Folle Échappée [PV]

Elle était la princesse et pourtant c'était elle qui allait t'enlever pour plusieurs jours. À cet instant, la Méduse la mis en garde, lui disant que même Alexeï ne comprendrait pas son geste. Mais elle n'en avait fi. L'absence de Benji se faisait sentir et elle a toujours été femme à se faire plaisir. Elle sentait une sincérité en toi malgré ta maladresse à avoir révéler votre relation à ton nouveau petit copain, qu'elle n'avait pas l'habitude de fréquenter auprès des hommes qui étaient nés comme elle dans un milieu plus que favorisé. Elle sentait que tu avais quelque chose à lui apporter, au-delà du plaisir que vous vous donniez. Mais elle savait aussi que vous ne vous compreniez pas toujours et que cela pouvait être dangereux autant pour l'un que pour l'autre. Preuve en était votre discussion où elle n'avait su retenir sa colère qu'en la transmutant en larmes. Est-ce qu'un jour elle oserait lever la voix contre toi comme elle ne l'avait fait jusqu'à présent qu'envers son père? C'était une éventualité qu'elle ne pouvait ne pas remarquer. Tu venais soulever bien trop de choses en elle, cela en était perturbant autant que grisant. Elle s'était souvenue de tes paroles pendant toutes ces journées où vous ne vous étiez plus croisé. Elle ne voulait pas mettre mal à l'aise ton petit-ami, alors elle s'était fait discrète en venant prendre des nouvelles. D'ailleurs, les membres de ton groupe ont pu te dire l'avoir vu eux, contrairement à toi.

Cette envie d'évasion, elle avait vraiment envie de la vivre à fond avec toi. Se couper comme tu l'avais dis, même si elle avait prévenu son père de son voyage. De toutes les façons, la petite maison secondaire où vous vous rendiez, qui était loin des regards indiscrets et moins porteuses de souvenirs, appartenait également à son padre, ce qui aurait fait qu'il aurait été tenu au courant de la présence de sa fille. Elle n'avait juste pas précisé que tu serais là, mais c'était une information qui tomberait peut-être à son oreille. Après ce n'était pas la première fois qu'elle amenait un homme dans cette maison. Sauf qu'habituellement, la raison était qu'ils étaient eux-même italiens. Elle avait pris à côté de ça toutes les dispositions adéquates pour que son équipe se débrouille sans elle. Elle avait également vérifié que tout était correct pour toi, pour que tu ne manques pas à l'avancée de l'album.

Cela faisait une petite demie-heure qu'elle était arrivée au jet. Elle savait qu'elle aurait à t'attendre, son chauffeur lui ayant envoyé un message quand tu t'étais rendu à ton appartement. Elle était habillée assez légèrement d'une robe accentuant sa taille et plus évasée à partir du bassin. Cela mettait en avant ses cuisses vu la longueur de la robe, mais ce qui aidait aussi était ses chaussures rouges à talon. Rien de criant, et pourtant cela rehaussait le doré de la robe. Elle était en train d'écouter les derniers morceaux de l'album que vous aviez enregistré. Elle avait cette primeur et les yeux fermés elle se laissait doucement aller sous ta voix et tous les arrangements que vous aviez confectionné. Elle ouvrit les yeux pile au moment où tu venais de monter dans l'avion et retira ainsi ses écouteurs afin de se lever et venir à ta rencontre. Elle ne put s'empêcher de laisser apparaître un doux sourire, son regard brillant de malice. Clairement Méduse ne la reconnaissait plus. Elle vint glisser ses bras autours de ta taille, se lovant contre toi, ses lèvres en un baiser profond tandis que l'équipage se préparait déjà. Quand vos lèvres se délaissèrent, elle resta contre toi et te souffla: «J'espère que l'accueil ne t'a pas trop effrayé.» Elle glissa une main dans la tienne afin que tu viennes t'asseoir sur le siège à côté d'elle, te laissant le soin de déposer tes affaires là où tu le souhaitais. La place ne manquait pas.

Une fois que tu te sois installée, son corps était entièrement tourné vers toi et elle prit la parole: «Tu te doutes de notre destination?» Elle semblait d'assez bonne humeur, bien loin de la tension ressentit habituellement. Pourtant, elle ne pouvait que venir te toucher, sa main en une frêle caresse sur ta barbe, avant qu'elle ne te glisse: «J'avais hâte à ce moment.»

