Shower time • Feat. Alexei

Ce fût une glorieuse nuit, et je contiens à peine mes mots en l'exprimant ainsi. Surtout glorieuse au niveau du pourboire monstrueusement élevé que j'ai été en mesure de récolter. Il faut dire que ce n'est pas ma première nuit dans le métier et que j'ai découvert depuis quelques années déjà le fruit de mon succès. Mon sourire bien sympathique, mon attitude plus qu'hypnotisante et aussi mon corps plutôt bien sculpté. Disons les choses comme elles sont. Ce n'est pas sans raisons que je m'efforce de passer de l'autre côté du comptoir du bar lorsque l'occasion se présente. Les femmes, tout comme les hommes, sont plus que prêt à payer pour quelques petits trémoussements spontanés. De quoi éveiller leurs hormones ensommeillées pour ceux qui aspirent davantage de piquant dans leur petite vie de couple bien rangée. De quoi contenter les célibataires qui n'arrivent à se caser. Le fruit d'un paris entre amies pour l'une d'elle qui a un peu trop bu et qui l'a d'ailleurs bien rendu... Oh non ce travail n'est pas toujours que plaisir et gaité. Il est parfois sourire forcé et une bonne dose de vomi à nettoyer. La pauvre petite qui n'oubliera pas cette soirée de si tôt... à moins que son cerveau n'en décide autrement bien évidemment. En bon gentlemen que je m'efforce d'être à l'occasion, je l'avais tout de même conduite à ses amies qui s'étaient esclaffées de rire devant l'expression sur le visage de miss vomi 2019 et la résultante me couvrant le torse, et autre, en entier. Splendide. La laissant entre de bonnes mains, m'assurant qu'on leur appèlerait un taxi pour qu'elle puisse se nettoyer tout autant que j'avais hâte d'être en mesure de le faire, je lui avais laissé un verre d'eau avant de m'éclipser pour admirer l'étendu des dégâts en soupirant. Superbe. Ne voulant pas salir davantage de tissu en cette soirée, j'avais demandé un coup de main à un autre employé pour nettoyer le petit salon qui avait été repeinturé et à l'odeur discutable. Tout ça en portant mon caleçon souillé et bien trop serré pour cette tâche. Une bonne demi heure, c'est le temps qui a été nécessaire avant que je puisse enfin poser la serpillère pour me diriger vers les douches du club. Et heureusement qu'il y avait des douches.

Retirant cette chose dégoûtante que j'ai placé dans la poubelle sans une once de regret, je me suis glissé sous le jet d'eau bouillante pour me frotter à l'excès en espérant éliminer toute trace de cette soirée glorieusement odorante de ma personne. Frottant à m'en rendre le torse rouge comme un homard l'espace de quelques minutes. Pour le reste, disons que j'ai fais preuve de davantage de délicatesse. Me souciant bien peu du temps qui passait, simplement heureux de me noyer dans cette mousse rafraîchissante à l'odeur d'agrumes jusqu'à ce que je ne sente plus rien d'autre, j'avais finalement coupé le jet d'eau pour sortir de la douche. Présumant être seul à cette heure avancée de la soirée, je me suis baladé dans la salle pour aller nonchalamment chercher une serviette afin de m'essuyer. M'étirant dans toute ma grandeur en passant le tissu dans mes cheveux et mes épaules pendant que mon fessier admirait les néons éclairant l'endroit. Enfin, un peu de propreté.

Quelle sensation grisante que celle de la propreté. Les effluves de savon remontant subtilement dans les narines bien dégagées par la vapeur de l'eau bouillante, la peau respirant par tous ses pores et la petite fraîche sur... Ah la propreté. Toujours un moment que j'appréciais, ça je ne peux pas le nier. Heureux comme un poisson dans l'eau je l'étais assurément, pourvu que l'eau soit d'une agréable chaleur et la mousse en abondance. J'en abusais même un peu de la douche, en toute honnêteté, me lavant presque dès que j'en avais l'occasion comme s'il s'agissait d'un rituel pour arriver à traverser ma journée. Une douche le matin lorsque je venais tout juste de me lever, une nouvelle avant d'aller travailler pour la soirée et une dernière en rentrant avant d'aller me coucher. Parfois une supplémentaire si cette journée-là j'étais allé m'entrainer. Heureusement que mon appartement avait son propre réservoir d'eau parce que je crois que personne n'aurait voulu me louer quoi que ce soit. La douche au travail cependant c'était beaucoup moins répandu dans ma petite routine, il faut bien l'admettre. Les accidents n'étaient pas si nombreux et les vomissements simplement occasionnels. Peut-être était-ce partiellement la raison pour laquelle, surtout au vu de l'heure tardive, il ne m'a pas traversé l'esprit qu'un autre employé aurait à venir ici. Comme j'ai compris à quel point j'ai eu tord lorsque je me suis retourné, serviette toujours sur les épaules, pour me diriger vers mon casier. Ce serait mentir de dire que je n'ai pas été surprise de voir mon patron appuyé, mine de rien, contre le mur sans prononcer le moindre mot. Sursauté je l'ai assurément fait avant de me racler la gorge pour porter les mains à une seconde serviette se trouvant à proximité et l'enrouler à ma taille en haussant un sourcil. « Et bien patron, on joue les voyeurs on dirait bien. » Que je mentionne avec un sourire sans être outré davantage de m'être fait coincé ainsi.

