Folie furieuse [PV]

Un courriel - je te connais - il l'ouvre et découvre ta proposition. Faire partie de ton émission. Tourner une vidéo sur ses virées nocturnes. Venir sentir l'adrénaline provoquée par les courses automobiles. C'est tentant - j'ai envie que tu viennes - mais ça demande quelques précautions. Tu les connais. Flouter son visage. Préserver son anonymat. Tu n'es pas dupe - j'aime ça. Après tout tu n'es pas un débutant. Il adore regarder tes vidéos. Il adore voir que tu n'as pas froid aux yeux. Que tu t'abandonnes à la vie, comme lui le fait tout aussi souvent à sa façon. Il n'a pas peur pour toi - il n'a déjà pas peur pour lui - il t'admire. Ses doigts pianotent sur son clavier. La réponse est envoyée. Positive. Les courses, de par leur illégalité, se décide en dernière minute. Il te le précise. Normalement il y en aura une samedi prochain. Le lieu est envoyé à la toute dernière minute. Rien que ça, provoque un semblant de vie en Ruben. Il a déjà hâte de sentir le cuir du volant, l'acuité visuelle s'amplifier pour ne pas risquer d'accident. Ou pour le risquer... Il a toujours été chanceux, certains disaient expert, mais en cinq ans, rien. Il était toujours intact et sa bagnole aussi.

Le fameux samedi soir arrive. Il a sa ligne cryptée. Là où lui sera envoyé le lieu de rendez-vous. Il est déjà minuit. Il t'a prévenu. Ça se décide en dernière minute. Tard. Parfois très tard. Il reçoit l'emplacement. Il t'envoie un courriel. Codé. De façon à ce que l'information le soit. Il te demande de bien effacer ce courriel, de bien vider ta corbeille. Parano. Tu dois croire qu'il l'est. C'est vrai en partie. Déformation professionnelle oblige. Ne l'oblige pas à venir vérifier par lui-même que tout a bien été effacé. Il a le hacking facile. Il va au parking. Il entre dans sa ford mustang tunnée. Il a fait en sorte de garder ses lignes sobres, même si la bagnole envoie du lourd. Ce n'est pas que pour frimer. C'est aussi la vérité. Le moteur est puissant. Il a toujours investi là-dedans. Il entend encore son père qui lui disait que c'était des conneries. Qu'il dilapidait son argent. N'est-ce pas plutôt sa vie qu'il dilapidait? Histoire de valeurs. Peu de personne comprennent son comportement. Peu d'entre elles viennent gratter au-delà des tatoo. Elles se sont faites une idée de lui, et c'est parfait comme ça. Mensonge. Il aimerait être vu pour autre chose que ses frasques, prises de risques et originalité. Cela est déjà arrivé. Mais ça finit toujours mal.