Méduse essaya encore une dernière fois de convaincre Pandora que cette idée n'était pas bonne. Mais la jeune femme lui spécifia qu'ils allaient en Italie et qu'elle devrait être heureuse de ça. Elle du avouer à contre-cœur qu'elle en était en effet contente...mais qu'elle aurait préféré une compagnie différente. La danseuse ne fit pas de commentaire là-dessus vu qu'elle comprenait pourquoi elle était en froid contre toi. Qu'elle tenait fermement contre elle tandis que tu dis de même en venant lui rendre son baiser. Même si votre dernière discussion n'était pas si loin, elle ne souhaitait pas ramener ça sur le plateau, là maintenant. Tout ce qui comptait c'est que tu te sentes bien. «Pour la discrétion un jet privé c'est toujours mieux.» Elle notait que tu n'étais pas habitué à tout ce luxe, et elle se demanda un bref instant l'image que tu pouvais bien avoir d'elle. C'est ainsi qu'elle ajouta dans la foulée. «Puis je me suis toujours déplacée de cette façon.» Une façon de te faire comprendre d'où elle venait. Elle a toujours connu ça. Jamais de classe économique ou première. Au moins dans un jet, sa sécurité était toujours conservée.

Une fois installés, elle t'entendit deviner le pays où vous vous rendiez. «C'est ça...je ne suis pas très douée pour faire des surprises, n'est-ce pas?» glissa-t-elle amusée elle aussi. Au moins avais-tu retenu ce qu'elle t'avait dit lors du repas. Il fallait dire qu'elle ne doutait pas que tu l'écoutais. Elle sentait bien à quel point tu étais attentif à elle. Comme elle était attentif à tes mains contre sa peau, vos lèvres se retrouvant avec douceur. La perspective de se voir plusieurs jours semblait comme avoir apaisé vos ardeurs. C'était ce qu'elle percevait à travers ta douceur. Elle sourit à l'énonciation de son surnom. Quelque chose lui disait que cela la toucherait encore autant pendant un bon moment. Peut-être toujours. Aux signes de l'hôtesse vous vous attachâmes le temps du décollage, mais Pandora prit l'intiative de retirer les ceintures dès que cela fut possible. La cabine ressemblait davantage à un agréable salon qu'à ce qu'on avait l'habitude de voir dans les avions traditionnels. Pandora avait déjà eu l'occasion d'expliquer ce qu'est un avion à Méduse qui se tenait tranquille de son côté.

Vos doigts entrelacés semblaient naturel en cet instant. Mais ce qui étonna la danseuse fut que tu te mis à la contempler sans même souffler un mot. Elle eu un fin sourire tout en te demandant: «Que vois-tu?» À force d'ainsi la dévisager c'était la première question qui lui venait. Mais dans le même temps, tu voyais qu'elle n'était pas intimidée, inclinant sa tête avec grâce tout en déportant sa chevelure vers son épaule droite, découvrant son cou, en un acte naturel mais sensuel. «On m'a dit que le tournage s'est bien passé...et avant que tu n'arrives j'écoutais les derniers morceaux...vraiment parfaits. Je n'ai aucun doute sur votre succès. Tu le sais au moins?» Elle était revenue dans sa position de mécène, avant de couler vers celle plus intime, sa main venant glisser sur ta nuque, avant qu'elle ne poursuive: «Ton doigt semblait mieux aller aussi...on m'a dit que tu as rapidement su rejouer.» Elle souleva ta main où se trouvait le pansement, afin de venir embrasser la phalange la plus proche. «Tu pourras ainsi jouer pour moi.» Cette fameuse chanson de la première fois. Elle l'avait particulièrement touché, car elle était un peu votre musique.