Quand on est autant en amour avec son corps que je le suis on se moque bien de se faire coincer nu, même par son patron. Surtout par son patron quand il semble lui même plutôt bien foutu, mais 'pas au travail' reste une règle universelle... que j'ai transgressé plus d'une fois d'accord, mais les dernières fois je n'étais pas en poste depuis plus de quatre ans. J'en étais encore plutôt à me demander si je changerais d'emploi dans la semaine ou plutôt le mois à suivre. Comme une addiction de devoir expérimenter quelque chose de nouveau. Est-ce que ça peut-être considéré comme du harcèlement au travail de croiser un collègue nu et voir... enfin tout ce qu'il y a à voir? Souriant, je passe près de lui pour me diriger vers mon casier comme je comptais déjà le faire quelques instants plus tôt. « Qu'est-ce qui t'amène par ici à cette heure dit-moi? » Lui que je supposais plutôt errer dans le club ou dans son bureau pour s'assurer que la soirée se terminait dans les règles. Ouvrant la porte de mon casier, je retire la serviette qui trônait toujours sur mes épaules et la place sur la porte de ce dernier, farfouillant dans mon sac pour en sortir une paire de caleçons rouges et une chemise soigneusement pliée. « Une envie soudaine de te doucher? »

Et moi qui avait osé me demander si je me ferais taper sur les doigts pour avoir osé exposer mes outils au grand jour à n'importe quelle personne qui aurait pu entrer dans les vestiaires, il faut croire que je me suis totalement fourvoyé dans mes suppositions. À en juger par les propos du grand patron en personne, il y avait de quoi profiter de la vue et je dois bien admettre que ça me fit sourire de l'entendre. Ça me donnait presque envie de lui donne rune petite visite guidée des lieux, mais je me suis gardée une petite gêne. Oui, une petite gêne. Moi qui me trémousse en caleçon moulant de parfaits inconnus. C'est à n'y rien comprendre. « Je crois malheureusement que c'est la définition même de voyeur patron. » Restant dos à lui, farfouillant dans mon casier pour y prendre mes choses, je laisse finalement tomber la serviette à mes pieds et lui laisse, peut-être, le plaisir d'admirer mon galbe fessier lumineux de propreté avant de prendre mon boxer pour l'enfiler. Claquant l'élastique en sifflotant. « Il suffisait de demander pour pouvoir admirer. Pour un petit supplément je te laisse même toucher. » Que je lui lance en me tournant vers lui tout sourire. Presque difficile de dire si je parle la vérité ou plaisante simplement pour le plaisir de l'embêter. L'observant s'acharner sur sa pauvre chemise, mais surtout observant son absence de chemise, je constate à quel point il n'est en effet pas mal foutu du tout le patron. PAS AU TRAVAIL. Allons, un peu de retenue. « Pas que ça me dérange que tu te balades sans chemise. Je suis même certains que ça te donnerait un bon pourboire de retourner dans ton bureau comme ça. » Je fronce les sourcils sans le quitter des yeux. « J'ai toujours quelques chemise dans mon casier si tu en as besoin. Nous faisons presque la même taille alors ça devrait aller. » Enfin, si ses muscles démesurés ne les déchirent pas.

Prenant ma chemise noire, je l'enfile sans pourtant l'attacher, farfouillant plutôt pour trouver cette bonne odeur d'homme que je me colle sous les aisselles avant de chercher mon pantalon. « C'est en effet avec moi que cette pauvre fille a rendu le contenu de son estomac. D'où la nécessité d'une douche. L'odeur n'était pas des plus vendeuse pour la clientèle. Content par contre de savoir qu'elle a pu rentrer en un morceau et merci pour le pourboire. » Je savais bien que j'allais tirer un peu de bon de cette soirée. De quoi... ne rien m'acheter en fait. Il fallait vraiment que j'apprenne à faire des folies. Farfouillant une dernière fois dans mon casier, j'en sors un petit tube avant de m'approcher d'Alexei. Chemise ouverte et pantalon toujours pas enfilé. « Tiens, prend-ça pour ta chemise. C'est un genre de crayon pour enlever les taches. Il faudra tout de même la laver, mais ça devrait aider à ce qu'elle ne reste pas taché. » À me balader constamment avec une chemise plutôt qu'un vulgaire tee-shirt il faut bien que je m'outille un minimum pour arriver à survivre dans le monde hostile de l'alcool et autres substances diverses que le club a à offrir. « J'espère que tu t'es assuré de ne pas être collant avant d'enfiler l'autre. Ce serait dommage tout de même de gâcher deux chemises en une soirée. » Oui je me fais beaucoup trop plaisir à l'embêter, mais c'est dans ma nature d'exprimer un peu tout ce qui me passe par la tête même si je sais mettre un filtre lorsque nécessaire. Je ne m'en permettais pas autant les premiers mois, histoire de garder mon emploi, mais avec tout le temps qui avait passé... disons que j'avais testé plus d'une fois les limites pour m'assurer que je pouvais m'en permettre un peu. Ce soir par contre, je surpassais assurément tout ce que j'avais pu faire par le passé. Littéralement nu devant le patron, et bien bravo.

