sa tête. Il ne voulait pas penser. Quelque chose en lui semblait s'être ébréché. Nyx à l'intérieur de lui en semblait ravie. Mais pas lui. Depuis que le rendez-vous était pris, il avait la sensation que les choses ne seraient plus comme avant. T'avoir eu dans son lit, c'était une chose. Apprendre à te connaître à nouveau, une autre. Sans parler du fait qu'il t'avait avoué avoir appris le breton pour toi. Un acte qui s'était voulu romantique autrefois, mais les choses s'étaient précipitées et il n'avait pu te dire qu'il t'aimait en cette langue. En sortant de sa douche il se rendait compte à quel point il avait tout fait pour étouffer l'amour qu'il ressentait pour toi. À quel point il s'était blindé tandis que tu étais en larmes et que tu réclamais une place dans sa vie. Cela aurait été impossible pour lui que de te fréquenter sans vouloir t'effleurer. Cela aurait été plus douloureux que de couper les ponts comme il l'avait fait. Et à croire que la vie aimait à s'acharner sur lui, il avait perdu sa femme d'une façon toute aussi brutale. Alors oui, il s'était coupé de toute émotion et appréciait cette vie de célibataire endurci. Du moins c'est ce qu'il avait cru jusqu'à ce matin, quand le regret de ne pas t'avoir dit de rester est apparu.

Il ne savait pas trop à quoi s'attendre en se rendant au NIghtbird. Un endroit dont il avait l'habitude pour fréquenter de temps à autre son propriétaire. Un endroit où il n'a pas mis les pieds depuis quelques mois toutefois, fréquentant d'autres places, et bien trop plongé dans ses recherches. Il pénétra dans l'ambiance qui était encore jeune, se dirigeant vers le bar afin de commander un old fashion. Il trouva ensuite une table non loin de la scène, mais légèrement en retrait. Il aurait une vue imprenable sur toi, sans réellement savoir si tu le distinguerais. On lui avait souvent dit que les artistes avaient bien trop de lumière sur eux pour distinguer le détail de la foule. Il n'était pas aussi froid qu'habituellement. Il sentait que des émotions contradictoires se jouaient en lui. Déjà la peur. Il n'était plus habitué à la ressentir, encore moins en raison de quelqu'un. Mais après tout cela faisait sens. Pourquoi il avait préféré mettre des limites claires avec toi. Tu étais un danger pour lui. Mais ensuite, la réelle envie d'échanger avec toi. Si seulement tu voulais bien parler d'autres choses que de ce que tu ressentais pour lui...Peut-être oser lui dire que sa femme est morte. Peut-être même lui dire dans quelles conditions pour que tu comprennes. Qu'il n'était plus le même homme. Il y avait foule, entendant même certaines personnes murmurer que ce serait la dernière fois que tu jouerais de cette façon-là par ici. De son côté il n'avait aucune idée d'à quoi s'attendre. Quand vous étiez ensemble, tu n'avais pas ce talent...

Et il n'aurait jamais imaginé que ce que tu viendrais à chanter le toucherait. À croire que la musique était une arme imparable. Mais avant que tu ne chantes les premières paroles, il t'avait observé venir sur scène, acclamé par ton public. Tu n'étais plus seul Gwenegan. Tu étais entouré. Des gens t'aimaient. Il se sentait tellement étranger à ton monde. À cet univers musical que tu commenças à déployer. Et pourtant il ne put qu'y être emporté. Les premières notes de piano s'élevèrent, avant qu'il n'entendit distinctement tes paroles. Il te contempla, tandis que les paroles s'insinuaient en lui. Tu parlais de vous. Aucun doute. Frisson. Si ce n'était qu'un leurre. Peu importait. Ton message était clair. Vital. À travers ta musique, il sentait ses armures se fissurer davantage. Oublier le passé. Était-ce possible? Que tu lui pardonnes jusqu'à son comportement de la veille? Mais pardonnerais-tu le futur? Parce-qu'il était cassé. C'est ce qu'il croyait. Et pourtant, plus tu continuais de chanter, plus il se sentait dérailler de l'intérieur. L'émotion se fit grosse, de plus en plus percutante. Est-ce réellement ce que tu penses? Ce n'est pas fini. Malgré la douleur? Malgré le mal que vous pouvez encore vous faire? Qu'il peut encore te faire? Il ferma les yeux pour contenir les larmes qui arrivaient malgré lui. S'installant plus profond dans la banquette. Ta voix était l'unique chose qui existait. Les mots continuaient d'avoir un impact qu'il n'aurait jamais pu imaginer.

Il ne se rendit pas compte que la mélodie venait de cesser. Il ne se rendit pas compte des applaudissements. Il ne sentait que cette peine qu'il avait maintenu pendant toute ces années. Que cet amour qu'il avait voulu mort et qui ressortait malgré lui. Il n'avait jamais cessé de penser à toi. Souvent il était retourné à ce cadran, passer son doigt sur la gravure...Quand il rouvrit les yeux, il dut papillonner des cils pour chasser les larmes. Les as-tu seulement perçu?

Gorge sèche. Il ne réussit pas à répondre à ta salutation, son regard tentant de reprendre contenance. Il esquissa uniquement un sourire - maladroit - en réponse au tien. L'atmosphère était lourde. Pas désagréable. Il sentait toutefois que cette chanson était venue chercher des émotions en toi autant qu'en lui. À moins que ce ne soit le souvenir de votre nuit passée ensemble qui se faisait présent? Il ne savait le dire. Trop loin. Il aurait aimé que tu viennes plus près. Il avait envie de te toucher alors qu'il connaissait la teneur de votre pacte. Ne pouvait-il être brisé? Il ne pensait pas qu'une musique pourrait ainsi venir le percuter aussi en profondeur. Son regard se posa sur sa boisson qu'il n'avait pas touché, et il n'eu pas le temps d'ouvrir la bouche qu'un cocktail fit son apparition. Pendant que tu échangeais des légèretés avec le serveur, Lawrence se redressa sur son siège, prenant une profonde respiration, chassant ces larmes dont il ne voulait pas, dont il ne savait que faire. Que révélaient-elles sur lui? Sur ce qu'il ressentait envers toi? Il leva le verre en échos à ton geste avant d'en boire une gorgée également. C'est là que ta première question tomba. Simple. Épurée. Bien loin des émotions qui courraient dans son ventre.

«Est-ce ridicule si je te dis que...j'ai eu l'impression que tu parlais de nous?» Il ne pouvait imaginer être le centre de ton monde, ce serait tellement égocentrique. Mais la vérité était là...cela lui avait rappelé votre relation, la souffrance qui en avait découlé comme l'attirance qui était toujours présente, peu importait les pactes que vous pourriez faire. «Je veux dire...peut-être que ça fait ça à toutes les personnes qui t'ont écouté. Cela leur a rappelé une histoire importante de leur vie...» Il était hésitant, son regard se dégageant du tien pour se poser sur la table. «Et je présume que t'as du aimer d'autres personnes...donc hésite pas à me dire si c'est ridicule.» Il n'était pas à l'aise de parler de ses sentiments. Mais à cet instant, mû par les frissons que ta musique avait eu sur lui, il s'était permis cette réponse. Une part de lui espérait que tu lui ris au nez, que tu lui dises que cela n'avait rien à voir avec votre relation. Si tu faisais ça, il saurait se refermer, se barricader et ne plus te craindre.