Soudainement elle se leva de son siège, et vint s'asseoir sur tes genoux, d'une façon civilisée mais suffisante pour que tourner de trois quart, ses bras autours de ta nuque, elle puisse venir voler tes lèvres sans mal. Un baiser doux, voluptueux, qui était à l'image de là où vous vous trouviez, des kilomètres au-dessus du sol. Elle vint te souffler à l'oreille: «Rassure toi...Je ne compte pas te faire l'amour ici...je voulais juste sentir tes mains sur moi...Mais je peux tout aussi bien aller me rasseoir à côté»?» Elle leva un sourcil de défi. Elle était bien plus joueuse et séductrice qu'elle ne pouvait le laisser paraître. C'est dans ce genre de moment que tu pouvais percevoir qu'il y avait deux Pandora. Une plus assurée, sans aucun doute blessée...et l'artiste qui semblait toujours bien loin du sol et ses réalités.

N'était-ce pas trop beau parfois? Cette façon que tu avais de la regarder? Ces mots soufflés tout bas - si bas - qu'on aurait pu croire qu'elle les avait imaginé? N'était-ce pas trop doux entre vous, au point que seule la passion savait faire venir frisonner vos corps? N'était-ce pas trop tragique dans le fond, quand on savait que vous ne pouviez vous appartenir, que vos chemins ne sauraient que se croiser et ne jamais se fondre. C'est tout cela que Méduse pouvait s'amuser à murmurer à Pandora. Lui rappeler le funeste de votre relation. Lui rappeler que tu avais choisi d'officialiser une relation tout récemment alors même que tu semblais pouvoir tout abandonner pour elle. Chose qu'elle ne te demanderait pourtant jamais. Chose qu'elle n'entreverrait jamais. Pourtant la gorgone s'amusait en dessous de ses boucles blondes. Elle avait envie de créer le trouble entre vous, elle en avait marre que vous deviniez le moindre geste de l'autre ou sa moindre volonté. Il y avait un quelque chose de trop parfait, et ça ne pouvait que mal finir pour toutes les raisons citées plus avant. «Quelques fans? Elles étaient jolies j'espère.» Elle avait l'intuition que tu plairais aux femmes, même si manifestement aux hommes aussi. Mais elle n'alla pas sur ce terrain-là pour le moment, préférant rejoindre ton corps, sentir la caresse de ton souffle et la maîtrise de tes mains.

Elle resta donc à sa place, ses doigts perlant sur ta nuque, tandis que les tiennes se glissaient sous sa jupe. Besoin de toucher, d'affirmer la connexion qui pouvait se montrer fébrile quand vous ne pouviez vous exposer. Mais ici dans ce jet, même l'hôtesse ne vous dérangera pas. Elle avait ordre de ne repasser que lorsque l'italienne l'aura sonné, et s'il y avait la moindre urgence, une lumière rouge viendrait à s'enclencher avant qu'elle ne fasse son apparition. Des choses que tu ne savais pourtant pas, tandis que tu l'amenais à se mettre à califourchon sur toi afin d'avoir une meilleure emprise sur ses cuisses, tandis que vos lèvres ne s'ennuyaient pas de ce nouveau langage entre vous. La détente s'empara de ses muscles, les souffles se faisaient plus lascifs, moins secrets, comme une permission que vous vous donniez mutuellement à profiter pleinement de votre présence. À chacun de vos baisers, elle se rendait compte qu'elle aimait se perdre en toi, oublier le quotidien et toutes ses responsabilités. Elle avait juste envie que l'inspiration vous possède comme elle semblait le faire pour le moindre de vos mouvements et désirs. Doucement, elle releva le visage, venant frôler tes lèvres de sa main tout en te souriant légèrement.

«L'amour est un feu dont la chaleur s'amortit faute d'aliment, et le refroidissement en est plus prompt quand la flamme a plus de surface que de profondeur, quand le corps aime plus que l'âme.» Elle avait prononcé ces mots très calmement en italien. «Tu connais? C'est Charles de Bernard qui a dit ça, un critique d'art...» À ces paroles, elle se dégagea de votre étreinte qui avait duré plusieurs minutes. Son attitude démontrait-elle qu'elle ne voulait pas voir votre amour s'éteindre? Entendait-elle qu'il y avait de l'amour? Une phrase qui restait quelque part bien mystérieuse. Elle retourna à sa place, son regard se perdant un instant sous ses paupières, comme si elle était soudainement lasse. L'air de rien, croisant les jambes, elle reprit la parole: «Qu'aimeras-tu faire pour ces deux nuits loin de Chicago? Peut-être te reposer du tournage...faire de longues ballades...peut-être de l'équitation?» Elle pouvait donner encore cette impression de se distancer, pourtant ces paroles précédentes étaient le genre de confidence qu'elle ne t'avait jamais faite jusqu'à présent.