J'aimais bien Alexei et prétendre le contraire me serait impossible de toute façon puisque c'était assurément l'emploi auquel j'étais resté le plus longtemps. Quatre ans et demi à venir profiter de la forte musique et des clients en sueur tout sourire au bar. Je ne serais pas resté si le patron avait été un parfait connard il faut bien l'avouer. Non que je déteste l'ambiance générale ou le fait de papoter avec un peu tout le monde en grand bavard que je suis. Simplement parce que mon volage naturel ne me pousse pas à rester statique à un endroit bien longtemps. Le temps passé à un emploi s'écourtant drastiquement lorsque le patron osait me faire des misères alors que je me savais très bien être le rêve de tout boss qui se respecte. Travaillant, souriant, toujours courtois et agréable avec les clients, jamais en retard et surtout jamais à chipoter pour des bêtises ou une augmentation de salaire et des vacances après deux semaines de boulot. Ah les gamins. Malgré tout ce temps, jamais je n'avais vu le patron si... disons prompt à se laisser aller à un petit jeu que je ne saurai pas qualifier. Le hasard il faut croire. Et moi qui était si peu pudique et si peu restreint dans mes propos en général, je me demandais tout de même sur quel pied danser à l'heure actuelle, soyons francs. « Et bien tu devrais définitivement tester les douches. Elles sont plus agréables qu'elles ne le semblent. Spacieuses, calmes, avec un débit acceptable je l'admets... » Posant finalement un doigt sur son torse pour jauger le collant de la chose, et rien de plus, je le retire en faisant une petite mou. « Collant. Quel dommage. » Ne pouvant assurément pas retenir un nouveau sourire à son commentaire expulsé le plus naturellement du monde avant qu'il ne s'attaque à cette petite tache malveillante. « Peut-être est-ce moi qui aurait dû la prendre plus tard alors comme il semblerait que ça ne te ferait pas de tord. Dommage. »

Le laissant à son nettoyage, je retrouve le chemin de mon casier pour en fixer le fond en secouant vaguement la tête. À QUOI EST-CE QUE JE JOUE. Ça ne pourra pas bien se terminer tout ça. Quatre ans et demi à l'observer à l'occasion lorsqu'il passait par-là et pas une seule fois je me suis trouvé coincé dans le vestiaire des employés avec lui. Quel sandwich empli de viandes sacrificielle est-ce que j'ai bien pu manger pour que... ça... me tombe dessus en cet instant? À cette heure avancée où le joli cocktail de fatigue et de l'alcool qu'on m'a payé commence à me contrôler. Règle de barman oblige, lorsqu'on se fait payer un verre on doit boire. Enfin, jusqu'à ce qu'on sente la limite approcher et qu'on le balance subtilement par-dessus notre épaule, le cache dans notre joue pour le cracher ou le remplace par du jus ou de l'eau sans que personne ne s'en rende compte. Tout un art à maîtriser.

« Puisque je t'ai sous la main... » Il faut bien briser le silence à un moment. « Tu as bien vu que je vais arriver un peu plus tard vendredi? Un ami a eu une péripétie fort désagréable et je dois lui donner un petit coup de main avant de venir. Une heure à peine et cette heure est déjà couverte par celui travaillant avant moi. » Qui ne pouvait me dire non au nombre de fois que j'ai dû le remplacer pour des broutilles alors me dire non pour une heure... il n'avait pas intérêt non. Farfouillant dans mon casier, je me rends rapidement compte que je n'ai pas un pantalon propre comme je l'espérais, mais plutôt simplement celui avec lequel je suis arrivé qui, sans être dégoûtant, a tout de même sa soirée dans le corps. J'ai dû oublier de le prendre ce matin quand le téléphone a sonné et que je suis parti à la hâte. Bien, il faudra faire sans. Enfilant la chose, je m'applique ensuite à attaquer les bouton de ma chemise en observant ce cher patron. « Des plans pour le reste de la soirée? »