Il poursuivit de lui-même: «Sinon je comprends qu'un label a signé avec toi. T'as une voix magnifique, je le pense vraiment. Un véritable talent.» Il croisa ses mains sur la table, devant lui. Il aurait aimé avancer sa main, se saisir de la tienne, la caresser. Ce qu'il aurait aimé faire à son réveil s'il ne t'avait pas dit de partir... «Pour ce que cela vaut, je suis vraiment fier de toi.» Il t'avait connu horloger, méticuleux, passionné. Te voir aujourd'hui musicien professionnel, à gérer bientôt des foules de fan, bien loin de la solitude d'un atelier. Oui, il le pensait vraiment. Et à cet instant, il était bien loin de l'homme qu'il t'avait donné à voir à la galerie, ou quand tu as débarqué chez lui en milieu de nuit. Il se montrait avenant, et tu pouvais sentir sa sensibilité tout le long de ses paroles. Il n'y avait plus de mur. Plus pour le moment. Il se sentait encore sonné par les paroles de ta chanson. Il reprit une gorgée de son cocktail, avant de poursuivre: «Quels sont les plans désormais? J'ai cru comprendre que c'est la dernière fois que tu joues ici...Alors il y a une date de tournée de prévue?» Tu serais sur les routes. T'avais pas besoin d'attaches. Lui non plus à dire vrai, même s'il avait envie de profiter de ta présence. Si les choses n'étaient pas totalement brisées. Mais il en doutait fortement à cet instant. Il ne méritait pas que tu lui accordes de l'attention. Pas après comme il t'avait traité. Il en avait bien conscience, et ne se sentait pas prêt à te demander quoi que ce soit pour le moment.

musique

Cela avait un goût de trop peu. Il ne pouvait simplement se pointer dans ce bar et te prendre dans ses bras juste parce-qu'il en avait envie. Il ne savait pas ce qui se jouait à l'intérieur de lui. Il ne comprenait pas pourquoi une simple chanson était venu activer sa sensibilité. Il avait eu envie de venir. Être là pour toi pour cette dernière. Mensonge. Il avait juste envie d'être là pour profiter de ta présence. Pour espérer que votre discussion ne tournerait pas autours du fantôme de votre relation, simplement car l'environnement et le contexte était différent. Mais c'était lui qui vint parler de ça en premier. À cause de ta voix. À cause de ces paroles qui ne lui étaient peut-être pas du tout destinées. Qu'en savait-il? Sa femme n'avait pas été une artiste. Lui ne savait que peindre ses émotions, alors les rendre mots, comme tu semblais savoir le faire...Il n'avait pas été préparé à ça. Du talent tu en avais. Pour venir décrocheter son cœur sans aucun doute. Il se retrouva toutefois interdit quand tu lui parlas de cette femme que tu avais quitté pour ton petit-ami...Avant que tu ne viennes délibérément lui tendre une perche. Tu le voulais toujours alors? Tu avais envie d'être à ses côtés alors même qu'il t'avait montré à quel point il était brisé? Il y aurait sans aucun doute des échardes s'il te laissait emprunter ce chemin-là...Mais pour le moment, il ne savait que répondre à ce qui ressemblait à une proposition. Au moins avait-il sa réponse: tu pouvais bel et bien parler de vous dans cette chanson. Il t'offrit un léger sourire en écho au tien. Il craignait que s'il disait quelque chose tu le prendrais mal. Parce-qu'il avait peur de ne pas utiliser les bons mots. Pouvais-tu comprendre que s'il était là ce soir, ce n'était certainement pas pour uniquement te parler? Que ce qu'il s'était produit cette nuit était venue le percuter plus qu'il ne le pensait imaginable?

C'est ainsi qu'il préféra embarquer sur ta voix. Tout ce qu'il te dit était sincère et il fut étonné de te voir si gêné. Cela te donnait un certain charme, tandis qu'il frissonna à ta main sur la sienne. Tu avais osé là où il avait échoué. Il ne bougea pas, garda sa posture qui l'amenait à grignoter quelques centimètres de cette table qui vous séparait. Il t'observa regarder les lieux où il apprit que tu travaillais depuis un moment. Il sentait une forme de nostalgie face à cette vie que tu vas être amené à abandonner. Il te souhaitait déjà que tout cela t'amène vers des contrées qui te feront du bien. Vers des personnes qui te feront plus de bien que lui, même s'il ne pouvait nier son désir égoïste à être présent pour toi ce soir. C'est là que tes yeux revinrent dans les siens. Ces derniers revêtant une grande douceur, comme autrefois quand tu lui demandais n'importe quoi et qu'il ne pouvait qu'obtempérer: «Bien sûr.» Il eu un léger sourire, avant d'ajouter: «Si tu m'invites.» Tu changerais peut-être d'avis d'ici là. Il avait beaucoup de mal à se projeter avec qui que ce soit, pour quoi que ce soit...«Si je ne suis pas moi-même en voyage à l'autre bout du monde.» Connaissais-tu sa nouvelle réalité? Il n'était plus un simple étudiant désormais. Il n'était plus cantonné à un endroit du globe.

Doucement, il dégagea une de ses mains afin de pouvoir venir revêtir la tienne de cette dernière. Vos mains étaient ainsi l'une sur l'autre, tandis qu'il se retenait de caresser la tienne comme autrefois, juste du bout des doigts pour attiser ta sensibilité. Est-ce que cela te fait encore de l'effet? «Tu ne regrettes pas d'avoir quitté cette femme? La promesse d'une famille qu'elle aurait pu t'offrir?» N'était-ce pas ce choix que lui-même avait fait autrefois? Te délaisser pour fonder une famille qui n'avait même pas pu voir le jour au final? Son regard ne lâchait pas le tien. Il avait besoin de savoir à quel point ce que tu lui disais est vrai. Il est ton premier amour, cela ne peut changer. Cela ne veut pas dire qu'il est la meilleure personne pour toi sur cette terre. Même s'il a envie d'attirer ta main à ses lèvres pour y déposer un baiser, il ne se sentait pas légitime de t'embarquer dans ses bons vouloir. Après tout, il se sentait fébrile, instable...il n'avait pas envie que tu quittes ton petit-ami pour lui juste en raison d'un coup de tête. Pouvais-tu comprendre cela? Qu'il voulait avant tout te préserver? Tout en cherchant à se préserver aussi? Il n'a pas réouvert son cœur depuis la mort de sa femme...elle-même avait pu y pénétrer grâce à ce qu'il avait ressenti pour toi. Comment réagirais-tu si tu savais que tu es le premier qu'il a véritablement aimé? Et surtout que pendant longtemps il a cru avoir fait le mauvais choix. Pour ses parents. Qui l'avaient tous les deux trahis depuis le début.

Les voyages. Aimerais-tu l'accompagner? Te faire voir le monde, voilà une prétention qu'il avait eu à l'époque. Avant de tout abandonner. De te laisser. Aujourd'hui tu n'avais plus besoin de lui. Il te souhaitait que ta carrière prenne une ampleur internationale. Que tu ressentes à l'intérieur de toi que tu n'as véritablement besoin de personne. «Actuellement je ne voyage pas tant que ça...J'ai juste dans deux semaines une expédition au Pérou qui est programmée...Ce ne sera l'affaire que de quelques jours, une semaine tout au plus.» Il devenait rapidement sérieux quand il parlait des voyages qui étaient liés à son métier. «Avant cela c'était plus l'Egypte mon point d'ancrage...L'endroit au monde où je voulais être...Mais ce n'est plus vraiment le cas.» Le souvenir de sa femme morte sur le sol de ces fouilles qu'ils avaient menés ensemble...Il détourna un instant le regard, tentant de tenir cette image bien loin de son esprit. «As-tu eu l'occasion de voyager de ton côté? Qu'est-ce qui t'a amené à Chicago?» Il était loin le temps, pour tous les deux, où vous étiez dans une petite ville, bien loin des prétentions d'une citée comme celle où vous vous trouvez actuellement. Tes ambitions semblaient avoir grandit avec la ville en tout cas. Tout comme ses propres responsabilités.