Un éternel enfer. Des flammes qui ne s'éteignent jamais. Une souffrance qui ne pourra que se faire plus présente. Jusqu'à ce que tu t'en lasses. Jusqu'à ce que vos sentiments trépassent. Elle voulait croire en tes paroles, mais pourtant son regard s'assombrit légèrement. «Crois-tu réellement que tu pourras faire ça? Que tu le voudras seulement?» Elle ne t'en voudra pas - si elle t'en voudra - personne n'a su rester auprès d'elle autrement que comme protecteur. Défenseur de Pandora. La boîte qui attirait mais contenait toutes les atrocités que portait désormais le monde. Était-ce ce qu'elle faisait. Ce qu'elle te ferait? Du mal indubitablement. Mais pourtant n'était-ce pas toi qui lui en avait déjà fait? Trahissant ta promesse qu'elle te reste secrète? Sans compter cette autre douleur qu'elle ne souhaite pas nommer. Cette sensation dans ses entrailles qu'elle a eu en te voyant l'embrasser. Elle n'osera pas venir l'aborder. De quel droit? Aucun, elle n'en avait simplement aucun envers toi. Elle devait se faire une raison. Cela était bien plus facile quand elle était dans tes bras. Bien plus facile quand aucune parole ne pouvait être échangé. Mais une fois séparé, le froid revenait, saisissant.

Tes doigts s'emmêlèrent aux siens. Caresse soyeuse qu'elle aimait ressentir. Son regard se fit douceur quand il rencontra à nouveau le tien et que tu venais lui parler de romantisme. Tout semblait porter cette touche avec toi. Elle s'était demandée si cela serait viable sur le long terme. Si cette façon d'être résisterait aux frasques du temps. Ou si au contraire cela s'essoufflerait comme la gorgone le lui murmurait. Mais en l'état actuel des choses, elle trouvait cela naturel. Que tu n'acceptes pas indéfiniment ne pas être le premier homme dans sa vie publique. Parce-qu'actuellement, alors que tu n'en sais rien, tu restes le premier dans sa vie privée. Mais pour combien de temps? Elle vous a forcé à vous reléguer dans une seconde place qui n'aurait pas eu lieu d'être dans un autre espace temps. Elle vous avait condamnés pour le dire autrement. «Tout pour te faire plaisir...tout cela est possible. J'espère aussi que tu joueras pour moi dès ce soir...si tu le veux bien.» Elle se rappelait les paroles bien plus en détail qu'on n'aurait pu le penser. Une mélodie qu'elle n'a d'ailleurs pas vu sur l'album...Elle remarqua brièvement un éclat dans ton regard, mais elle perdit le contact quand tu le portas sur son corps, comme désireux d'à nouveau la toucher entièrement.

«Entre mes bras, tu ne te reposeras pas.» Elle se pencha pour venir se saisir de tes lèvres en un baiser plein de promesses. «Jamais.» Elle s'éloigna, la malice dans son regard ne laissant aucun doute sur ses insinuations. Même si dans les faits également, elle savait se montrer aussi rêveuse que toi. Elle savait se laisser porter par les vagues de ses pensées, mais aussi par la beauté de la nature. Une part d'elle qu'on disait fragile. Qu'elle ne manifestait jamais entièrement, sauf en présence de ses très proches. Peut-être aussi de toi. Elle posa sa tête contre le dossier, tournant son visage vers le tien, sa main délaissant la tienne pour venir dessiner de son index des tracés sur le dos de ta main en des caresses vibrantes. «La chanson que tu m'avais joué...je ne l'ai pas entendu dans l'album. Tu as changé d'avis?» Son intérêt n'était pas celui de la mécène ici. Tes paroles venaient toucher ses propres pertes. Autant ce frère décédé trop tôt, que cette mère qui s'est noyée dans ses propres poumons. Mais de tout cela elle ne pouvait te parler. Pas ainsi, pas sans invitation. Elle faisait ainsi ce qu'elle savait de mieux: s'intéresser à l'autre, à toi, afin de dénicher des pistes de compréhension et qui sait, encore plus de connexion.