J'admets que je fus surpris de le voir verrouiller la porte tout d'un coup comme ça sans crier gare, empêchant toute autre personne d'entrer et m'imposant presque de rester. Non que ça me déplaise, soyons franc, mais le geste avait réellement tout pour surprendre. Surtout au vu de notre charmante petite discussion aux penchants douteux et au sérieux discutable. D'autant plus qu'il ne s'arrêta pas là ce cher patron. Si seulement. Si la suite de la discussion était bien banale, répondant à mon questionnement, les gestes qu'il posait relevèrent plus de la tentation que du banale. Retirant ses vêtements alors que je ratais un bouton, gardant uniquement son caleçon avant de m'exposer ses plans de la soirée. Et bien, si j'avais su qu'il était facile de le faire sauter dans une douche, je lui aurais renversé quelque chose dessus bien avant ce moment. À titre purement scientifique, pour la recherche, bien évidemment. M'efforçant de sourire, observant bien malgré-moi, je réfléchis à ce plan de soirée que j'ai très certainement à lui proposer là à l'instant. Cherchant toutefois comment user d'une approche plus... subtile. Puisque si je peux sans peine admettre avoir dragué des clients à l'occasion, qui me l'ont rendu sans mal, il y avait une petite étape supplémentaire à franchir avec le patron pour que ce ne soit pas simplement étrange. On ne disais pas à son patron 'hey vient chez moi je vais te faire visiter mon lit'. On disait plutôt... « Merci pour le vendredi, mais ça ira. » Pour commencer du moins, histoire de ne pas sembler malpoli à ignorer sa demande. On terminait ensuite d'attacher convenablement les boutons de sa chemises et attacher son pantalon. La base pour ne pas que ce soit si évident, puis ensuite on ajoutait... « Et j'ai peut-être bien quelque chose à te proposer oui. »

Tâchant d'être sage, j'enfile mes chaussettes puis prend ma brosse à dent pour me diriger vers le lavabo non loin de sa chemise qui sèche paisiblement. « En fait, il y a plusieurs semaines que je cherche le bon moment pour te proposer de venir boire un verre chez moi. » Que je débute, laissant ma phrase volontairement en suspend avant de poser de la pâte à dents sur ma brosse. « J'ai quelques nouvelles recettes de cocktails que j'aimerais te faire approuver avant de les offrir aux clients. Je crois que j'ai réussi à trouver quelques mélanges intéressants qui pourraient ravir les habitués. Un peu de nouveauté ne fait pas de mal à l'occasion. Si tu as le temps et l'envie bien évidemment. Peut-être as-tu plus intéressant à faire chez toi. » Je glisse la brosse dans ma bouche et me tourne en direction des douches, appuyé sur le comptoir et attendant sagement qu'il termine cette petite baignade tardive. Frottant distraitement mes dents en me remémorant cette belle image qu'il a osé imprégner en mon esprit. Cette vile créature qui sait pourtant, puisque je l'ai déjà mentionné sans l'once d'une gêne, que j'apprécie bien davantage les hommes que les femmes. Exclusivement les hommes même devrais-je dire. Que croit-il? Que son corps de dieu grecque me laissera de glace? « À moins que tu n'envisages de m'enfermer ici pour le reste de la nuit à avoir ainsi verrouillé la porte. » Terminais-je de ma bouche moussante de propreté.

Inutile de mentionner que j'ai figé, brosse à dents toujours dans la bouche, lorsque j'ai vu mon si... mon patron... sortir de la douche en son plus simple habit et sans la moindre serviette. C'est qu'il est ridiculement bien foutu et je crois bien avoir vu assez d'hommes nus dans ma vie pour l'affirmer sans l'once d'un doute. Pas que je passe mon temps à coucher par-ci par-là, la tendance diminuant avec les années de toute façon, mais je ne suis tout de même pas aussi puceau qu'au premier jour de mon existence. J'ai passé quelques personnes dans mes jeunes années, apprenant à découvrir comme tout bon adolescent qui se respecte, les joies de mon corps et ceux d'autrui. Toujours des hommes, jamais autre chose. Déjà ce fût un défi en soit alors avoir une personne différente tous les soirs pour le plaisir de la chose ne m'a jamais effleuré l'esprit de toute façon. Puis est arrivé Nate et cette relation longue durée qui m'a fait devenir plus que sage de ce côté avant la douloureuse tranche réalisée d'un commun accord. Sans dire qu'ensuite ça a été la débauche, j'ai bien essayé de 'reprendre du poil de la bête' comme on dit, totalement novice de nouveau dans le mystérieux et surtout hostile monde de la drague. Ça a passé depuis, un peu, mais je sais que sage je le suis tout de même davantage que j'ai pu l'être. Face à ça par contre, ce serait bien difficile de rester de glace et aussi je me tourne vers le lavabo pour terminer le brossage intensif de mes dents que je prends bien le temps de réaliser. « C'est si gentil de me laisser ma liberté. » Terminant le tout, je me rince la bouche d'un peau d'eau alors que mon si cher patron vers prendre place près de moi pour terminer de se rhabiller. « Oh merci patron, mais tu sais que j'aide toujours un peu à nettoyer le bar que ce ne soit pas un fouillis le lendemain. Je vais aller l'aider à fermer ses choses et te retrouverai devant dans une heure. » Souriant, je fronce les sourcils avant d'ajouter... « Je ne sais plus si je te l'avais dit, mais je ne vis pas très loin alors on pourra y aller à pieds sans mal. » Souriant toujours si bêtement, je le laisse attraper ses choses et quitter le vestiaire en expirant. Et bien... la bonne idée que voilà. Inviter mon patron à la maison pour boire...