Ton regard s'échoua sur vos mains, mais il ne tenta pas d'imaginer ce que tu étais en train de penser. Après tout, il avait encore du mal à croire qu'il osait laisser vos mains se lier ainsi. C'était bien plus de douceur qu'il n'en avait vécu pendant ces dernières années. Tes paupières se ferment. La douleur est toujours présente. Pourtant tu n'es pas avec ton petit copain, pas non plus avec cette femme. Pourquoi? La réponse ne tarde pas, et Lawrence ne parvient pas à garder son regard dans le tien. Tu lui voues trop de confiance, trop d'amour...il n'était pas aveugle pourtant, il avait bien vu comme votre complicité des corps était toujours présente, mais ne serait-ce pas trop facile que de te céder? Que de céder à cette attraction que tu insufflais en lui? Alors même que tu venais de vivre quelque chose de difficile, que tu avais construit une vie sans lui? L'amour semblait désormais lui échapper...il ne savait plus comment réagir face à cela, cherchant à comprendre ce qu'il n'y avait qu'à vivre. Surprise. Quand tu te déplaças jusqu'à lui, quand vos doigts s'entrelacèrent. Désormais, ton parfum lui parvenait, l'amenant à poser son regard sur la table, comme soucieux de la suite qu'allait prendre cette conversation. Son cœur se mit à battre plus fort, bruit entêtant dans son esprit. Murmure entre tes lèvres. Ta cuisse se fit plus proche, tes doigts caressant. Il devrait te dire qu'il n'y a plus rien. Qu'il ne reste que des cendres depuis longtemps. Il ne devrait pas reposer son regard dans le tien - comme maintenant - lever une main pour venir caresser ton visage - frôlement - déposer sa main sur ta nuque - frisson - avant de venir lentement déposer ses lèvres sur les tiennes. Aucune sauvagerie. Une douceur infinie, comme lors de votre tout premier baiser. Délicatesse, tandis que sa main délaisse ta nuque pour suivre les courbes de ta gorge, avant de venir se perdre contre ton torse, ton flanc...Fin.

Recul. Lenteur. Ses yeux rencontrent à nouveau les tiens, tandis qu'il vient te souffler en breton: «Je ne t'ai jamais oublié Gwenegan». Pouvais-tu concevoir cela? Que malgré ta souffrance, malgré sa rudesse, il a toujours pensé à toi? Il avait du mal de son côté à réaliser qu'il venait de te confier cela. Et sans doute est-ce la raison pour laquelle, il vint se saisir de son "old fashion" et le but d'une traite. Il avait la sensation que tu l'avais ensorcelé tel une sirène et qu'il se devait de retrouver plus de contenance. Il vint se passer une main sur le front, avant que son index ne se pose au-dessus de sa bouche, et que le reste de sa main "porte" son menton. Il ne fuyait pas totalement, toujours aussi proche de toi, mais il semblait te sonder tout en réfléchissant. «Que veux-tu réellement de moi?» Il était incapable de nommer ce que lui voulait de toi, alors peut-être que si toi tu y parvenais, cela l'éclairerait, l'empêcherait de retourner dans ses abysses qui pourtant l'appelaient.

Trop de choses étaient encore tues entre vous. Mais ce n'était sans doute pas le temps de vous les partager. Sans doute pas le temps de venir ouvrir les chapitres de vos douleurs respectives. Pourtant n'étaient-elles pas similaires? Vous aviez voulu un enfant et ce dernier n'était jamais né...Vous ne pouviez vous douter avoir une telle expérience en commun. Les oreilles de l'archéologue s'attachait à cette carte que tu avais créé où tu avais répertorié toutes ces villes qui t'ont inspiré ta musique. Il aurait souhaité te demander ce qui t'avait porté vers les voyages, mais il n'en eut pas le temps pour le moment. Il t'avait offert ce baiser, se rendant compte à quel point il était naturel envers toi. Un baiser qui ne se cachait pas, tout le monde encore présent dans le bar a pu le remarquer en tournant la tête vers vous. Il ne craint nullement les rumeurs comme autrefois. Il n'avait plus de mariage à mettre en péril malgré cette alliance toujours à son doigt. Il était d'ailleurs étonné que tu ne le questionnes pas à ce sujet. À croire que tu t'en moquais désormais ou que tu avais appris qu'il était veuf d'une autre façon. Ce n'était toutefois pas lui qui allait en parler directement. Surtout pas à cet instant où sa main était dans la tienne et qu'il te demandait ce que tu voulais de lui. Cette soirée ne se passait pas du tout comme il l'aurait souhaité. Elle n'était pas toute en légèreté, mais il ne pouvait pas faire comme s'il n'y avait rien entre vous. Les émotions semblaient se battre à l'intérieur de lui, tant et si bien qu'il fut soulagé de t'entendre lui répondre sans détours.

Le regard de Lawrence cilla légèrement quand tu venais lui dire que tu étais prêt à tout pour gagner son cœur, même s'il n'était plus le même. Comment pouvais-tu déployer une telle foi? Comment ne pouvais-tu pas craindre de te fourvoyer? Qu'est-ce qui te faisait dire que ce que vous pourrez partager aujourd'hui serait aussi bon que ce qui a été? Des questions qui s'échouèrent dans sa psyché tandis que tu poursuivais, plus déterminé que jamais. Tu étais prêt à tromper ton petit-ami pour lui? À le faire souffrir? Alors même qu'avec cette liberté que tu lui laissais, il pourrait te faire souffrir en retour? Étais-tu sûr de ce que tu venais lui offrir là? «Pourrais-tu réellement être tout à moi?» Il ne te parlait pas d'être en couple. Si tu le connaissais bien, tu savais que c'était sa façon de parler d'union totale et officielle. Il avait toujours eu cette étrange droiture face aux relations. S'il aimait, cela devait être entièrement et visible de tous. Rien d'étonnant à ce qu'il se soit marié, et qu'à l'époque il n'ait pas su t'amener toi devant l'autel. Ses paroles ici se voulaient presque rêveuses...Il avait du mal à s'imaginer en couple, avec des habitudes et des mots d'amour. Mais il voulait s'assurer de bien comprendre tes paroles...

Il commença à caresser ta main dans la sienne de son pouce. C'était doux et prometteur, alors même qu'il continua: «Apprenons à nous connaître alors...peut-être que cela t'aidera à me croire quand je dis ne plus être le même.» Il ne pouvait s'ouvrir à toi totalement. Il ne pouvait exposer un cœur qu'il doutait posséder encore. Pourtant, il le sentait fort contre sa poitrine à ton contact. Mais il n'était plus un gamin. Il connaissait sa réalité, les risques qu'il prenait dans son métier. Si cela venait à se savoir que tu comptais pour lui, il aurait peur pour ta vie. Alors il ferait ce qui est nécessaire pour que tu te rendes compte qu'il n'est pas si fréquentable. Pour que tu te mettes en colère contre lui, pour que ses silences te blessent parfois...Peu importait qu'il se brûle au passage si cela permettrait de te préserver. «As-tu déjà mangé? As-tu envie qu'on aille marcher? Prendre un dessert?» Parler d'autre chose que de cette nouvelle relation qui n'était pas secrète, vu que vous vous exposiez sans crainte dans ce bar, mais envers laquelle il ne savait manifestement pas se positionner pour le moment. Sauf quand ses yeux frôlaient à nouveau tes lèvres...Sauf quand la caresse de son pouce se faisait plus lente et que l'envie de t'embrasser lui reprenait.  