Bronzeville. Quartier où il ne met jamais les pieds sauf pour des courses. L'emplacement est un croisement de rues. Il y a déjà foule, les fans habituels. La musique à fond. Des "fans" reconnaissent sa voiture tandis qu'il vient se positionner à côté de son concurrent. Ce dernier est déjà sorti de son véhicule, parle à quelques personnes. C'est habituel. Il y a un côté très festif. Le monde danse calmement, les yeux rivés sur les bagnoles. Ruben prend une profonde respiration - j'ai toujours autant de mal face à la foule - et sort du véhicule. Des cris s'élèvent pour le saluer, et il lève la main tout en esquissant un léger sourire. Un débardeur noir souligne la finesse de son allure. Ses bras laissent autant voir ses tatoo qui apportent la touche de couleur à sa tenue, que sa musculature fine et acérée par bien des aspects. Son regard 'un bleu saisissant arpente la foule jusqu'à te reconnaître. Il te fait un signe pour que t'approche - je dois rester près de ma bagnole - et un léger sourire t'accueille, tandis qu'il vient te serrer la main. «Je suis vraiment heureux de te rencontrer.» C'était vrai. Il n'était pas du genre menteur. «Ta vidéo sur le base jump...M'a clairement donné envie d'essayer!» Tout ce qui pouvait venir faire décrocher son cœur l'intéressait.  Son regard lâcha les étincelles du tien pour se porter sur la foule, certaines personnes l'appelant par son pseudo: «La flèche.» Il les salua à nouveau, avant de se tourner vers toi: «T'as déjà participé à ce type de course?» Il écoutait avec attention ce que tu venais lui dire: «Habituellement j'ai un coéquipier...ici tu vas être occupé à filmer, mais si jamais il y a un piéton ou un bordel de ce type qui apparaît, hésite pas à me le signaler. Habituellement je vois tout, mais c'est une sécurité supplémentaire. Aussi.» Il ouvrit la porte côté passager du véhicule et en sortie un talkie walkie. «Tu devras gérer ça. C'est par là qu'on me donne la direction de la route. Souvent, je vais savoir que je dois tourner à droite ou à gauche en toute dernière minute. Il y a un gars qui nous guide...Mais c'est donc aussi par là qu'on nous signaler s'il y a des patrouilles de flics etc...» Il faisait clairement ses 25 ans avec sa dégaine très simple et qui en même temps lui donnait un air sensuel. De cette sensualité que revêtait les motards. Pourtant, quand il te parlait de la course, il était clairement confiant dans le processus. «T'as des questions?»

Ce n'était plus qu'une affaire de minutes avant que la course ne doive débuter.

Concentration. Il l'avait déjà alors que vous veniez de vous serrer la main. Il note à peine ton regard qui parcourt ses traits - mes tatouages attirent toujours l'attention - simplement car il ne s'est jamais trouvé beau. Il a tout fait pour cacher ce corps qui ne te laisse pas indifférent. Tout ce qui compte c'est ce cœur qui bat. Qui battra plus fort encore. Qui éclatera peut-être un jour. Il s'en fout. Il est heureux que tu sois là. Il trouve tes yeux plus beaux encore qu'en vidéo - ce n'est pas un truc à remarquer à cet instant - alors le sujet est de suite sérieux. Il apprécie ton professionnalisme. T'avais pas de question et tu semblais tout comprendre rapidement. Parfait. Il aimait quand les gens pouvaient le suivre. Il n'aimait pas les questions. Il n'était pas un gars si sociable, sauf quand l'adrénaline courait dans ses veines. Comme maintenant. Tu savais exactement de ton côté ce que cela était. Vous avez une passion commune, celle de la vie. Même si chez Ruben la mort avait une belle place. Son passé d'auto-destruction parlait pour lui. Mais quasi personne n'avait rien remarqué. Même en se droguant avec force, il savait gérer. Il était pire qu'une ordinateur des fois. Sauf quand les émotions s'en mêlaient. Il n'en voulait plus. «Carrément, ça me plairait beaucoup de t'accompagner.» Une occasion de frôler la mort et de se sentir en vie...Il ne la refuserait pas. Tu lui offrais ici la préparation de ton matériel. Il arqua un sourcil. Il aimait cela. Tout ce matos, toute cette expérience qui revêtirait une autre couleur car tu étais là. C'était jouissif. Sans doute pour cela qu'avant de rentrer dans sa bagnole, après que t'aies tout récupérer et confirmer que t'étais prêt, il se tourna vers la foule, leva les bras en l'air et hurla avec force, amenant ses fans à faire de même. Paradoxal. Il l'a toujours été. Il devenait difficile à cerner. Il s'en fichait.