Secouant la tête, je termine de ramasser mes choses avant de me diriger vers le bar pour aider l'employé qui y faisait son quart à tout nettoyer et papoter avec lui au passage. Toujours important de garder de bonnes relations de travail avec ses collègues. Ceci fait, je prends mon sac, salue mon collègue et me dirige vers l'entrée du club pour m'appuyer sur le mur et attendre Alexei. Ce dernier ne tardant à arriver, je le guide vers mon petit appartement à une dizaine de minutes environ du club et fort heureusement dans une rue éclairée vu l'heure de départ qui est souvent la mienne. Non que je craigne particulièrement pour ma vie, mais on ne sait jamais sur quoi on peut tomber et je ne maîtrise pas suffisamment les arts martiaux, voire pas du tout en fait, pour me mesurer à un petit voyou avec un couteau.

Le building est sommairement bien entretenu, possédant une façade de briques blanches et de nombreux balcons remplis de plantes en tout genre. Enfin, sauf le mien. J'ai le pouce brun davantage que vert en ce qui concerne les plantes et vu le peu de temps que je passe chez moi de toute façon... Situé au troisième et dernier niveau du bâtiment, mon appartement est sommairement à mon image. C'est-à-dire bien rangé, mais avec une touche d'immaturité. Le salon se trouve face à la porte, à erre ouverte avec la petite cuisine à droite qui ne comporte qu'un petit îlot avec des chaises pour manger. Sur les murs du salon se trouvent plusieurs tablettes sur lesquelles sont posées des bande-dessinées sur des socles ainsi que diverses figurines de différentes tailles de héros de Marvel. Ma petite faiblesse. Les tablettes dans la cuisine comportent plutôt pour leur part une multitudes de bouteilles de divers alcools ainsi que quelques verres de collections d'événements auxquels j'ai participé. À gauche se dessine un petit couloir donnant accès à un rangement, la salle de bain tout au bout ainsi que la chambre. Rien de bien grand, tout à fait modeste et simple, mais c'est mon chez moi. « Bienvenue dans mon humble demeure. » Que j'annonce en entrant et le laissant entrer à son tour.

Retirant mes chaussures, détachant deux boutons au haut de ma chemise, je me glisse dans la cuisine alors qu'Alexei entre dans le salon pour observer ma jeunesse intérieure étalée sur des tablettes. « Merci à toi d'avoir accepté cette petite proposition aléatoire. » Que j'ai passé une heure entière à me maudire d'avoir énoncé. Non pas que je sois déçu qu'il ait accepté de venir tester les cocktails que je concocte réellement depuis plusieurs semaines, pour le simple plaisir de la chose. Plutôt parce qu'après notre petit 'face à face' de la soirée, je me dis que l'inviter à boire, chez moi de surcroit, est assurément douteux en un sens. Même si j'ai fait la chose sans la moindre arrière pensée. Je suis simplement et en toute honnêteté réellement investi dans mon travail, tout comme dans tous les précédents. Je sais pertinemment que même si certains boulots ont été plus courts que d'autres, pour une raison ou une autre, rare sont mes employeurs précédents qui ont réellement quelque chose à dire sur mon implication et mon efficacité. Je m'en suis assuré. À défaut d'avoir un diplôme que j'aurais pris des années à accumuler, sachant vers quelle vie j'allais enligner le reste de mes années, j'ai fais le nécessaire pour ne pas détruire ma petite existence future. J'avoue tout de même que qu'il y a aussi dans cet invitation une petite tentative d'éloigner les pensées de l'événement s'étant produit plus tôt justement. Images que j'aurais ruminé sans peine toute la soirée et que je peine encore à oublier dès que mes yeux se posent sur lui. Je ne voulais tout de même pas... disons entacher mon avenir professionnel pour une broutille alors que tout se passe si bien. Même si une broutille ça ne l'est pas vraiment et même s'il a joué le jeu plutôt que s'offusquer de tout ceci... Aller, ne pas y penser. Ne plus imaginer mon patron en sa tenue d'Adam et ne surtout pas imaginer...

« Je n'allais tout de même pas apprendre à faire tourner les bouteilles en les cassant à répétition derrière ton bar. » Je souris brièvement avant de m'approcher des bouteilles à mon tour pour en sélectionner quelques-unes tout en prenant deux verres. « M'entrainer ça reste vite dit. Disons simplement que je me suis rendu compte au fil des soirées à parler avec certains clients que faire des tests de cocktails pourrait être quelque chose à envisager, pour le plaisir. Puis je me suis dit que peut-être certains vaudraient la peine d'être goûtés par quelqu'un d'autre. Je ne m'étais jamais réellement lancé, tout simplement. Quitte à t'imposer ma charmante présence presque tous les soirs, il faut bien que je me rende utile si je ne veux pas que tu te lasses de moi. » Que je termine en blaguant avant de commencer à tout naturellement mélanger quelques alcools plus légers ensemble. Commencer par le plus fort ne serait pas la meilleure des idées. Commander à manger reste cependant une bien meilleure idée. « Bonne idée, très bonne idée. » Et aussi une belle façon d'étirer un peu la soirée qui pourrait vite se terminer après quelques vulgaires petites gorgées.