Ta détermination le touchait sans qu'il n'en comprenne la réelle teneur. Est-ce qu'une part de lui avait réellement envie de te posséder à nouveau totalement? Est-ce qu'il était vraiment prêt à laisser aller toutes ces années d'auto-destruction? Tous ces amants? Ils étaient rares ceux qu'il voyait régulièrement, mais ils étaient présents...Accepterais-tu réellement de le fréquenter en sachant qu'il fréquentait d'autres hommes et femmes? Semble-t-il que oui. Tu t'offrais sans rien lui demander en échange à part le fait d'apprendre à vous connaître. Il n'avait aucune raison de refuser. Surtout après son aveu, de ne t'avoir jamais oublié. Il vint alors parler d'un sujet qui ne le regardait sans doute pas, mais il avait besoin de te comprendre. Voir l'homme que tu étais aujourd'hui, peut-être même te conseiller. «Ton petit-ami va accepter cela? Que tu me revois? Ou tu comptes garder nos rencontres secrètes à ses yeux?» C'était ce qu'il avait fait à l'époque. Il n'allait pas te juger pour ça. Il comprenait ton désir d'être avec lui, il le partageait, mais il voulait savoir si tu avais perdu ton innocence...si la vie t'avait amoché à ce niveau-ci. Un niveau invisible. «As-tu déjà songé à lui permettre d'ouvrir son cœur lu aussi?» Il se permettait cette réflexion car il avait cru comprendre que ton petit-ami avait eu conscience de cette femme dont tu lui avais parlé. «Si vous n'êtes plus dans un couple conventionnel, tu n'aurais pas à choisir.» Il cherchait, sans mesquinerie, à savoir si tu étais encore prêt à t'engager envers une personne, ou si tes paroles n'étaient enflammées que par la passion que vous conteniez sous les cendres de la nuit passée ensemble pour le moment.

Il nota les propositions que tu lui faisais là, te laissant approcher, fermant un peu les paupières à la douceur de ton baiser. Sensible. Il sentait tout son corps réagir quand tu te rapprochais ainsi. Tu ne devrais pas venir titiller ses ardeurs. Elles pouvaient être brusques, même si pour le moment, tandis que tu reculais déjà ton visage, c'est le sien qui s'approcha, venant à nouveau voler tes lèvres en un baiser moins contenu que le premier qu'il t'avait déjà offert. Il avait envie ce soir d'oublier toutes ses obligations, d'oublier tout ce poids qu'il s'était mis sur les épaules. Il voulait sentir ta chaleur, venant glisser une main dans tes cheveux à ce baiser qui s'arrêta enfin. «J'ai besoin de prendre l'air.» te souffla-t-il avec un sourire avant de se lever, laissant le vide reprendre ses droits entre vous. Il avait déjà payé son verre au bar, et présumait que le cocktail était offert. Tu étais la vedette de la soirée au final. Une chanteuse était entrain de donner une prestation tandis qu'il se tournait vers toi, n'en revenant pas vraiment de se balader avec toi en plein cœur de Chicago, alors qu'avant vos rencontres étaient toujours dans le cocon d'une chambre d'hôtel. Au moins avez-vous la certitude de ne pas avoir besoin de distraction pour être bien l'un avec l'autre.

Dès que tu fus à sa hauteur, vous vous dirigèrent vers la sortie du Nightbird. Une fois à l'extérieur, Lawrence fouilla dans la poche de son jean pour en sortir son paquet de cigarette, en allumant une, avant d'inspirer la nicotine et laisser la volute de fumée percer entre ses lèvres tandis qu'il observait la lune. Il portait simplement une chemise noire, légèrement ouverte sur son torse, qui lui offrait un style décontracté en ce soir. «Tu t'es déjà retrouvé paumé en pleine nature? Loin de toute civilisation à contempler les étoiles?» Étoiles qu'on ne pouvait percevoir en pleine ville à cause de toutes ces lumières. Il chercha ton regard, reprenant une bouffée, avant de poursuivre: «Ça doit être une des choses que je regrette le plus depuis que je suis venu vivre à Chicago...D'ailleurs tu ne m'as pas répondu. Depuis quand vis-tu ici?» Engager à nouveau la conversation sur des choses essentielles pour mieux se connaître. Il t'enjoignit le pas, son envie de prendre l'air étant une indication pour s'acheter de quoi dans un des foodtruck du coin. 

Ainsi tu voulais préserver le cœur de ton petit-ami. Peut-être l'aimais-tu plus que tu ne pouvais le concevoir aujourd'hui. Une part de l'archéologue souhaitait cela pour toi. Il aimait l'idée que tes amours pouvaient être plus joyeux que ce qu'il a lui-même connu. Que cette souffrance qui s'est créée un chemin et qu'il ne sait plus comment déloger. Le temps devait aider pourtant, et sans aucun doute aurait-il pu le faire s'il n'avait pas eu la mauvaise surprise - le choc - que c'est sa propre mère qui était derrière ce drame. Sa vie avait tout simplement basculée. C'est ainsi qu'il s'était bâtit comme il avait pu. Bien plus facile de gérer ses sensations plutôt que ses sentiments. Plus facile de ne pas s'attacher au risque de perdre l'être aimé. Sa sœur n'arrêtait pas de lui dire que c'était dépassé comme façon de penser. Pourtant c'était plus fort que lui que de continuer dans ces habitudes-ci, même si elles n'étaient pas saines et qu'il en avait conscience. Tu le voyais en ce soir, comme libre de toute attache, alors même qu'il fronçait souvent les sourcils en vu d'un deal qui pourrait mal se passer, toujours à gérer trente six mille affaires en même temps. Il ne pourrait mettre qui que ce soit au centre de sa vie. C'était ce trafic qui était ce qui devait être le plus important. Peut-être en allait-il de même pour ta carrière après tout? Lawrence tilta sur ce que tu ajoutas sur ton petit-ami... «Il a été voir quelqu'un d'autre en ton absence qui s'avère être l'un de tes amis?» Il n'entendait pas cela tous les jours, c'est ainsi qu'il poursuivit: «Il devait y avoir une raison pour qu'il agisse ainsi non?» Il n'attendait toutefois pas de réponse. Cela te concernait après tout. Mais il notait que ta relation était loin d'être simple.

C'était étrange cette facilité de proximité entre vous. Lawrence n'avait pas agit ainsi en public avec quelqu'un depuis...des années? Ou alors rien de bien sérieux. C'était déstabilisant que de te découvrir par les paroles, mais avoir déjà une certaine familiarité. Il adorait t'avoir à ses côtés, mais il était bien loin de se l'avouer à lui-même. Les choses étaient fragiles et son humeur instable. Pour le moment, il prenait les choses comme elle venait, comme tu les lui avais proposé à dire la vérité. À aucun moment il ne s'était imaginé que tu viennes lui proposer quoi que ce soit...comme si quelque part tu avais senti ce dont il avait besoin. Sans pour autant venir lui poser de questions sur sa femme...alors que tu étais très ouvert à parler de ton relationnel. Il n'analysa toutefois pas davantage. Le fait de fumer et prendre l'air lui faisant énormément de bien. D'ailleurs, un sourire naquit sur ses lèvres quand il se rendit compte que les étoiles ne te laissaient pas indifférent non plus. Ta proposition vint le surprendre. Il avait oublié comme tu pouvais être si spontané, et eu même la sensation d'être vieux, à toujours tout planifier. «C'est une idée.» glissa-t-il de façon à ne pas se prononcer de suite et se donner le temps de la réflexion. Il faudrait une bonne demie heure de route pour trouver un coin suffisamment à l'écart de la ville et ses banlieues.

Il nota que tu étais arrivé à Chicago peu de temps avant lui...Comme quoi le destin jouait avec vous depuis quelques temps déjà. Suite à ta commande, il demanda une salade à base de riz, légume divers et saumon fumé. Il prenait assez soin de ce qu'il mangeait en règle général, le sport et l'alimentation étant devenu une hygiène de vie. Sa salade en main, il se tourna vers toi, n'ayant pas pris de son côté de boisson. Il avait réfléchit à ta proposition tandis qu'il attendait sa commande. «On pourrait marcher jusqu'à chez moi...et prendre ma moto si ça te va?» Son regard vint se saisir du tien. «Pour ton envie d'aller contempler les étoiles.» Un sourire entendu s'inscrivit sur ses lèvres, avant de continuer de manger et de marcher tranquillement vers chez lui. C'était l'affaire d'un quart d'heure à pied au grand maximum. «À moins que tu préfères qu'on prenne un taxi ou ta voiture.» Il ne voulait rien imposer, cette idée venant avant tout de toi. Cette promenade improvisée n'avait rien à envier à vos retrouvailles. Il y avait quelque chose de totalement apaisé en cet instant. Le regard d'un bleu vif de Lawrence cherchant ta silhouette à ses côtés, remarquant à quel point il était toujours touché par la grâce qui s'échappait de toi. À l'époque il te l'avait même dit que tu avais "une aura remarquable" alors même que tu étais loin d'avoir l'assurance que les années semblaient t'avoir offert. Preuve s'il en fallait concernant la connexion qui a toujours été la vôtre. Il avait ce don de te lire, tandis que tu avais celui de ne jamais le déranger. Sans doute était-ce pour cela que c'était si violent comme moment passé ensemble, sans compter celui de votre rupture. Toi qui avait toujours eu ta place dans son espace te retrouvait rejeté sans ménagement. Peut-être oserait-il te dire qu'il regrettait.

