Brain.exe not found (Arilo #1)

J’aime pas ce pantalon. Il te sert pas trop les parties toi ? L’autre lui jeta un regard en biais pendant que Milo s’évertuait à effectuer des semblants de squats, grimaçant allègrement à chacun de ses mouvements, maintenant un équilibre douteux sur ses deux pieds qui menaçait de le faire basculer à tout moment aussi bien en avant qu’en arrière. Je sais pas… ça respire pas. J’vais avoir les couilles toutes frippées j’crois. Un soupir accueillit cette dernière réflexion, et ce fut, cette fois, au tour de l’italien de lancer au dénommé Steven un sourire narquois et un brin moqueur. C’est quoi ton problème, Steven ? Tu te dandines depuis deux heures dans la salle comme une pédale et ça t’inquiète pas plus que ça ? On te les a coupé ou quoi ? Il n’obtint aucune réponse, summum même de la frustration. L’autre avait, de toute évidence, perdu ses couilles autant que sa langue.
Milo leva les yeux au plafond. Depuis la salle de pause qu’on leur avait attribué dans la baraque (salle de pause qui faisait ici probablement office de placard, mais qui pouvait aisément contenir son appartement entier) on pouvait entendre l’orchestre et le reste des festivités. Il avait, dieu seul sait comment, réussi à se faire embaucher, en extra, pour le traiteur censé organiser le truc. Il tira sur sa clope pendant que son collègue écrasait la sienne, surement pressé de quitter sa malheureuse compagnie. A tout à l’heure trésor ! Il avait mal à la tête. Il se trainait des migraines pas possible depuis quelques jours, il était claqué et il avait envie de vomir. Il savait pas trop d’où ça sortait, probablement qu’il avait encore tenté un mélange d’alcool improbable qui passait pas, ou bien que les effets secondaires des drogues qu’il s’enfilait commençaient sérieusement à s’amplifier. Il savait pas, Milo, et il s’en moquait. Il aurait pu être en train de couver un truc grave, tout ce qui comptait en cet instant, c’est qu’il avait vraiment. Vraiment. Envie de vomir. Le fait donc que Steven se décide à sortir de la pièce arrangeait bien ses affaires, puisqu’aussitôt la porte précipitamment refermée dans son dos, le brun s’approcha des meubles, cherchant du regard des boites ou n’importe quoi… il finit par ouvrir un tiroir pour, enfin, secouer d’un spasme nauséeux, y vomir toutes ses tripes. Une forte odeur envahit les lieux, et il aperçut dans le lot une des mignardises qu’il s’était enfilé dix minutes plus tôt, qu’il avait piqué sur un des plateaux. Le vomi, pensait-il, c’est comme le caca, ou comme la morve. On sait que c’est dégueu, mais on peut jamais s’empêcher de regarder ce truc qui est sorti de nous comme si on s’attendait à y voir un truc original. Notons bien que ce n’est jamais le cas. Les yeux rougis et hagard, il observa ce qui était à l’origine un mini club sandwich saumon le narguer avant de refermer le tiroir.
Cadeau. Se rallumant vite fait une clope, il ouvrit en grand l’unique fenêtre pour faire circuler l’air, prenant une grande inspiration. Au moins, il en avait pas foutu sur ses fringues, qu’il avait loué pour l’occasion à 20 dollars l’heure, et qu’il était censé rendre à la fin du service. Le goût dans sa bouche était horrible, il rêvait d’un bon bailey ou d’un whisky pour faire passer ça. A la place, il quitta la salle de pause d’un pas incertain à la recherche des toilettes. S’éloignant des lieux où les invités étaient rassemblés. Avec un peu de chance, il tomberait sur les cuisines et pourrait piquer une ou deux bouteilles. Il était chez un mec important, après tout. Un gars dans la politique, il avait pas trop bien suivi le speech de son « patron ». Mais en tout cas vu la taille maison, on remarquerait probablement pas l’absence, ni d’un serveur, ni de quelques objets par ci par là. Sur le chemin qui le menait, on ne sait exactement où, Milo chopa au gré de ses envies des bibelots qu’il arriverait bien à revendre à un certain prix ; dont un œuf de Fabergé, du moins ce qui y ressemblait. Même les copies de ces machins valaient chers, de toute façon. Le tout soigneusement rangé dans toutes les poches de ses vêtements trop serrés, il débarqua dans l’aile des chambres et tira d’une armoire un long manteau en cuir. Ce qui lui donnait l’occasion de voler encore plus de choses, puisque du coup, il avait à présent 4 poches supplémentaires à remplir. En plus, il lui allait bien, même si à choisir, il l’aurait préféré en fourrure. Il s’observa une seconde dans l’immense miroir qui ornait le dressing et haussa les épaules, retournant à son exploration.
Il s’étonnait de ne voir aucune caméra de surveillance. Ou alors, il y en avait et il était grave dans la merde. Le pire dans tout ça, c’est qu’il avait toujours pas trouvé un seul truc à boire, à part de l’eau. Mais sérieusement, il était hors de question qu’il boive de l’eau. Ce qu’il voulait, c’était du scotch. Les mecs dans son genre en avaient forcément. Le sol avait été ciré. Il réussit à faire un moonwalk presque parfait jusqu’à la chambre suivante, ouvrant la porte sans grande discrétion, tombant sur… le petit de la famille. Trompé de porte. Il jeta rapidement la cigarette qu’il avait encore à la main, puisqu’il en avait toujours une, l’écrasant sous le talon pour la foutre sous le premier tapis venu. Ni vu. Ni connu. Qu’est ce qu’il disent toujours les héros, pour se sortir d’une telle situation ? Hey en fait je cherchais les toilettes avant de rentrer chez moi, et j’crois que j’me suis perdu. Plus c’est gros, plus ça passe, non ? Il entra dans la chambre du môme, refermant la porte avec un semblant de délicatesse. Au moins, si l’autre voulait aller prévenir quelqu’un,  il faudrait qu’il sorte. Et vu qu’il était devant la porte. Well. Il porta un doigt à sa bouche pour s’en mordre le bout, avant de finalement ranger ses mains dans ses poches, se détendant. Pourquoi t’es là, t’es pas avec les autres ? Tu fous en l’air ma soirée, petit con.