Me tournant pour aller farfouiller dans un tiroir, j'en sors quelques dépliant promotionnels de restaurant qui se trouvent à proximité, mais surtout qui ferment plutôt tardivement. Ils sont rares, mais heureusement existants. « Alors, nous avons le restaurant chinois au coin de la rue. Simple, mais efficace. Nous avons également un petit fast-food quelques rues plus loin qui fait de la pizza et des burgers plutôt décents et... de gros sandwichs chaud et dégoulinants de fromage. À moins bien sûr que tu connaisses un autre endroit qui fait la livraison à cette heure. Ceux-là sont simplement à proximité alors c'est souvent bien rapide. » Dis-je avant de poursuivre mon mélange de cet alcool d'un bleu éclatant. Un peu relevé sans bruler la gorge outre mesure, idéal pour ceux qui ne sont pas forcément fanatiques d'alcool avec ce petit goût sucré relevé par le sucre placé sur le rebord du verre. Apprécié davantage par des amies à qui je l'ai fait goûter qu'aux quelques hommes qui ont pu l'expérimenter. Nous verrons bien ce que dira celui-ci du breuvage que je pousse dans sa direction une fois complété.

On dit que tout commentaire est bon à prendre, mais certains sont forcément plus agréables que d'autres. Et si je ne suis pas de ceux rougissant outre-mesure devant quelques bons mots, ne les relevant pas non plus davantage que nécessaire, j'admets sans peine avoir le sourire facile. Un sourire qui n'a pas manqué d'orner les traits de mon visage lorsqu'il a mentionné que quelques bouteilles brisées ne m'enverraient pas en direction de la porte, les clients m'appréciant trop pour ça. Un signe que mes efforts portaient fruit j'imagine et le commentaire était donc oui fort bon à prendre. Même s'il mentionnait la chose sans savoir la quantité de bouteilles que j'avais cassé sur la finalité. Suffisamment pour faire déménager le voisin du dessous dès qu'il avait été en mesure de le faire. Oups? Évitant d'élaborer sur la chose et le bris de verre, j'ai plutôt enchaîné sur les options de repas à proximité à envisager tout en poursuivant les cocktails. Je n'allais tout de même pas le laisser boire seul. J'allais encore moins lui proposer le restaurant à l'autre bout de la ville simplement parce qu'il était meilleur. Je ne voulais pas lui donner l'impression de vouloir le kidnapper pour la nuit. Pas que je ne l'aurais pas fait, mais plutôt parce que je ne dois pas le faire. Malgré la sublime image s'imposant à mon esprit perturbé par ce que je me refusais bien à imaginer de mon propre chef. Ne pas imaginer le patron nu, en voilà une bonne ligne de conduite difficile à tenir lorsqu'il… se fou littéralement à poils devant mon regard.

« Va pour la pizza! » Le voyant pousser le dépliant dans ma direction, terminant de verser les cocktails, je lui redonne le papier en souriant toujours avant de poser le verre devant lui. « Un… lagon bleu? Trouver le mélange est plus simple que trouver le nom. » Surtout parce que pour le mélange ça passe ou ça casse, mais pour le nom… C'est si facile de tomber dans le ridicule ou le tout sauf appétissant. M'appuyant sur le comptoir, attendant qu'il prenne une gorgée du breuvage, je détourne rapidement le regard pour reprendre le dépliant histoire de m'occuper les yeux. Pas que je ne veuille pas voir sa réaction, mais le voir tout lécher de la sorte n'aide pas mon cerveau perturbé de la soirée. Non pas que je sois une quelconque forme d'obsédé, mais comme toute personne qui n'a rien fait depuis un moment se trouvant devant une nudité appréciable à l'oeil… Je pense trop. Je reste polis, courtois, agréable, mais oui bon sang comme je pense trop. J'essaie donc de me concentrer sur ses commentaires à propos du breuvage, notant bien la remarque bien que j'affiche une moue incertaine. « L'effet est dans le look mon cher bien plus que dans le goût, mais je pourrais tester avec cette alternative oui. » Prenant une gorgée à mon tour, je ne peux que constater que le passage de la langue sur les lèvres est presque une obligation, la laissant à mon tour faire son chemin contre ma bouche couverte de sucre. Bien, prochain.

