Just a little help? || Feat. Ethan

Tête en l’air je l’ai toujours un peu été, ce n’est en rien une nouveauté. J’ai toujours été du genre à être plus qu’aisément distrait de mon objectif premier par toute chose que mon esprit jugeait digne d’attention. C’est-à-dire beaucoup de choses, il faut l’avouer. L’une des raisons majeures d’ailleurs étant en cause de mes difficultés d’apprentissages plus que présentes. Quand l’écureuil tombant d’un arbre à l’extérieur est plus intéressant qu’un cours de 4 heures sur la philosophie humaine, qui est somme toute un cours qui a un certain potentiel, il y a un problème quelque part. Oh, j’ai bien espéré que la chose allait s’améliorer avec le temps, mais elle a presque empirée pour tout dire. Ce n’est pas sans raison que je me suis accroché comme une vilaine tique à Nathaniel durant mes jeunes années et surtout durant si longtemps. Il était tout ce qu’il y avait de plus intéressant à observer dans mon environnement immédiat. Un peu le sentiment que j’ai également avec mon patron actuel depuis que je l’ai vu si… nu. Usons des bons termes pour décrire les bonnes choses. Quoi de plus distrayant qu’imaginer un homme nu en permanence dès que notre regard se pose sur lui? Peu de chose j’en ai peur, du moins pour moi. Je me sens si peu en contrôle de mes moyens depuis que ça en est presque une honte, je l’admets sans peine. Je me sens de retour à cette adolescence perdue où il était si aisé de flancher pour un beau sourire ou un regard un peu trop insistant. Contraint de vivres d’espérances et d’idées montées de toutes pièces par ce pauvre petit cerveau inoffensif qui n’avait d’autre option que celle de vivre dans ce monde imaginaire afin de contenter un besoin qui ne pourra peut-être jamais être assouvit. L’adolescence à son apogée, tout comme les hormones. Comment dire, je vais devoir trouver une façon de me nettoyer le cerveau bien en profondeur parce que tout ceci ne pourra pas continuer. J’ai besoin de ma tête à sa place, c’est-à-dire sur mes épaules, parce que ce n’est en rien le cas en ce moment. La situation précise que je vis en cet instant n’en étant qu’une preuve supplémentaire.

Quatre heures du matin… J’ai terminé mon quart de travail, aidé à nettoyer comme à mes habitudes puis j’ai ramassé mes choses avant de sortir du club pour trouver mon chez moi. Tout ça pour constater une fois devant la porte que j’avais oublié de ramasser mes clés que j’avais laissé sur le comptoir en papotant avec un autre employé lorsque j’ai vu Alexei passer. Vile cerveau perverti. Je me trouve donc coincé entre jour et nuit sur le pas de ma porte sans façon d’entrer chez moi, puisque je ne vais tout de même pas demander au concierge de se déplacer à cette heure. Hors de question également d’aller voir mon cher patron pour qu’il m’ouvre les portes du club. Quelles options me reste-t-il alors? L’hôtel? Ewww, je ne veux pas même y penser. Toujours légèrement perturbé que j’ai été par cette optique de plusieurs personnes partageant leurs fluides sur un matelas qui, à l’instar des draps, n’est pas changé à chaque nouvelle location de la chambre. Je sors donc mon portable de ma poche pour observer les numéros qui y défilent et… et fixe avec insistance celui de mon petit frère Ethan. Pourquoi pas? Ce n’est pas comme si je lui demandais souvent des services après tout, ayant été plus qu’apte à me débrouiller malgré ma tendance à l’immaturité. Simplement été moins apte à aider qui que ce soit d’autre que moi.