Une fois installé à son siège, il te laissa installer tes caméras, les observant du coin de l’œil, mais continuant de garder son focus. Il enclencha la clef de son côté, venant faire rugir un instant sa bagnole, juste pour l'excitation de la foule et venir rehausser la présentation que tu offrais à tes followers de ton côté. Il ne put s'empêcher de tourner la tête vers toi. Entendre ce qu'il avait l'habitude de découvrir sur youtube, lui amena un léger sourire qui contrasta avec le tien plus franc face à l'excitation de la course. «Ce n'est qu'une question de minute maintenant.» Les mains sur le volant, il ferma un bref instant les yeux, la tête contre le dossier du siège, avant de prendre une posture plus engagée. Une femme habillée d'une mini-jupe et d'un décolleté à faire pâlir toute strip-teaseuse s'avança entre les deux véhicules, bien en vue. Elle tenait un drapeau dans chaque main. Ses bras se levèrent vers le ciel. Le pied de Ruben se faisait nerveux sur l'accélérateur. Ses bras formèrent une croix avec son corps avant de se diriger vers le sol. Le départ était lancé, au même titre que la mustang qui parti dans un fort vrombissement à la conquête de ce nouveau circuit illégal. Pour le moment le trajet était tout droit, tant qu'aucune indication ne provenait du talkie. Ce dernier ne mit toutefois pas de temps à cracher un «à droite now!» Ce qui amena Ruben à réagir au quart de tour, faisant patiner les roues arrière du véhicule, tandis que votre ceinture de sécurité vous aidait à ne pas être projetée contre la vitre opposée.

Les rues étaient étroites, ce qui vous amenait à être en contact presque direct à l'autre véhicule que vous ne dépassiez que d'un demi-capot pour le moment. La vitesse était quant à elle saisissante, vu que cette rue là était longue et droite. Le compteur marquait que vous rouliez à 140 kilomètres à l'heure. Ce n'était pas énorme en tant que tel...si vous aviez été sur une autoroute. Mais ici les murs étaient proches, les obstacles pouvaient arriver à tout moment. Le danger était réel. Mais rien dans le regard de Ruben ne démontrait une crainte. Rien en lui ne venait prouver que ce n'était pas simplement un jeu vidéo. Il était déconnecté de ce qui vous rendait le plus humain - la peur - et en même temps connecté à cette adrénaline qui lui donnait l'envie de ne jamais vous arrêter. «À gauche now» Pas le temps de freiner en douceur, la voiture donna l'impression de piler, alors qu'il freinait tout en tournant le volant. Le crissement que cela produisit fut assez tonitruant, mais il venait encore de gagner des secondes de plus sur l'autre conducteur dont la voiture commençait doucement à disparaître de votre vision direct, mais pas de vos rétroviseurs. C'était une des clefs dans ce genre de course: tout allait vite, alors toutes les secondes comptaient.

Il maintenait ainsi le volant d'une main de maître, sans avoir le temps pour autant de te jeter un coup d’œil. Il était persuadé que tu assurais et que tu prenais autant ton pied que lui, du peu qu'il avait pu te connaître à travers tes vidéos.

C'était la première fois qu'il avait un coéquipier qui commentait tout du long. Il ne pouvait réellement capter ce que tu disais. Son focus ne devait pas flancher. Ses pensées ne pouvaient pas se diriger vers toi. Il était primordial que les choses importantes soit dites en un voir deux mots avec une forte intensité. Sinon ce ne serait pas assez marquant pour son cerveau. C'est ainsi que tu vins crier "chat" comme dans les cours d'école. Mais ici c'était un vrai chat que l'acuité de Ruben capta sur la route, ce qui l'amena à faire rouler vivement son volant, faisant faire une embardée au véhicule mais laissant la vie sauve à l'animal. Il n'avait pas le temps de vérifier dans le rétroviseur. De plus il était persuadé de l'avoir évité. Pas le temps de te remercier ou de te jeter un regard. Son attention devait rester sur la ruelle que vous veniez de prendre. C'était une voiture derrière l'autre ici depuis que le talkie avait annoncé la droite comme direction. La victoire était évidente à cette instant précis de la course. Elle l'était si le conducteur vous menait jusqu'à bon port. Avec une telle vitesse, les choses pouvaient vite dégénérer. Mais il gardait constance, amenant même son moteur à presque atteindre les 180 kilomètres à l'heure sur cette ligne droite.