«Maintenant que tu vas pouvoir vivre de ta passion...que ton groupe commence à cartonner...puis-je te demander quel est ton plus grand rêve?» La question pouvait paraître bateau, et pourtant il avait toujours trouvé qu'elle était très révélatrice sur les personnes à qui il pouvait la poser. Déjà avoir un rêve était un luxe que lui-même n'avait pas. Au final, il termina la salade et alla jeter le contenant dans une poubelle. Vous étiez proche d'arriver à son immeuble, mais il était toujours possible de prendre un autre moyen de locomotion que celui qu'il a proposé.

Il ne fit pas attention à ton échange de message, vu que cela s'était produit pendant qu'il commandait. Pour le reste, il était particulièrement attentif à cette douceur qui s'échappait de toi tandis que vous marchez côte à côte. Est-ce la possibilité d'aller voir les étoiles ensemble qui amenait ce sourire serein sur tes lèvres? Il se le demanda un instant, sans remarquer qu'un même sourire s'était inscrit sur les siennes. C'était bien plus agréable que d'essayer de savoir à tout prix ce qu'il ressentait pour toi. Après tout, il considérait que ses paroles dans le bar étaient parlantes. Tu as été important. Comment oublier celui qui a réellement su faire battre son cœur, malgré les obligations qui l'attendaient avec le mariage etc? Quand il t'avait ainsi auprès de lui, il se rendait compte d'à quel point ça a toujours été naturel entre vous, au point que le temps ne semblait avoir brisé que vos cœurs, mais rien changer à votre relation. À part ces rêves qui se sont échoués chacun de votre côté à l'entente de ta réponse à sa demande. Il haussa un sourcil. Il ne s'attendait pas à ce que tu n'aies plus de rêves. Que t'était-il donc arrivé? «Nous avons au moins un point commun.» C'était sorti spontanément, mais tu pouvais comprendre qu'il n'y avait que la vérité ici de son côté également. Pas de rêve. Juste le vide. Le fait d'exister pour accomplir une vengeance dans son cas, même si Nyx lui demande de ne pas aller jusqu'au bout de son plan. D'ailleurs, elle semblait plutôt heureuse que tu sois auprès de lui. Était-ce une croyance de sa part? Que s'il rentrait en relation avec toi, il n'oserait plus dénoncer sa propre organisation aux flics et finir en prison?

«Je n'en ai que pour quelques minutes. J'ai bien les clefs sur moi, mais il manque le reste.» Son regard s'allongea, comme ne voulant pas te quitter, avant d'entrer dans l'immeuble et disparaître à ta vue. Il espérait ne pas croiser sa sœur qui n'hésiterait pas à faire une remarque quelconque en le voyant prendre vestes et casques. À ses yeux, la moto ne servait à se rapprocher que de ses amants les plus difficiles, ceux à qui il fallait offrir plus de sensations fortes. C'était pourtant ici tout l'inverse. Il ne voulait pas jouer avec toi, mais simplement mieux te connaître...et s'il fallait s'éloigner de la ville pour ça et lui donner la sensation de ne pas avoir tant de responsabilités, il signait pour. C'est ainsi qu'après une dizaine de minutes, il revint auprès de toi et te montra sa bécane garée sur le trottoir non loin de vous. «C'est celle-ci.» Une japonaise pour l'harmonie des formes. «La dernière fois que tu as fait de la moto, c'était avec un amant?» Il te fit un clin d’œil assez énigmatique sur le coup, tandis qu'il te tendait une veste en cuir rembourrée et qu'il enfilait la sienne. «Je n'aimerai pas avoir tes fans sur le dos s'il devait arriver quoi que ce soit.» Prévenant. Il l'était déjà autrefois. Surtout dès qu'il s'agissait de la sécurité. Il enfila alors son casque après t'avoir tendu le tien. «Surtout accroche toi bien, ok?» Il avait une vague idée de là où il allait vous emmener.

Il s'installa en premier et actionna déjà la clef, faisant gronder le moteur, tandis que tu venais derrière lui. Il revêtit des gants en cuir assez fin, avant de s'assurer que tu étais confortable. «Tout est bon pour toi?» Une fois qu'il eu confirmation, il engagea la moto sur la route, fermant la visière de son casque, et c'était parti pour votre balade à la conquête des étoiles. Le début du trajet était ponctué des feux qui passaient au rouge par moment, mais dès que vous accédâmes à l'autoroute, ce fut beaucoup plus fluide, Lawrence amenant le moteur à donner tout ce qu'il a, dans le raisonnable des limitations de vitesse. Autours des villes, il était fréquent d'avoir des radars. Il sentait tes bras autours de sa taille, et tout cela ne le gênait nullement. Il était quelque part habitué à ce type de proximité sur le deux-roues. Au bout d'un moment, il prit une bretelle qui vous amena dans un coin bien moins fréquenté des alentours de Chicago. Plus vous avanciez moins les lumières artificielles des routes étaient présentes. Il tourna à un moment sur un chemin de terre qui vous emmena véritablement au cœur de la forêt, jusqu'à ce qu'une clairière se distingue du reste et qu'il ralentit jusqu'à couper le moteur.

Le silence. Ponctué par le bruit des criquets et de quelques oiseaux nocturnes. C'était impressionnant. Quand il retira son casque et immense sourire éclairait son visage, tandis que ses yeux étaient déjà appelés vers le ciel. «Je dois avouer que tu as eu une merveilleuse idée...» Son regard retrouva le tien, empêchant son envie de venir à nouveau caresser tes cheveux et se perdre contre ta bouche. «On a qu'à prendre les vestes avec nous et se trouver où nous installer.» La lune était presque pleine, ce qui vous aidait à y voir un minimum. Lawrence commença à marcher dans la clairière, en recherche du spot idéal. Une fois que vous l'ayez trouvé, il posa sa veste, et s'allongea, un bras sous sa tête, de façon à reposer le haut du corps au niveau de la veste. Il poussa un soupir de contentement, ses yeux totalement absorbés par le spectacle du ciel étoilé.

Il parcourait déjà le monde. Et il avait abandonné - peut-être à tort - celui d'avoir une famille. Les rêves n'étaient pas fait pour lui. Du moins, ils ne possédaient aucun sens une fois qu'il restait seul dans ses draps le soir. La vie lui avait montré l'importance du partage en lui arrachant celle avec qui tous ces rêves étaient devenus possible. Bien sûr qu'il avait pensé à toi. Il repensait à ton innocence, à cette fraîcheur, à la joie que cela aurait été de parcourir les cieux avec toi. Il s'était demandé si tu aurais pu être sensible à son monde, à ces vieilles pierres qui venaient offrir des trésors incroyables des siècles après leur création. Il n'était pas certain de ça. L'archéologie était une passion vorace et pointilleuse à la fois. Tu avais pourtant adoré les cadrans, il y avait peut-être quelque chose de commun à ce niveau-ci, mais le rapprochement s'arrêtait là. Puis cela n'enlevait rien à sa surprise en constatant que tu ne couvais plus aucun rêve non plus. Sans doute reviendrait-il sur le sujet à un moment. Afin d'oser caresser tes abîmes et peut-être partager un peu des siennes. Même s'il avait gardé le cadran, il était bien loin de nourrir de rêves envers toi. Parce-que son cœur avait eu trop mal, et qu'il savait que le tien aussi. Il n'avait pas eu cet égoïsme. Il n'avait pas voulu de ce rêve qu'il aurait tué d'une façon ou d'une autre. Mais au moins, cela lui donnait cet espace de vous fréquentez et de laisser faire la vie. Le plus qu'il lui serait possible.