De la dévotion. C'était ce qu'elle ressentait en tes paroles et elle en frémit. Et Méduse aussi. Elle n'était pas une déesse, personne n'avait bâtit de temple en son honneur. Et elle sentit que tu le ferais pour Pandora. Peut-être pas un temple en pierre, mais une musique en son honneur. C'était étrange pour l'italienne de ressentir la gorgone être touchée. Encore plus par toi. Mais en même temps naquit une jalousie, diffuse et tacite, mais bel et bien présente. L'injustice qu'elle a pu ressentir qui n'avait jamais été reconnu. Et voir que tout le monde s'en moquait, car certaine n'était pas des déesses, mais étaient vu comme telles. La voyais-tu ainsi? Comme une déesse? Une femme divine pour qui tu pourrais tout donner jusqu'à brûler ton âme au diable? Jusqu'à bafouer tous tes principes? Pandora était loin de se douter que tu avais commencé à mentir pour elle. Pour la garder secrète, pour rattraper sa promesse. Elle ne saurait pas comment réagir si elle l'apprenait. Sans doute que ses sentiments gonfleront encore plus. Si tu étais prêt à te perdre pour la trouver, alors peut-être que tes ombres pourraient un jour se mêler aux siennes. Mais voulait-elle seulement cela pour toi? Elle était encore loin de connaître tes souffrances. Elle ne percevait que ce que tu lui donnais à voir. Et en cet instant, à tes paroles, elle voulait y croire, au point de murmurer: «Même après?» Tu n'attendais rien. Et elle devait-elle attendre? Que tes paroles soient véridiques? «Aucun homme ne m'a jamais regardé comme tu le fais.» Une confidence. Au sens non révélé, mais le ton de la jeune femme ne trompait pas. Tu venais d'étreindre plus que son corps en cet instant, mais bel et bien son cœur. Mais ni toi ni elle n'en connaissiez encore les conséquences.

N'importe quelle musique...elle aussi pourrait t'en chanter, et même laisser ses doigts s’enivrer sur les touches du piano. Sans doute alliez-vous créer ensemble? Que de possible qui s'ouvrait quand il y avait plus qu'une unique nuit au programme. «Cette nuit alors...J'ai prévu une ambiance qui j'espère te plaira.» Elle demande et les choses se font. Cela a toujours été ainsi dans sa vie. Peut-être n'est-ce pas si anodin que tu la nommes "Princesse", peut-être aussi est-ce pour cela, que tel un chevalier, tu te mets naturellement à la servir. Mais est-ce les chevaliers qui finissent avec les princesses, ou uniquement les futurs rois? Une question à se poser au coin du feu pour philosopher dessus. À moins que ce ne soit toute autre chose que vous feriez devant un feu? Elle accueillit ton baiser avec joie, appréciant les paroles que tu glissas. La malice et la complicité se lisait entre vous, sans parler de cette tendance à sans cesse venir vous toucher, comme pour s'assurer que tout cela était bien réel.

«C'est encore trop tôt n'est-ce pas?» C'est ce qu'elle te souffla suite à tes paroles sur la chanson. Trop tôt pour laisser l'être aimé t'échapper. Elle avait elle-même écrit de nombreuses chansons sur les morts qui ont ponctué son enfance, et cela avait toujours été un déchirement que d'offrir ces musiques au public. Mais aussi libérateur. «Je suis heureuse que tu me l'ai partagé cette nuit-là...notre première nuit.» Son regard se troubla un instant. Comme lors de ce soir-là où elle était déboussolée, non apte à garder ses distances avec toi. Un basculement. Voilà ce que tout cela avait été. Un basculement qui l'a amené dans tes bras. Et ensuite dans tes draps. Était-elle là au final pour remplacer ton amie? Ne vous étiez-vous pas égarés en chemin, à dépasser les limites pour fondre vos corps? Ne devait-elle pas rester simplement mécène et confidente et non point amante et princesse? Pandora ne voulut pas penser à tout cela, sa main revenant se blottir dans la tienne.