Soupirant, c’est donc chez lui que je me suis finalement dirigé. Espérant simplement trouvé un canapé sur lequel fermer les yeux quelques heures avant de pouvoir avoir une solution pour que ma porte me soit ouverte d’ici à ce que je puisse retourner au club. Ce n’est pas demandé l’impossible non? Enfin, outre l’heure et la possibilité qu’il soit paisiblement endormi et que je perturbe ce bon gros dodos avec ma présence qui ne sera pas la bienvenue. Nous verrons bien. Plus le temps de faire demi tour de toute façon alors qu’au terme d’un petit voyage en taxi dans la ville je me retrouve finalement devant sa porte sur laquelle je cogne trois fois. Doucement, sans doute même trop, dans l’espoir de ne déranger personne dans les environs.

« Bon...jour... à toi aussi petit frère. » Entre bonjour et bonsoir la marge reste mince à cette heure de la journée. Le soleil n'ayant pas encore pointé le bout de son nez m'aurait donné envie de lancer un 'bonsoir' bien jovial, mais l'heure avancée du matin me fit plutôt opter pour ce 'bonjour' tout aussi jovial que j'ai lancé un peu en pointillé en observant sa tête de personne que je viens assurément de réveiller. Il faut dire que le contraire m'aurait étonné tout autant qu'un ton de voix plus appréciable de sa part. Assurément, je le dérangeais dans sa routine et je peinais à m'en vouloir pour ça bien malheureusement. Ne me rappelant que trop bien les jeunes années où j'étais celui qui n'arrivait pas à se lever le matin alors que les plus jeunes prenaient visiblement un malin plaisir à se lever très tôt pour faire beaucoup de bruits. Point que j'ai appris plus tard être commun des enfants d'un certain âge qui a donc sans doute fait parti de mon propre caractère à un moment ou un autre avant que je ne devienne définitivement un oiseau de nuit adepte des réveils tardifs. Je l'observe donc plutôt d'un léger sourire alors qu'il dégage l'entrée de la porte avant que je n'aie pu lui répondre, se dirigeant vers la cuisine alors que j'en profite pour entrer et refermer la porte derrière-moi en retirant mes chaussures. Histoire de ne réveiller aucun de ses voisins du même coup, ce qui serait dommage tout de même. Il ne tarde pour sa part à revenir de la cuisine en tenant deux bouteilles d'eau, m'en envoyant une au passage que j'attrape sans peine. Jugeant être plus réveillé que lui à l'instant, mais aussi beaucoup plus agréable en ma façon de m'adresser à lui. Aucun respect pour leurs aînés ces gamins.

« J'ai vu l'heure oui et je m'excuse profondément de t'avoir réveillé, mais je savais pas réellement vers qui d'autre me tourner. Puis, il me semble que cela fait une éternité que je ne t'ai pas vu alors je me suis dis que passer un peu de temps ensemble, malgré mon manque cuisant de timing je l'admets, ne nous ferait pas de mal. » Dis-je tout sourire en ouvrant la bouteille d'eau qui me permettra de diluer un peu tout cet alcool qui me coule encore dans les veines. « Si cela peut te conforter, je ne te dérangerai tout de même pas longtemps. J'ai simplement besoin d'emprunter ton canapé durant quelques heures le temps que l'heure soit... plus acceptable pour le commun des mortels. » Observant son appartement avec un certain mélange d'intérêt et curiosité, j'en viens finalement à exprimer la raison fort stupide de ma visite dont je l'imagine presque déjà se moquer. Surtout me blâmer de l'avoir réveillé pour une telle bêtise qui aurait pu être réglé autrement si la fatigue m'avait fait réfléchir autrement. « J'ai oublié mes clés au club comme un imbécile parce que j'ai été distrait et je ne peux pas retourner les chercher, pas plus que je ne peux rentrer chez moi ou demander à quiconque de m'ouvrir à cette heure. Je demande juste un bref asile de canapé le temps de me reposer un peu et laisser les heures passer et ensuite je te laisserai en paix. Tu ne m'entendras pas même partir et pourra amplement profiter de ton sommeil. »

Je pris une nouvelle gorgée d'eau en continuant d'accord plus d'attention à l'environnement qu'à la tête en bataille de mon petit frère qui semblait réellement fatigué. Le pauvre. Il faut dire que je ne prenais en effet pas des plus souvent de leurs nouvelles, allant voir ma mère à l'occasion bien davantage que je voyais les membres de ma fratrie. Sans doute un peu trop convaincu qu'ils me vouaient une haine viscérale pour une raison ou une autre. « J'espère que tu vas bien. » Que je lâche finalement en daignant poser le regard sur lui.