Tout comme il te laissa venir tout contre lui pour mirer le ciel étoilé. C'était tellement apaisant que de se trouver dans cet endroit un peu perdu. Il ne s'était pas pris du temps off de cette façon-là depuis pas mal longtemps. Te sentir tout contre lui était également une sensation nouvelle, parce-qu'avec ses amants il ne prenait pas ce temps là non plus. Surtout pas avec une telle vue. Ton parfum lui montait déjà à la tête, et quand tu te redressas, il accueillit ta caresse et ton baiser avec emphase. Il n'avait pas le goût de te rejeter parce-que oui, il avait eu envie de t'embrasser. «Crois-tu que ce sont les autres qui me retenaient?» Près de la moto vous n'étiez déjà que tous les deux. «Je croyais que nous venions regarder les étoiles. Que c'était ton désir.» Et le sien. Un moment de tranquillité entre vous afin de voir ce qui se lierait et ce qui ne pourrait jamais se connecter de nouveau. Doucement, sa main dans ton dos se posa sur ce dernier, bien présente, tandis qu'il laissa sa tête reposer sur le sol, afin de venir caresser doucement ton visage. Il n'avait pas eu tant de délicatesse hier au soir. Mais ici, il n'avait pas envie de simplement laisser son désir le submerger et tout emporter. C'était fragile ce lien que vous tentiez de nourrir à nouveau. Toutefois, sans un mot, tu sentis sa force quand il amena tes lèvres à lui offrir un autre baiser, ne prenant pas la peine de se redresser, te laissant faire tout le trajet.Toutefois, la passion qu'il te communiqua n'était pas feinte, ses mains te maintenant de cette façon mi-sauvage, mi-rassurante qui le caractérisait tant. Il eu envie de sentir ton torse contre le tien, sentant que son envie s'érigeait déjà, mais il sut garder la maîtrise, et t'amena à reculer doucement, un léger sourire aux lèvres. «Le temps n'aura pas effacer ça entre nous.» Ce feu qui semblait toujours brûler. Était-ce les vestiges de ces rencontres secrètes? Toujours non loin d'un lit? Serait-ce toujours ainsi dans une relation plus établie?

Son regard continuait de te regarder, tandis que sa main revenait sous sa tête. Il possédait toujours cette autorité naturelle de leader, et à cet instant il pouvait donner la sensation que c'était lui qui commandait, lui qui décidait la suite de cet instant. C'était dans son attitude, mais pas forcément la réalité. Tu le connaissais assez bien autrefois pour cela. Était-ce toujours le cas? «Tu en as eu beaucoup des amants?» Toutes ces années éloignées. Tous ces souvenirs où il était le seul homme pour toi. Combien l'avaient remplacé? Il se le demanda à cet instant. Maintenant qu'il avait l'impression qu'il pourrait imaginer une vie plus étayée qu'une vie en hôtel avec toi. Après qu'il ait reçu réponse, il se permit de poursuivre, sa main délaissant à nouveau sa tête pour venir se mêler à ta chevelure. «J'ai été surpris que tu n'aies plus de rêves...Veux-tu me parler un peu de toi...sur les rêves que tu as eu qui se sont réalisés, mais aussi les autres? Les avortés?» Il pourrait te faire l'amour sans chercher à te parler. Mais ne serait-ce pas recommencer comme la nuit dernière? Se réfugier dans la chair pour éviter l'esprit? Devenir ami, n'était-ce pas avant tout oser explorer le passé et les croyances de l'autre?

Il observait les étoiles qui étaient dans tes yeux dans le fond. Il avait toujours trouvé magnifiques les éclats gris dans le noisette de ton regard. Mieux que le ciel étoilé étaient tes yeux pour lui. Sans doute est-ce pour cela qu'il n'avait pas voulu résister plus longtemps à t'amener contre lui pour ce baiser. Peut-être est-ce pour cela et ce que vous avez partagé qu'il avait concédé à te redonner ta liberté. Celle de t'asseoir, ton visage vers les cieux en une posture qu'il aurait aimé dessiner à cet instant. Il se contenta de te contempler, son bras toujours sous sa tête en un genre d'oreiller. À sa première question tu répondis sans ombrages. Après tout il était naturel que vous ayez continué votre vie. Il ne pensait toutefois pas que tu viendrais à collectionner les personnes dans ton lit. Il aurait cru que tu étais de ceux qui aiment à lier leurs cœurs plus que leurs corps. Mais ce qui retient son attention bien entendu est ce qu'il avait cru noter lors de vos retrouvailles nocturnes. Tu n'avais laissé aucun autre homme venir te posséder comme il le faisait. Devait-il en être touché? Devait-il voir là qu'il avait toujours gardé une place spéciale pour toi? Il n'était pas du genre à sauter sur les conclusions, mais que tu viennes le lui préciser, amena son regard à tenter de sonder davantage le tien, d'où cette caresse dans tes cheveux, avant qu'il ne te murmure: «J'aurai du être plus doux.» Il comprenait mieux la souffrance qu'il avait perçu. Mais il ne pensait pas que cette perte d'habitude provenait de la dernière fois où vous aviez fait l'amour...

Concernant les rêves, il les écouta avec attention. Tandis que ton regard se levait vers les étoiles, le sien se portait sur la nature alentours. Ainsi, le temps rythmait déjà votre passion. Quand tu précisas avoir gagné un prix, il n'en fut pas surpris. Il avait noté que tu étais bon dans ce que tu faisais, même très bon. Un talent que tu semblais avoir, du moins c'était la sensation qu'il avait à cet instant. À l'annonce de la montre à gousset, il se demanda s'il devait te préciser avoir toujours celle que tu lui avais préparé...Peut-être à un autre moment, pour le moment il appréciait simplement t'écouter sans t'interrompre. Il apprit ainsi que tu avais failli avoir une famille tout comme lui, mais que tu avais tout perdu...avant d'en trouver une au sein de la musique. Le fait que la chanteuse soit morte le toucha, car au final la mort et la vie s'étaient jouxtées dans vos deux vies séparées...l'unique différence était que l'art venait te sauver alors que lui s'était condamné en reprenant l'affaire familiale.

Il se redressa pour s'asseoir comme tu l'avais fait avant lui. Ta demande était murmurée, comme si tu craignais ce qu'il pourrait bien t'avouer. De son côté, il trouvait cette posture d'amis plus facile à gérer pour ainsi venir se confier. «Je suis désolé que tu aies connu la perte d'un enfant et de la femme que tu aimais...ainsi que de ta chanteuse.» C'était des sujets qui le touchaient de trop près pour qu'il s'y montre insensible. «J'ai beaucoup d'amants...bien souvent des différents...mais tout cela n'est qu'une répercussion de rêves écroulés.» Il sortit son paquet de clope, en sortit une tout en continuant de s'exprimer, le regard pas mal dans le vague. «Je voyage énormément...alors ce rêve là, je pense l'avoir atteint.» Un maigre sourire, en souvenir de tous les pays qu'il te disait déjà autrefois vouloir visiter. Il y était bel et bien parvenu. «Mais j'ai abandonné celui d'avoir une famille depuis que...» Son regard croisa l'alliance toujours à son doigt, tandis qu'il amenait la clope à ses lèvres. Il prit une grande bouffée, expulsa la fumée dans une direction opposée à toi, avant de continuer. «Elle attendait notre enfant quand elle est morte.» Son cœur se contracta. Il détestait parler de ça encore sept ans plus tard. À cet instant son regard te fuit totalement, tandis qu'il tire à nouveau sur la clope. Il ne laissera pas les larmes lui venir. Ridicule. «Depuis ma vie a changé...je suis venu m'installer ici, reprenant l'entreprise familiale que je ne savais pas que ma famille avait...» Parler sans jamais donner trop de détails. Il ne pouvait pas mentionner la trahison qu'il a ressenti de la part de ses parents, alors il poursuivit: «J'ai donc arrêté de rêver...» Enfin son regard retrouva refuge dans les tiens. La clope restait entre ses doigts, se consumant doucement...il n'avait plus besoin d'elle. «Et c'est là que t'es réapparu.»

