I lost my shoe. || Ft. Ariel

Tu ne sais pas trop pourquoi tu es là. Franchement, qu'est-ce qui t'es passé par la tête pour accepter de venir ? T'es pas associale, mais tu n'es pas très à l'aise quand il y a trop de monde que tu ne connais pas. C'est encore pire, parce que là, tu ne connais absolument personne. Ou presque. Tu as voulu faire plaisir, montrer que tu pouvais sortir de ton cocon de temps en temps, mais là, tout de suite. Tu regrettes pas mal. Tu n’es pas à ta place, ici. Tu n’as rien à avoir avec ces mecs qui n’ont qu’un seul objectif : être le plus bourré possible avant la fin de la soirée. Tu ne parles pas de ces couples - ou non - qui passent leur temps à se manger la bouche. Non, décidément, ce n’est vraiment pas une ambiance pour toi. Tu allais partir, au pire t’as au moins fait l’effort de venir. C’est déjà bien, non ?

Sauf qu’il faut qu’un mec, passablement alcoolisé de toute évidence, te tombe presque dessus. Sérieusement ? Comment est-ce que l’on peut perdre une chaussure ? C’est quand même le genre de choses que l’on remarque, non ? « J’vois ça  » que tu réponds simplement. Parce qu’effectivement, tu le vois, mais qu’est-ce que tu es sensé dire d’autre ? T’as pas l’intention de partir à la recherche d’une chaussure maintenant. Surtout que t’as aucune idée de l’endroit où il aurait pu la perdre. T’es pas d’humeur à la chasse aux chaussures. Il te parle de quelqu’un qui t’a piqué ton verre. Tu te contentes de hausser les épaules. « J’ai juste envie de rentrer chez moi  » tu joues la carte de la franchise, parce que c’est vraiment ce que tu as envie de faire. Ce n’est pas ton monde tout ça. Il y a trop de bruits. C’est épuisant. «  Toi, t’as pas eu ce problème, à ce que je vois » parce que clairement, si on lui a piqué son verre, il a dû y aller à la bouteille. On n’est pas dans son état en suçant des glaçons.

— Ce que tu peux être coincé... — qu'une voix lâche, bien au chaud dans ton crâne. Gemini est de retour. Tu t'en serais bien passé. Cette soirée est déjà assez pénible comme ça. Puis, t'as ce mec bourré — Il profite lui au moins, t'y as pensé ? — tu ne vois pas vraiment l'intérêt de boire jusqu'à ne plus savoir où tu mets tes chaussures. Tu arques les sourcils, quand tu le vois jeter sa dernière chaussure au loin. Sérieusement ?

L'autre te demande si tu cherches une raison de fuir. Il va jusqu'à te demander ce que tu fais là. « J’adore voir des mecs bourrer perdre leurs chaussures... on peut dire que c'est une passion chez moi.  » Les mots sortent de ta bouche, sans même que tu puisses les retenir, habité d'une énergie que tu ne te connaissais pas. — Ça s'appelle du sarcasme, ça, gamin. T'es peut-être pas un cas si désespéré que ça... — depuis quand t'es sarcastique, toi ? C'est juste que tu n'as pas envie de te justifier. Aussi peut-être parce que t'es pas certain de ce que tu fais là. Certainement que tu voulais faire plaisir à Youri, mais il t'a abandonné à ton pauvre sort. De toute évidence, ce n'est pas la meilleure idée que tu as eu. Tu ne sais pas t'adapter à ce genre de situations. La foule, ce n'est vraiment pas pour toi et les gens bourrés, encore moins. « Tu trouves que ce que tu fais est plus... productif ?  » parce que t'y vois rien de bien productif là, il est même plus capable de savoir où il a mis sa chaussure et son verre aussi. « Je n'aime pas les fêtes, je ne vais pas me forcer  » que tu réponds à ses "conseils". Tu y réfléchiras à deux fois, avant d'accepter une invitation de Youri. Tu lèves les yeux au ciel, quand tu le vois se débattre avec sa chemise. Il arriverai presque à t'arracher un sourire.