« Dit-lui que Jack prendra comme d'habitude. » Répondis-je lorsqu'il me demanda si j'avais choisi ce que je voulais. Qui a dit que parce qu'on arrive à cuisiner de façon décente on ne peut pas être flemmard à l'occasion? Attendant qu'il passe la commande et termine son verre, j'en fais de même tout en piochant dans les alcools pour faire un nouveau mélange. « Alors patron, si tu me permets d'être curieux depuis tout ce temps, pourquoi avoir choisi d'ouvrir un nightclub… et le reste qu'on ne mentionne pas? Tu as la fibre entrepreneur, ça se sent, mais ça m'intrigue tout de même. » Mélangeant de l'alcool caféiné à un autre ayant un goût plus sucré et une texture un peu plus épaisse, j'agite le tout avec un peu de glace avant de placer le liquide couleur café clair dans deux petits verres à shooter. Recouvrant ensuite le tout d'un petit tourbillon de chantilly avant de le faire glisser dans sa direction. « Celui-ci est pour ceux qui ont goût d'aventure. À prendre sans les mains. » Un large sourire étire mes traits tandis que je glisse les mains dans mon dos puis me penche vers le verre pour le prendre entre mes dents et faire glisser le tout dans ma bouche avant de le déposer. Non sans avoir besoin d'essuyer la chantilly me couvrant les lèvres par la suite. « Tada! »

Nathaniel... Il connait Nathaniel donc? Enfin, à moins bien évidemment qu'il y ait un autre Nathaniel propriétaire d'un Nightclub dans la ville de Chicago. Je ne connais pas tous les Nightclubs de la ville de Chicago, forcément, mais si on parle bien du même Nathaniel sans doute est-ce une bonne raison de prétendre qu'en réalité le monde est bien petit. Une bonne raison également pour moi de me braquer un minimum une fraction de seconde également en me disant qu'il a peut-être parlé de son employé visiblement apprécié par les clients à son... collaborateur professionnel? Et moi qui croyait trop penser, voilà que je viens de passer à un nouveau stade. Après l'image de mon patron nu s'attardant dans mon esprit, l'image de mon patron nu qui papote de moi avec mon ex... Ex lointain certes, mais ex tout de même. Voilà qui complique grandement les choses. Peut-être lui a-t-il dit que je, enfin que je suis moi. Que je suis ce grand enfant immature avec qui il ne vaut pas la peine s'attarder plus longtemps que nécessaire lorsqu'on a une grande carrière professionnelle devant soi. Raisons qu'il m'a servi sur un charmant plateau doré lorsque nous avons terminé cette histoire de plusieurs années où nous nous accordions à la perfection au tout début en raison de nos âges respectifs, surtout le sien, jusqu'à ce qu'il gagne cette maturité que je n'ai jamais réellement obtenu. Enfin bon, ne présumons de rien et ne gâchons pas la soirée pour si peu. Si réellement il s'agit du même Nathaniel et qu'ils ont parlé de moi, visiblement rien n'était suffisant pour me faire perdre mon emploi. Pas que j'imagine Nate parler en mal de moi de toute façon, tout comme je ne le fais pas pour lui. Les termes étaient clairs, communs et voilà. La vie a continue et nous avons tout deux réalisé notre petit bonhomme de chemin. Le mien me menant à servir des alcools à la méthode de dégustation douteuse à mon patron dans l'attente d'une pizza.

« Je ne doute pas du tout que tu les traites bien. » Que je lui ai donc répondu avant de lui présenter ce chef-d'œuvre de cocktail que j'ai englouti comme une personne ayant visiblement eu l'occasion de le faire à quelques reprises. Je devais bien être en mesure de montrer à nos adorables clients la méthode à utiliser. Le coup de son pouce contre mes lèvres par contre je dois bien admettre que je ne m'y attendais pas du tout. Encore moins le fait qu'il l'a glissé sans l'ombre d'une hésitation dans sa bouche par la suite pour déguster cette petite chantilly égarée. En rien aidant dans la situation, en rien du tout. J'en viendrais presque à m'effondrer de l'intérieur comme une étudiante venant d'embrasser le dieu grecque sur lequel elle bave allègrement depuis des mois si je n'étais pas un adulte un moindrement civilisé s'étant contenté d'esquisser un sourire. Sourire qui ne put que s'étirer davantage lorsqu'il mentionna aimer l'idée et se lança à son tour dans la dégustation peu usuelle du breuvage. Comme un champion même. « Et bien patron, je suis impressionné par tant de dextérité buccale. » Que je mentionne en rigolant avant de ramasser les verres pour passer au suivant. Quelque chose d'un peu plus... consistant dirons-nous.

« Le suivant risque d'être un peu plus coriace, surtout l'estomac vide, mais c'est une bonne façon de tester à quel point il sera nécessaire d'avoir une clientèle ayant au moins mangé quelques arachides avant des les laisser le tester. » Commençais-je en prenant plusieurs bouteilles d'alcools plus fort ainsi qu'une bouteille de tabasco dont je verse allégrement quelques gouttes dans les deux verres. « Celui-ci, je me disais qu'il pourrait avoir un nom du genre... sang de dragon peut-être. Il a de quoi donner envie de cracher quelques flammes. Ce n'est pas pour les bouches sensibles. Alors, ce n'est pas un soucis si tu ne veux pas te lancer. Je comprendrais. » Que j'ajoute sur le ton du défi, profitant visiblement de la situation pour m'amuser un peu et surtout oublier les réflexions ayant pu traverser mon esprit quelques instants plus tôt concernant Nathaniel. « La pizza ne devrait pas trop tarder de toute façon. Tu auras largement de quoi éteindre le feu. » Lui tendant finalement le breuvage mélangeant à bonnes dose la sauce piquante et les alcools ayant une tendance toute naturelle à brûler la gorge et les tripes, j'attends de voir ce qu'il fera avant de songer me lancer à mon tour. L'honneur aux invités.