Il te racontait cela sans réellement savoir qu'en penser. Il ne croyait pas aux signes, encore moins au destin... «Tu te souviens de ce que tu m'avais dis à la galerie face à ce tableau?» Tu avais parlé d'âme-sœur. Il n'avait jamais voulu croire à cela, car son cœur avait déjà bien trop souffert pour supporter le fait qu'il ait abandonné son âme sœur. À savoir toi. «Ce tableau je l'ai peins moins d'un an après notre séparation...J'essayais de me convaincre d'avoir fait le bon choix.» De donner du sens à ce qui n'en avait pas à ses yeux. Écrasant la clope contre la semelle de sa chaussure, il poussa un soupir avant de se réallonger totalement. Il n'aurait pas du parler de tout ça n'est-ce pas? «Le ciel est fabuleux...» Pouvez-vous réellement juste regarder les étoiles? Allais-tu le laisser s'échapper alors même qu'il venait d'aborder par lui-même cette époque où vos chemins se sont séparés?

À fleur de peau. Tu l'avais toujours été. Bien plus que celui au final. Tes paroles venaient le lui prouver s'il en avait encore besoin. Difficile de le quitter? Comment pouvais-tu être encore attaché à lui après toutes ces années? Après tout ce qu'il t'avait fait subir? Il se souvient parfaitement de la manière froide qu'il avait eu de te mettre de côté. Comme si tu n'avais jamais été important pour lui. Allant jusqu'à dire qu'il ne t'avait jamais aimé. Il lui fallait bien ça. Pour pouvoir te quitter. Nier ce qu'il ressentait réellement. Il était devenu maître dans cet art. C'était bien plus facile à gérer comme ça. Il ne se doutait pas des affres intérieures que tu vivais. Pour lui tu avais débarqué en pleine nuit et vous avez fini au lit. Parce-que c'était tout ce qu'il était apte à te donner à ce moment-là. Mais maintenant? Les choses étaient légèrement différentes. Il avait discuté avec sa sœur qui lui avait mis l'évidence sous le nez. Il tenait à toi. Il n'avait jamais arrêté, mais sa vie était rangée et pleine de voyages. Pas le temps de penser à toi. Sauf tard le soir quand il reprenait la montre à gousset dans la main et qu'il se questionnait sur ta vie. Maintenant cette dernière n'était plus un mystère et le parallèle - cette possibilité de devenir père qui ne s'est pas faite - venait bouger des choses en lui qu'il ne s'expliquait pas vraiment.  À croire que le destin avait toujours été présent entre vous, à distance. À croire que ce fameux fil rouge vous a toujours relié en toute inconscience de votre part.

Il y avait toutefois eu des femmes dans vos vies. Il ne se doutait pas que tu ne l'avais pas vraiment aimé. Il avait appris à écouter sans déranger. C'est ce qu'il avait fait. Ne venant pas titiller un point qu'il pensait naturellement sensible, comme cela l'était pour son ancienne épouse. C'est aussi naturellement qu'il te parla de ses amants. Parce-qu'au final vous parliez comme des amis, c'était la close entre vous. C'était ce qui l'amenait à être aussi à l'aise même si l'appel des corps était bien présent. Il n'avait pas réfléchis à sa vie sentimentale depuis la mort de sa femme. Avoir des amants était une façon de vivre facile, qui ne l'amenait pas à se poser de questions. Il y en avait qu'il préférait à d'autres, mais n'avait jamais poussé la relation à autre chose que du sexe. Parce-que les sentiments ça compliquaient tout. Le sexe au moins c'était simple, parfois même expéditif. Il ne pensait pas pouvoir te blesser avec ces mots. Il ne voyait pas le mal à te dire ce qu'il en était, bien qu'en effet, de ton côté tu ne lui parlais du petit copain qu'il savait que tu avais. Libre. Il l'était pas mal dans sa vision de la vie à cet instant. Peut-être est-ce ainsi dans votre relation? À moins que tu ne lui cachais les choses? Pour le moment cela n'avait pas d'intérêt d'en parler, vu que tu n'apportais pas le sujet par toi-même.

C'est lui qui se mit à parler de votre relation à tous les deux au final. Il comprit à ton regard que tu t'en souvenais parfaitement. Il se doutait que cela t'avait marqué autant que lui. Sans doute même davantage que lui. C'était ce qui t'avait amené chez lui cette nuit-là, celle qui t'avait amené à vouloir être ami avec lui...cette rencontre était l'étincelle qui remontait le long d'une traînée de poudre. Allez-vous exploser au final? Est-ce que votre relation n'est du qu'à se détruire tôt ou tard de par son intensité? La beauté du ciel étoilé l'apaisa. Un bref instant. Tu n'allais pas le laisser changer de sujet aussi aisément. Ta façon de venir te blottir contre lui, tes lèvres venant frôler sa peau à différents endroits de son visage lui firent pousser un léger soupir. Il était toujours partant quand il s'agissait de toi. Il n'était pas autant de marbre que son regard parfois acéré pouvait le laisser croire. Naturellement son bras t'enlaça, sa main se portant sur ta taille, tandis qu'il écoutait ton murmure. Ton vœu. Qui semblait de vouloir retenter quelque chose avec lui. Te rendais-tu compte de ce que tu venais lui demander? «Pourquoi souhaites-tu tant que ce fil ne soit pas brisé Gwenegan? N'es-tu pas heureux en amour?» Il se devait de te poser la question. Il ne pouvait venir briser ta vie à nouveau. Déjà par le passé, en te disant que tout était fini. Et maintenant...en te disant quoi au juste? Il se croyait bien plus brisé qu'il ne l'était. Il savait sa position dangereuse...pouvait-il être égoïste? «Si tu veux savoir si je ressens encore quelque chose pour toi...je serai incapable de te le dire.» Mal à l'aise. Il ne savait pas parler de ces choses. Il craignait de dire des choses qu'il regretterait plus tard. Que tu regretterais d'avoir entendu. «Tu ne me laisses pas indifférent en tout cas, sinon je ne serai pas venu.» Ses actes parlaient bien souvent plus pour lui que ses mots. Son visage se baissa légèrement, tentant de te regarder, espérant que tes yeux viendraient rencontrer les siens. «Je ne t'ai jamais oublié.» Une façon de te dire qu'il t'a toujours aimé. Mais tu n'y croiras pas n'est-ce pas? Parce-qu'il t'avait menti autrefois. Aujourd'hui il choisissait la vérité. L'accepteras-tu?