Heureux de ne pas avoir une gorgée d'eau dans la bouche je le fus lorsqu'il mentionna qu'étant sans doute pote avec le patron du club j'aurais pu aller le voir pour lui demander de m'ouvrir afin d'aller chercher mes clés. Oui, sans doute que j'aurais pu. J'aurais pu aller le voir et lui dire que j'ai oublié mes clés par sa faute parce que je suis pire qu'une gamine en rûte à ne pas avoir encore passé outre notre rencontre impromptue dans la douche. Que le simple fait de poser le regard sur lui fait flamber les hormones en mon bas ventre comme personne n'a été en mesure de le faire depuis fort longtemps. Qu'il m'a sorti de ma transe de célibat volontaire parce que je manquais de temps de réellement chercher des conquêtes que je ne me suis de toute façon jamais plus à enchaîner et que zieuter les clients ne fait pas parti des actions dites 'correctes'. Pas plus que zieuter son patron dirons-nous, mais devant le fait accompli je me suis trouvé un peu impuissant dans ma capacité à le faire disons. Je reste humain après tout. Un humain avec des besoins, des envies et des yeux pour voir ce qui me fait définitivement envie. Enfin bref, je me suis contenté de réaliser un petit sourire un moindrement forcé en détournant le regard. « Je suis certain que mon patron aurait apprécié voir comme je peux m'avérer si irresponsable pour une brouille et si peu débrouillard que ma seule option était d'aller le réveiller. Puis, je ne t'avais pas vu depuis un moment. Même brièvement, ça m'aura fait plaisir de prendre de tes nouvelles. » Dis-je en prenant une nouvelle gorgée d'eau avant de lui demander comment il se porte. Non pas juste pour meubler le silence, mais également parce qu'il m'importe de le savoir. Non un grand frère exemplaire je ne le suis en rien, mais je ne m'inquiète pas forcément moins pour lui pour autant. Même si des nouvelles de lui, d'Em, des autres, je n'en prends pas assez souvent. « Oui... je crois que je vais bien. » J'ai eu de bien pires moments au fil de mon existence surtout. Pour une fois, une rare fois, j'ai de la stabilité au travail depuis un moment et peut-être que oui ça joue un peu sur mon moral. Non que je n'aimais pas jouer au papillon et butiner d'un boulot à l'autre, mais se poser me fait du bien en ce moment où je me sens... vieillir.

Souriant à sa demande, je ferme le bouchon de ma bouteille d'eau avant de le suivre vers la cuisine. « Je viens de finir de travailler alors j'admets que j'ai un petit creux oui. Et pour le film... Moi fatiguée je ne le suis pas vraiment, un peu trop dans l'adrénaline de la soirée encore, mais je ne voudrais pas te priver d'une bonne nuit de sommeil pour autant. » Posant finalement ma bouteille dans la cuisine, je l'observe sortir de la salade du frigo en me disant que pour une fois ça ne me fera pas de mal de ne pas simplement commander au restaurant du coin parce que je peine à me motiver à cuisiner. Non que je ne sache pas le faire, au contraire. Je suis même plutôt doué, mais à 3h du matin mon envie première n'est tout de même pas de me lancer dans la grande gastronomie. « Tu fais encore ces choses extrêmes que tu postes sur le net? » Que je demande alors qu'il prépare à manger. Non pas que je ne connaisse pas le site en question, mais quelques vidéos m'ont suffit à ne plus jamais vouloir m'y égarer. La dernière chose que je veux voir c'est mon petit frère se casser la figure de façon 'extrême' en laissant un profond sentiment d'impuissance me submerger. Un peu trop pour moi. « Jamais eu envie de faire autre chose? »