« Je ne sais pas ce qui peut t'effrayer patron. Tu ne me paies pas à tout savoir de ta vie. » Que je réplique à son commentaire en lui faisant un clin d'oeil avant de glisser le verre, le 'sang de dragon', dans sa direction. Non que toute information ne soit pas bonne à prendre cependant. Je me rendais bien compte que malgré toutes les années que j'avais pu passer là-bas, je ne connaissais pas réellement Alexei. Je n'aurais pu dire ce qu'il aime et n'aime pas, ce qu'il mange et ne mange pas, ou même sa couleur favorite. Si certes j'avais travaillé d'arrache pied à développer une bonne cohésion et un bon esprit d'équipe avec certains de mes collègues, je l'avais surtout fait avec ceux que je me devais de côtoyer à presque chaque quart de travail. Considérant même certains d'entre eux comme des amis bien davantage que des collègues. Ça me semblait être une nécessité afin de m'assurer que nos soirées ensemble ne deviennent pas un véritable cauchemar pour une raison ou un autre. Ça aurait été du joli de voir des barmans s'engueuler pour des broutilles devant les clients. Cela faisait sans doute également parti des nombreuses raisons pour lesquelles j'étais resté ici depuis tout ce temps. J'avais réussi à atteindre ce point où le travail et les collègues sont agréables et où, je l'imaginais du moins, je me trouvais un minimum dans les bonnes grâces du patron. Que je ne connaissais pas pour autant. Je l'observe donc boire le breuvage avec attention, attendant de voir s'il saura lui soutirer une quelconque forme de réaction avant de voir ma curiosité buter contre la sonnerie à la porte. Ce timing tout de même. Amorçant un mouvement pour me diriger vers la porte, je vois Alexei qui en fait de même et ne sais pas réellement quoi faire de plus que le laisser faire. Même si je suis chez moi et que je l'ai invité à tester des breuvages... Comment puis-je le laisser payer ainsi sans dire un mot!? Sans doute est-ce cette aura de patron transpirant de chaque pore de son être m'imposant de simplement ne pas en faire de cas... et glisser un billet dans sa poche plus tard pour payer ma part. Le laissant donc faire, j'en profite pour boire le breuvage à mon tour pendant ce temps. Le sentant plus que bien passé pour ma part et surtout s'ajouter à tout ce que j'avais déjà dans le corps. Je suis largement désavantagé par tout ceci vu tout ce que j'ai pu boire durant mon quart et qui ne s'est pas encore totalement éclipsé hors de mon corps.

Attendant qu'il revienne, je prends ma boîte de pizza qu'il pose sur le comptoir pour en apprécier l'arôme si agréable. « Disons qu'il faut le voir comme un défi. En soit, ce n'est rien de bien dangereux et au maximum ça peut filer quelques brûlement d'estomac. Il suffit d'avoir quelques anti-acides derrière le bar et ce ne serait plus un problème. Peut-être certain vomiront-ils, mais avec un estomac un moindrement nourri je ne crois pas que ça arrivera. » Répondis-je à ses commentaires avant de prendre une première pointe de ma pizza pour la savourer avec satisfaction. « La pizza va définitivement aidé, mais il me reste au plus deux autres cocktails à te faire essayer. Ça prend bien plus de temps qu'il n'y paraît de trouver les bons dosages pour que la chose soit buvable. » Ajoutais-je un peu tristement. J'appréciais bien passer un peu de temps avec lui. Pas seulement parce que je l'avais vu en tenue d'Adam un peu plus tôt. Il m'apparaissait sympathique, souriant, à l'humour facile et au tempérament agréable à côtoyer. Il semblait savoir ce qu'il voulait sans pour autant sembler désobligeant dans sa façon de l'obtenir. Il agissait en bon patron qu'on respecte plus qu'on déteste, arrivant parfaitement à tenir les rangs sans pour autant être un dictateur qu'on aspire plus que tout éjecter. Je l'aimais bien en fait, du peu que je connaissais réellement de lui. Et là encore, je savais trop bien qu'en dehors du cadre du travail parfois les gens changeaient du tout au tout.

Sortant de mes pensées, je prends une nouvelle bouchée de pizza avant de me laver les mains puis m'affairer à réaliser le prochain cocktail. Cocktail que j'imaginais sans peine attirer davantage les femmes que les hommes, il mariait une teinte plus rosée à un mince filet blanc. Le goût était sucré sans pourtant couper l'effet de l'alcool fort roulant dans la gorge de son agréable brûlure avant de laisser planer de nouveau le goût du sucre sur la langue. « Un... les noms ne sont pas encore totalement au point. Une suggestion? » J'observe le cocktail à consistance plus épaisse, un peu comme un smoothie, tout en poussant le second verre dans sa direction. « Peut-être vaut-il mieux le boire en guise de dessert d'ailleurs. Le dernier étant plus sucré également... »