Maladroit. Rouillé. Sans doute tout cela à la fois. Il avait peur au final. De ce que ses paroles pourraient soulever en toi. Il la connaissait ta passion dévorante. N'est-ce pas en raison d'elle que vous êtes au milieu de nulle part en ce soir? Il avait cru toutefois que tu disais la vérité en précisant vouloir être ami. Que c'était une réelle invitation à y aller doucement. Pourtant, Nyx au fond de lui sentit que tu étais déçu par ses paroles. Il y a d'autres façons d'amener les choses. Lawrence ne réagit pas aux paroles de la déesse. Il ne parlait pas de ton physique. Il ne parlait pas de cette attraction-là. Il n'imaginait pas que tu pouvais mal le prendre. Il avait de la difficulté à dire ce qu'il ressentait, alors prétendre que tu puisses ressentir telle ou telle chose, c'était bien au-delà de ses capacités. Sincérité. C'était ce qu'il s'efforçait de t'offrir. Cela serait si simple de te mentir. De te faire fuir. Il l'avait fait l'autre nuit. Trop brutal. Par bien des façons il l'avait été. Et il avait eu le contre-coup. Il avait senti une douleur qu'il ne pensait pas pouvoir revivre dans ce domaine-là. Jusqu'à quand pourrait-il se mentir à lui? À croire qu'il n'y avait rien entre vous. Si cela avait été le cas, il te l'a dit, il ne serait pas venu. Des mecs avec qui il s'entend physiquement il en avait...toi c'était autre chose. Cela avait toujours été autre chose.

Réaction. Vos regards se lovèrent. De façon brève. Avant que tu ne prennes un peu de hauteur afin de mieux pouvoir le contempler. Lui parler. Lui dire des choses comme cette autre fois dans le bureau. Pourquoi fallait-il que tu débordes d'émotions tandis qu'il les contrôlait tant!? L'information passa. Je t'aime plus que n'importe qui d'autre. Son regard cilla. Comment cela pouvait-il être possible? La presse en a parlé, tu as quelqu'un dans ta vie, officiellement. Cela ne signifiait donc rien? Nyx se permit de mettre l'accent sur son propre couple. Un couple qui avait duré, mais qui n'a jamais été à la hauteur de celui qu'il avait su pouvoir avoir avec toi. Il avait toujours mis cela sur le dos des fantasmes. C'était bien plus simple d'imaginer une vie avec quelqu'un, que de la vivre. C'était toujours bien mieux, n'est-ce pas? Mais que dire de cet amour qui ne semblait ne jamais avoir flanché. Que dire de cette souffrance qui perlait toujours dans ton regard...de sa faute? Il leva une main afin de caresser ton visage. Il sentait son cœur s'affoler, ne sachant pas s'il était prêt à t'offrir une réponse aussi franche que tu la voulais. Toutefois il souhaitait te répondre. Il te le devait. Il ne voulait plus que tu souffres pour lui. Il espérait ne pas te mentir. C'était si délicat à déterminer la différence entre la vérité et l'avenir. Parce-qu'il n'était pas devin et toi non plus.

Finalement il se redressa de façon à venir se saisir de tes lèvres. Gagnait-il du temps? Il en avait eu envie. Il aimerait que ses baisers apaisent ton cœur. Il aimerait que tu ne te poses pas tant de questions à son contact. Au final, il te relâcha, toujours sur le dos mais venant s'ajuster en posant ses coudes contre le sol ainsi que ses avants-bras. Il était ainsi plus surélevé que précédemment. Sans te quitter des yeux, il laissa filer quelques paroles: «Tu n'as donc pas compris n'est-ce pas?» Son regard se perdit dans l'horizon. Il allait se montrer le plus honnête possible pour répondre à ta question. Il espérait simplement que tu ne t'enflammes pas, que tu n'essayes pas de l'accaparer, de lui en demander plus qu'il ne le peut actuellement. Soupir. Encore un. Mais rien à voir avec ceux qu'il pousse sous le plaisir que tu lui offres. «Tu me demandes s'il reste de la place dans mon cœur pour toi...» Il parlait très lentement, pesant l'impact de chacun des mots à l'intérieur de son être. C'était dur pour lui d'exprimer ce qu'il a toujours gardé secret. Ce que personne ne devait savoir, surtout pas toi. Parce-qu'il craignait ce qu'il pourrait se passer par la suite. Il tourna légèrement le visage afin de pouvoir te regarder. «Tu as toujours eu ta place dans mon cœur Gwenegan. Rien, pas même toutes ces années t'en a retiré.» Ne lui en demande pas plus. Surtout pas. Il avait su te tenir loin de lui pendant toutes ces années alors qu'il n'avait jamais cessé de t'aimer. Il saurait le refaire si la peur prenait le pas sur tout le reste. Souviens toi: il est bien plus brisé que tu ne peux l'imaginer. Parce-qu'il ne t'a pas tout dit. Tu ne sais pas tout.

C'était difficile. Pour tous les deux. Il en avait conscience. Il n'était pas aussi aveugle qu'il pouvait le laisser paraître. Il se doutait que ta vie devait retenir sa respiration par sa faute. Par son unique présence. Il doutait toujours de mériter autant d'attention. Que tu puisses autant le soutenir, être à l'écoute alors que votre relation remontait à des années. Tu restais un mystère par bien des façons pour lui. Autrefois horloger, aujourd'hui une star montante, et pourtant tu ne l'avais pas oublié. Lui aussi n'était pas en reste il fallait dire. Autrefois archéologue et mari dévoué, il était leader d'une organisation criminelle et changeait d'amants comme de chemises. Du moins jusqu'à ce que tu reviennes dans sa vie. Que cela vienne le questionner sur sa façon de mener sa barque. Il ne pouvait contrairement à toi, vouloir un avenir. Initialement il voulait finir en prison. Tu n'étais pas dans ses plans et il se doutait que si cela arrivait cela te ferait mauvaise presse. Alors il préférait profiter de l'instant, faisant tout de même l'effort de ne pas te laisser dans le flou. Et s'avouer à lui-même au passage que tu comptais plus que son attitude suite à cette première nuit ensemble. Il voulait voir cette soirée comme vos réelles retrouvailles. Son regard ne fuit pas le tien suite à son aveu. Tu viens porter tes mains sur son visage et ta douceur l'amène à suivre le mouvement que tu viens opérer. Le baiser qui finit ce dernier portait une plus grande douceur que celle offert par l'archéologue précédemment. Il laissa tes mains se glisser dans ses cheveux, comme il posa la sienne au niveau de ta nuque pour accompagner le baiser.

Merci. Le regard du roux frémit un instant face à ce simple mot que tu lui soufflas. Il sut y lire, en effet, tout le soulagement que cela t'offrait. Il te le devait. Il en avait ici la conviction. De son côté il ne put qu'offrir douceur et un certain apaisement qui semblait vouloir se poser en lui. Il n'avait pas besoin d'en savoir plus de son côté. Il savait comme tu pouvais t'enflammer, parfois pour un rien à ses yeux, et ici il comprenait que sa réponse te suffisait. Il te laissa échapper à son être en t'allongeant de façon plus solitaire à côté. Il t'observa, nota ton sourire, et cela en apporta un sur son visage. Finalement, il prit la même position que toi, ses yeux ne fuyant plus à travers les étoiles, mais les regardant réellement. Il ne chercha pas le contact physique. Il avait toujours la sensation de porter quelque chose de trop lourd en son cœur. Il n'aimait vraiment pas parler de ce dernier, mais il n'avait en réalité pas vraiment le choix maintenant que tu étais là. Puis cela faisait sept ans que lui dirait sa sœur. Trop longtemps qu'il avait fermé son cœur. Mais toi, tu en avais toujours eu la clef. «Parle moi de ton avenir maintenant...» Votre relation était éludée non? Il n'y avait plus de tension n'est-ce pas? C'est ainsi qu'il sentait les choses et il avait réellement l'envie de mieux connaître le Gwenegan d'aujourd'hui. «Qu'est-ce qui est prévu? Vous partez en tournée à travers les États-Unis? Tu en sais un peu plus là-dessus?» Il tourna son visage vers toi, avant d'ajouter. «Tu te sens prêt à rencontrer tes fans? À être sur la route pendant un moment?» Il ne s'inquiétait pas que vous ne vous voyez plus pendant une période de temps. À dire vrai, il savait désormais que votre lien a tenu sur des années sans un contact...qu'est-ce qui pourrait bien définitivement le briser? Même si pour le moment il est loin d'être défini.