D'un coup, vous sortîmes de la ruelle, dans une rue bien plus large, rapidement, vous voyez la foule et la ligne d'arrivée où on avait allumé des feux de couleurs rouges. L'arrivée était une place étendue car il fallait bien ça pour arrêter le véhicule lancé à une telle propulsion. Sans surprise, la mustang dépassa la ligne d'arrivée sous des cris retentissant tandis que votre adversaire vous suivait de quelques secondes. Ruben lâcha enfin l'accélérateur tout en manœuvrant le frein en douceur. La voiture réagit pas mal rapidement et s'arrêta à cinq mètres de la foule qui commençait déjà se déplacer vers vous. Ruben sentit son cœur battre à mille à l'heure, un sourire énorme s'affichant sur ses traits, tandis qu'il lâchait le volant et poussait un léger cri pour tenter de faire redescendre cette adrénaline qui venait donner des nuances vertes à son regard. Il se tourna alors vers toi, ravi de lire sur ton visage la même joie sauvage que sur le sien, et il agit sans même réfléchir, mu par l'énergie qui courrait dans ses veines. Il vint déposer un baiser sur tes lèvres, pleine d'une fougue joyeuse. Cela ne dura que quelques secondes, et il n'en paraissait pas du tout gêné. Tu sais que ce genre d'expériences peut créer ce genre de situation sans qu'il n'y ait rien à y comprendre. Sans plus faire attendre ses fan, il te fit un clin d’œil et sortit du véhicule. C'était une autre forme de jouissance que de recevoir les cris de la foule, mais aussi toutes ces personnes qui venaient lui serrer la main, des femmes se presser contre son corps en une étreinte qui pourrait se transformer en plus si il en avait envie.

Mais c'était sans compter sur les flics. «Ils sont à deux rues d'ici! Dégageons!» Pas le temps de faire la fête. Ruben se tourna vers la mustang et te fit signe de remonter si tu avais eu le temps d'en sortir. Une fois à l'intérieur, il remit sa ceinture, actionna le frein à main et commença à rouler avant de prendre la parole: «Quand les flics débarquent comme ça, on a un point de ralliement pour continuer de faire la fête...ça te tente? Ou tu veux que je te raccompagne chez toi ou ailleurs? T'as sans doute mieux à faire non?» La mustang glissait tranquillement dans les rues de Chicago. Plus rien à voir avec la vitesse dont vous vous étiez enivrés précédemment. Ce qui faisait qu'il pouvait prendre le temps de te lancer des regards un peu plus long, ne réalisant vraiment pas qu'il était venu t'embrasser. Un sourire se porta sur ses lèvres en repensant à cette soirée. «T'as aimé ça au moins?» La course, cette forme d'adrénaline. Il n'en doutait pas vraiment, il se souvenait de ton sourire. Mais il ne fallait jamais supposer de rien, alors il était plus simple de te poser la question. «J'espère que ça ne gâchera pas trop ta vidéo le fait que cela n'a pu se faire en direct...à cause du floutage. Tu comprends...» Il tournait au feu vert avec une aisance manifeste, la mustang ne faisant aucun bruit. «Je n'ai pas vraiment envie de finir en tôle.» Tu devais t'en douter, mais connaissant tes vidéos, il savait comme celles en direct t'apportaient plus de visites.