Elle esquissa un sourire las quand tu lui demandas de te parler de la sécurité. Tu apprendras bien assez tôt qu'elle était pratiquement sans cesse garder. «Mon père sait que je vais être dans notre petite maison secondaire en Toscane. Il apprendra bien assez tôt que tu te trouvais avec moi.» Son sourire s'agrandit. Son père savait tout de ses déplacements. Absolument tout. «Il y aura des gardes oui. Où que je vais, je n'y vais jamais seule. Mais rassure toi, tu auras l'impression que nous ne sommes que tous les deux pour notre pique nique par exemple, c'est une question d'habitude...» Pour le reste, on s'y habitue, on oublie les hommes en noirs disséminés un peu partout, soucieux d'observer les alentours. Son autre main vint se saisir de ton visage, glissant sur ta joue avec lenteur. «Tu trouves que cela est trop? Dis moi ce que tu penses. Sans détours s'il te plait. J'ai l'habitude qu'on ne comprenne pas pourquoi je suis autant entourée.» Sa voix était toujours aussi douce, avec une chaleur qui la rendait presque sensuelle en cet instant.

Le reste du voyage se déroula autours de discussions légères, des répliques taquines et vos corps qui se sont rappelés l'un à l'autre à de nombreuses reprises. Sans doute à un moment, vous êtes-vous laissé partir à quelques songes...le vol durant quasiment huit heures. Il y eu bien entendu de quoi vous nourrir, de quoi vous détendre...

À votre arrivée, une limousine vous attendait, ainsi qu'un garde du corps qui monta au niveau du chauffeur, vous laissant votre intimité à l'arrière du véhicule. Le vol vous avait prit toute votre journée, et avec le décalage horaire, il était plus de minuit en Toscane. Votre arrivée à la maison se fera de nuit. Pandora était quelque peu fatiguée, et dans le confort de la limousine, elle vint se blottir contre toi, posant sa tête sur ton épaule. Elle leva son visage pour venir voler tes lèvres à nouveau. Elle paraissait bien loin de la femme d'affaire en cet instant et même de l'artiste. Elle semblait plus apaisée désormais qu'elle se trouvait sur ses terres d'origine. Elle vint te souffler à l'oreille: «Bienvenue sur mes terres de naissance...». La voiture démarra. Vous en aviez pour une petite demie-heure de trajet. Elle soupira doucement, tout en murmurant:«J'avais tellement besoin de revenir ici en ce moment...»

Les promesses se brisent tôt ou tard contre les rivages. Il y en avait de trop entre vous. Elles prenaient de l'ampleur sans que vous n'y puissiez rien à chaque fois que vos regards se croisaient. C'était comme une malédiction à laquelle vous ne pouviez réchapper. Comme un destin que vous ne faisiez qu'embrasser car vous n'aviez pas le choix. Aussi surprenant que cela puisse paraître, vous ne l'aviez pas quand vous vous faisiez face. Vous répondez l'un à l'autre par une force qui vous dépasse. La même force qui vous donne la sensation qu'il n'y a qu'une issue. Retrouver le chemin jusqu'à l'autre. L'honorer, le chérir, jusqu'à ce que mort s'ensuive. Vous ne courriez pas à votre perte. Non, vous l'appeliez. Par cette escapade secrète. Par vos doigts qui se cherchent et vos langues qui s'appellent. Ensemble vous chantiez déjà votre fin. Parce-que vous osiez croire, même discrètement, que tout cela pourrait être plus qu'une parenthèse. Plus qu'un moment volé dans la vie de l'autre. Et ta confidence en écho à la sienne ne peut que la faire frémir. Et ton regard miroir au sien ne peut que se froisser de ce désir et de ce sentiment trop précieux pour être nommé.

Durant le reste du voyage, vos propos montraient votre déraison. Cette propension à murmurer des choses douces mais qui deviendront poison une fois que vous serez seuls dans vos draps. Une fois que la vie vous aura effacé de votre quotidien. Première nuit. Quand sonnera l'heure de la dernière? Peut-être est-elle quelque part dans ce voyage à l'autre bout de l'océan? Des choses auxquelles l'italienne ne pensait pas, se laissant doucement aller dans la clarté de ton regard qui la couvait comme peu d'hommes avaient su le faire. Beaucoup voyait en elle un joyau, quelque chose à chérir, à protéger, mais surtout à posséder. Mais toi tu acceptais qu'elle ait quelqu'un d'autre dans sa vie, tu acceptais qu'elle puisse te mentir, et sans aucun doute te convaincras-tu, si tu l'apprenais, qu'elle le faisait pour ton bien. Alors était-elle bien réelle, ou uniquement une illusion? On aurait tout droit de se le demander.