Tu le laisses coincé comme ça, quelques instants. Juste parce que tu estimes qu'il mérite de galérer un peu. Ça lui apprendra à vouloir te dire comment passer tes soirées. Tu acceptes quand même de l'aider. « Gigote pas comme ça, tu fais pire que mieux  » n dirait une sorte de verre de terre bien étrange, coincé comme ça « Je ne te connais pas, mais t'as l'air d'être un sacré boulet quand t'as un verre dans le nez  » que tu ne peux t'empêcher de lâcher, en le libérant, en tirant sur la chemise pour le laisser respirer correctement. « T'as l'intention d'abandonner tout tes vêtements comme ça ?  » que tu ne peux t'empêcher de demander. Non, parce qu'il a commencé par les chaussures et maintenant la chemise. S'il a l'intention de finir nu, t'aimerais qu'il te préviennes pour que tu puisses partir d'ici le plus vite possible.

Tu aurais mieux fait de rester chez toi. C’est ce que. Tu ne cesse de te répéter depuis que tu es là. T’aurais préféré rester chez toi, à dessiner, plutôt qu’à faire tâche dans ce décor onirique - ou presque. Seulement, tu sais que ce n'est pas une bonne chose de jouer les ermites trop longtemps. Puis, y a ce mec qui débarque, complètement bourré, de toute évidence. Il l’est forcément, puisqu’il a paumé sa chaussure et ne se souvient plus de l’endroit où ça a eu lieu. Clairement, il ne tourne pas uniquement au soda sans sucre. Il arrive à se bloquer dans sa chemise et peut-être que tu aurais dû le laisser se débrouiller tout seul, mais tu acceptes tout de même de lui venir en aide. Tu lui demandes d’arrêter de gigoter dans tous les sens. Il a vraiment l’air ridicule. L’alcool ça a vraiment de drôles d’effets sur les gens. Heureusement que le ridicule ne tue pas. Il aurait été foudroyé depuis longtemps, sinon.

Tu fronces les sourcils et secoue rapidement la tête de droite à gauche, quand il te demande si tu veux l’aider à enlever ses vêtements. Non, bien sûr que non. Pourquoi tu voudrais ça ? Il rit et tu soupires. « C’est une façon de voir les choses » que tu réponds, quand il te dis que de toute façon, quitte à porter un truc transparent, autant être nu. T’es pas sûr de partager cet avis, mais de toute évidence, tu es bien plus pudique que lui.

Il se présente. C’est vrai que vu comme il a débarqué, t’as pas pensé à lui donner ton prénom. De toute façon, tu doutes qu’il s’en souvienne demain matin. Ou peut-être même dans dix minutes. Seulement, t’as de bonnes manières et tu ne sait pas t’en dépêtrer. Ça fait certainement partie du problème. « Ariel et évite de mourir ce soir, ça gâcherai l’ambiance. » que tu réponds, t’essayes de faire de l’humour. C’pas toujours un succès, mais c’est en essayant que l’on sait, non ? Ce Leslie veut savoir ce que tu fais là, si tu n’aimes pas les fêtes. Bonne question. T’as voulu faire plaisir à Youri. T’as voulu essayer de jouer les gamins normaux. Un fiasco. « Je me suis laissé convaincre… » que tu réponds simplement. Parce qu’au final, c’est ce qui s’est passé. T’as laissé Youri te convaincre de le suivre jusqu’ici. Résultat des courses, il a disparu et tu te retrouves à discuter avec un inconnu, torse et pieds nus. Drôle de soirée. « Il est parti par-là » tu indiques une direction de la main, vaguement. « Peut-être qu’il a fini trempé comme toi et qu’il essaye de se sécher quelque part. » t’y crois pas trop, mais après tout t’en sais rien. « Puis, il est loin d’atteindre le niveau de la reine de coeur » il a pas essayé de tout repeindre en rouge. T’aimais bien lire Alice, quand t’étais gosse. « J’avais pas envie de rester seul chez moi, de toute façon. » tu le fais bien trop souvent et à la longue, ça devient pesant. T’as besoin de découvrir d’autres choses que les murs de ta piaule d’adolescent. — Ce n’est pas faute de le dire… — tu préfères faire comme si tu n’avais rien entendu « Et toi, t’étais là pour improviser un strip-tease ou t’avais d’autres plans en arrivant ? » que tu demandes, le plus naturellement du monde. Tu doutes du fait qu’il avait prévu de se retrouver à moitié nu comme ça, mais tu ne le connais pas, il a peut-être des penchants naturiste ou quelque chose comme ça. Tu devrais peut-être penser à prendre tes distances, si c’est le cas. T’as pas envie de te retrouver face à un inconnu sans rien sur le dos, dans les prochaines minutes.