Ne pas réfléchir. C'était une des choses qu'il arrivait le mieux à faire. Parce-que quand sa tête s'en mêlait, ça partait en cacahuète sept fois sur dix. Il avait agit sous le coup de l'adrénaline, étant bien loin de savoir si t'avais quelqu'un dans ta vie, ou si t'avais déjà embrassé un gars. Après tout, ça ne voulait rien dire. C'était instinctif. Dans un autre contexte, il ne t'aurait même pas approché. Bien trop réservé. Pas du tout le genre de gars dont tu pouvais te faire une idée au vue de l'activité que vous veniez de partager. C'était son ambivalence. Cette part que beaucoup d'ex lui avaient reprochés. Qu'il n'était pas que fêtard. Qu'il avait des ombres dans le placard. Le monde de la nuit n'était pas là pour prendre soin des uns et des autres mais pour s'envoyer en l'air. Il savait être comme ça. Il s'était même convaincu que c'était la meilleure chose pour lui et pour les autres. Il y avait les plans cul et les amis. Ça ne se mélangeait pas. Le couple? Il avait connu ça...mais ça finissait toujours mal. Donc clairement ici, il ne comptait pas revenir sur ce baiser ou prétendre quoi que ce soit sur toi. À dire vrai, quand il entendit que tu étais prêt à le suivre à cette soirée, il arqua un sourcil. Parfait. Il te lança un regard presque amusé: «Tu gères comme tu veux. Déjà que t'es venu...Je trouve ça génial!» T'avais pas idée d'à quel point il admirait la vie que t'avais choisi. Vivre ta liberté dans des endroits qui faisaient rêvés, à sauter, voler, peu importait! Tandis que lui, c'était les boîtes de nuits, les ordinateurs et les courses comme ce soir qui faisaient son quotidien. Tout était sombre, quasi solitaire malgré ce qu'on pouvait croire.

Un sourire s'agrandit sur les lèvres de Ruben. «Je pourrais te réinviter si tu veux.» Sans doute pas à chaque course, son coéquipier habituel le tuerait, mais au moins de temps à autres...Après, si t'aimes la vitesse, il pourrait aussi te proposer de sortir de la ville avec lui. Certaines routes de campagne étaient idéales pour faire pousser le moteur. Mais il n'avait aucune raison de te proposer ça. Vu le nombre d'activités que tu publiais sur ta chaîne, il se doutait que t'étais largement occupé. Pour le reste, t'avais bien compris. Il se devait de se préserver. T'avais pas de problème avec ça. Il continuait à manœuvrer calmement le véhicule bien en-dessous de ses capacités cette fois, vous rapprochant de plus en plus du lieu de rendez-vous.

Son regard reprit une teinte sérieuse. Celle de la concentration, humectant un instant ses lèvres tandis que vous parveniez dans la rue de la baraque qui allait vous accueillir en plein milieu de la nuit. Son regard se fronça légèrement à ta question, avant d'afficher un franc sourire: «Célibataire oui...» Il te regarda un instant, avant de reporter son attention sur la route: «Je ne suis pas vraiment le genre de gars avec qui on a envie de se maquer.» Parce-qu'il touchait à trop de choses illicites. Parce-qu'il n'y avait pas que de la joie au fond de ses prunelles. Mais lui que voulait-il? Surtout ne plus souffrir, ne plus trop ressentir au point de tout faire foirer. «Ça a pas mal d'avantages...t'en sais peut-être quelque chose?» Cacher ses abysses en venant te sourire. Ne pas te laisser voir les volutes de douleur qui aimaient à danser dans son regard. Te renvoyer la question d'une façon fluide et spontanée. En apparence.

Après ta réponse, la voiture s'immobilisa non loin d'une maison d'où la musique s'échappait avec force malgré l'heure tardive. Le quartier était vétuste, mais cela permettait à ce que personne ne veuille appeler les flics. «On va laisser ton matos dans le coffre.» Une sécurité. Tout comme son véhicule était totalement électrique et électronique afin de s'assurer que personne ne viendrait la lui voler à moins d'être un expert en code. Il te laissa ranger avec soin ton matériel, son regard en profitant pour mieux te détailler. Ta musculature semblait parfaite, ta peau parfaitement lisse. Quand le coffre fut refermé, il engagea le pas pour aller vers la maison. «Tu carbures à combien de nouveaux frissons par semaine? Tu te prévois au moins une activité, plus?» Curieux de ta façon de travailler. Une façon de briser la glace...parce-qu'il ne savait pas vraiment que dire. Il n'était pas le meilleur en interaction humaine.

Un connaisseur de liberté? Il partagea ton sourire tout en commentant: «Par bien des façons? J'ai l'impression que t'en connais des tonnes à ce sujet.» Amusement. Confirmation que son baiser n'avait pas du te déranger. L'air semblait se charger d'électricité - comme le bleu de tes yeux - au fur et à mesure que le trajet s'allongeait. Il savait que son excitation n'était pas totalement retombée. Habituellement, ce genre de soirée servait avant tout à ce qu'il se trouve quelqu'un, et qu'il profite de cette énergie. Il y arrivait seul. Mais pas cette fois. Tu étais à ses côtés, mais sans doute t'éclipserais-tu à un moment ou un autre pour profiter de cette liberté qui te donne un certain charme. En plus du reste qu'il constate quand tu ranges ton matos dans le coffre de la voiture. Il n'était pas insensible - j'avais tellement pas réfléchis tout à l'heure - mais il n'était pas le gars le plus entreprenant qui soit, sauf quand il pétait une coche. Rouler tranquillement en ville lui avait retiré cette fougue. Ce n'était pas grave. T'étais déjà sur lui à l'embrasser. Il eu juste le temps de fermer les yeux, sans même te toucher, pour savourer ce baiser soudain et qui s'arrêta tout aussi vite. Ses yeux turquoise plongèrent dans l'océan des tiens en une expression légèrement surprise. Au moins savait-il que son baiser avait été bien reçu. Ne sachant quoi dire après ça, se rendant bien compte sur sa peau que tu ne le laissais pas de marbre, il enchaîna avec une question qui n'avait pas rapport.

Cela lui permit d'essayer de penser à autre chose qu'à recommencer à t'embrasser. C'est ainsi qu'il rangea ses mains dans ses poches, tout en écoutant attentivement ce que tu lui racontais là. Son regard se faisait aussi un brin interrogateur, se demandant si t'étais du genre à souffler le chaud puis le froid. Si Isaure avait été là, elle lui aurait dit qu'il fallait que vous appreniez à mieux communiquer. Cette pensée lui arracha un sourire. Clairement, les gars qu'il rencontrait ne voulait pas parler avec lui. Il trouvait presque cela normal. Son père n'arrêtait pas de lui dire à quel point il ne le comprenait pas. À quel point il ne comprenait pas que son génie de fils brûle sa vie au volant de bagnole, à mixer pour des idiots en boîte de nuit, ou encore ruiner ses yeux devant les ordinateurs. Alors que des étrangers veuillent essayer de le connaître, pire, de le comprendre...il ne l'attendait pas.

Arrivés devant la porte, vos regards se croisèrent à nouveau tandis que tu lui laissais le soin d'ouvrir. Encore un sourire, tandis que ses yeux venaient de flirter avec tes lèvres. Cette fois-ci, il sembla à deux doigts d'arrêter de tourner autours du pot - à savoir toi - quand la porte s'ouvrit d'elle-même sur un fêtard avec deux bières à la main. Il vous en fourgua chacun une tout en s'exclamant «Enjoy les gars!» Il lança un supra hurlement, avant d'aller se griller une clope. Cela revigora Ruben, qui te lança un regard allumé tandis qu'il te lança: «Suis moi!» Il aurait pu te prendre la main, mais ce n'était clairement pas son genre. Pas quand il y avait trop d'inconnues dans l'équation. Malgré lui, un doute subsistait, t'avais peut-être pas la même idée en tête. En tout cas il s'engouffra dans la foule dansante, fumante et alcoolisée, se frayant un passage jusqu'à l'escalier tout en buvant au passage une gorgée de cette bière offerte. À certains moments il tournait son visage vers toi pour s'assurer que tu suivais, que tu ne t'étais pas fait alpaguer. À peine tournait-il le visage pour regarder devant lui, qu'une femme passa ses bras autours de sa nuque et vint l'embrasser sans prévenir. «Hola beauté, comment ça va?» Déjà il retirait ses bras de son cou, tout en poursuivant «Tu m'excuseras mais...je suis accompagné.» Il lui souffla tout doucement ces paroles, tandis qu'elle faisait une légère moue. Elle était plutôt belle dans son genre, longue crinière brune, des yeux d'un noir envoûtant...Peut-être que dans d'autres circonstances il l'aurait invité à se joindre à vous...mais pour le moment il ne connaissait rien à tes goûts.

La femme le dépassa et en arrivant à ta hauteur caressa du bout du doigt ton visage: «Chanceux.» Elle poursuivit son chemin, s'exclamant face à des personnes qu'elle semblait connaître. Une fois que Ruben fut assuré que vous puissiez reprendre votre chemin, il emprunta l'escalier et une fois à l'étage commença à actionner les poignées jusqu'à ce que l'une des portes s'ouvre sur une chambre inoccupée. Il était un habitué de cette maison...Toutefois, il ne pénétra pas dans la chambre et revint vers toi, se mordillant la lèvre inférieure avant de venir t'embrasser avec plus d'assurance que vous ne l'avez déjà fait, une main sur ta nuque, l'autre empoignant ta hanche. Si tu devais le laisser en plan à cet instant, il était prêt à le vivre. Être rejeté était une chose qu'il savait gérer.

La méfiance ne faisait clairement pas partie de Ruben qui déposa sa bière bien après y avoir pioché une gorgée. Il avait connu bien pire que les drogues qu'on aurait pu verser dans cette bière. En tout cas, il n'avait pas ce genre de pensées, n'étant pas vraiment responsable à ce niveau-ci, bien qu'il y avait un mieux considérable. Même si cela ne sautait pas forcément aux yeux vu les fréquentations qui restaient les siennes. Toutes ces personnes que vous avez croisé étaient clairement des connaissances, qui ne savaient que s'amuser ou acclamer sa capacité à se mettre en danger. Il avait essayé pourtant autrefois de se caler dans une relation, mais ces dernières étaient plus destructrices qu'autres choses. Souvent de son fait d'ailleurs, mais il avait préféré enterrer ces expériences et en commencer de nouvelles. Comme avec toi en ce soir. Juste un désir, un quelque chose que t'avait su allumer en lui. Il n'attendait pas plus, ne le voulait certainement pas non plus. T'avais été clair à ce sujet, il ne flancherait pas. Par contre, il n'avait pas réussit à arrêter son geste. Il n'avait pas réussi à se retenir. Il fallait avouer que ton message lui avait semblé clair et ce soir il n'avait rien fumé.

Le baiser se fit profond - tu ne me rejettes pas - le message avait été compris. Tes mains sur ses reins l'enjoignirent à se sentir plus en vie. C'est ça qu'il apprécia dans ce baiser. Avoir la sensation de retrouver les sensations de cette course que vous veniez de partager! S'il y avait bien une chose qui était claire ce soir, c'était bel et bien qu'il ne voulait partager ses draps avec personne d'autres que toi. C'est ainsi qu'il se laissa guider à reculant jusqu'à l'intérieur de la chambre, vos lèvres se détachant brièvement tandis que tu refermais la porte et que tu lui soufflais quelques paroles perdues. «Qu'est-ce que tu crois que je suis entrain de faire?» murmura-t-il en retour, tandis que ses prunelles prenaient un air clairement amusé. Il n'avait plus envie d'hésiter en cet instant, il revint tout contre toi avec lenteur - envie de profiter de l'instant - ses lèvres venant rechercher les tiennes tandis que son bras passait autours de ta taille pour t'amener tout contre lui. Il se doutait que t'en avais connu des hommes, sans doute des femmes aussi tout comme lui, mais il se faisait un devoir d'oublier toutes ces conquêtes quand il vivait une nouvelle première fois. Sentir ton corps contre le sien, sa main venant se perdre dans tes cheveux, vint lui faire oublier quelques instants à quel point il aurait voulu te dire que t'as des yeux magnifiques - tu te rirais de moi si je te le disais non? - alors qu'il avait bien conscience qu'on devait te le dire sans cesse.

Vos paupières closes, il avait la sensation de se perdre au sein de ce baiser, ne se préoccupant plus du bruit de la musique ambiante, et se mettant à nouveau à reculer pour se rapprocher du lit, sa main venant courir tout le long de ton dos.