«Nous allons résider dans la maison secondaire pour éviter de le rencontrer par inadvertance s'il venait à débarquer en Italie en même temps que nous. Mais à priori des affaires le retiennent à Chicago donc rassure toi, tu ne le verras pas.» Elle avait senti ton appréhension face à la perspective de rencontrer son padre. Ainsi sa caresse se fit plus tendre encore au niveau de ton visage, comme pour chasser tout doute de ton regard. «Je te parlerai un peu plus de lui si tu le souhaites quand nous serons plus posés. Tu n'hésiteras pas à me le rappeler.» Une ouverture. Sensible. Sur sa vie et ses proches. As-tu au moins remarqué qu'elle ne parle jamais de sa mère? Comme un fantôme dans sa vie qui n'a pas lieu d'être? Un sourire finit d'éclairer son visage face à ta compréhension sur sa protection. «Je peux au moins te dire que s'ils sont là, ce n'est vraiment pas que pour les apparences.» Une façon de te dire à demi-mot qu'il y avait réellement un danger pour elle de se retrouver sans tous ces gardes. Mais il était clair qu'elle ne reviendrait pas là-dessus durant le vol qui se passa donc sans anicroches.

Elle avait également pu s'endormir durant ce vol, ce qui lui valu de ne pas être trop fatiguée en arrivant en Toscane. Elle se trouvait bien blottie contre toi tout le long du trajet sur des petites routes qui menaient à la résidence. Cela était pourtant une pause. Dans cette vie qui prenait un tournant inhabituel avec Méduse en elle, Mara en toi. Mais cela ne t'arrêtait pourtant pas de nourrir des souhaits vous concernant. Se rendre également là où toi-même tu es né. Cela arrivera-t-il réellement un jour? Elle préféra le silence. Inspirer ton odeur tandis qu'elle ouvrit en partie la fenêtre afin que l'odeur des lavandes et de la nature toute entière vous parviennent. Elle se sentait toujours renaître quand elle arrivait en son pays.

Sa main se saisit de la tienne. La demeure dans un style purement de la région était peu éclairée afin de préserver la faune locale. Elle eu à peine mis ses deux pieds hors du véhicule que tu la surpris en la soulevant du sol, se retrouvant entre tes bras, ce qui la fit doucement rire. Il y avait quelque chose de bien trop généreux en toi envers elle. Quelque chose qu'elle n'avait jamais perçu chez personne. Elle se doutait pourtant que vous étiez loin d'avoir eu le même parcours, les mêmes environnements. Mais elle notait que tu faisais tout pour rester centré sur elle et ne pas te laisser perturber par ce qui vous entourait. Une fois le pas de la porte passé, elle put retrouver son autonomie tandis qu'elle te laissait découvrir l'endroit. Des colonnes imposantes, un marbre assumé, et des escaliers qui s'élevaient vers un unique étage. Naturellement, le majordome se présenta à vous, en italien comme pour tous les autres employés de la bâtisse. À cette heure-ci il y avait un homme qui s'empara de vos bagages, et elle lui parla en italien pour aller conduire ta guitare dans la mini-veranda. Elle alla murmurer auprès du majordome qui sembla lui confirmer ce qu'elle lui demandait. Ce n'est qu'à partir de là que sa main se joignit à la tienne: «Bienvenue dans la maison de campagne des Lucchese.» Elle semblait soudainement plus joueuse encore, avec une nouvelle joie dans le regard. «Comment trouves-tu cela? C'est dans cette maison que j'ai passé la majorité de mon enfance avant qu'on ne doive se rendre à Chicago pour rejoindre mon père.» Vous ne suivîmes pas les bagages à l'étage, mais empruntâmes un couloir pour vous rendre dans la même direction que ta guitare. Ce "on" devait inclure elle et d'autres membres de sa famille, mais elle ne vint pas préciser. «Tu n'es pas trop fatigué j'espère?» Le voyage fut assez confortable, et ayant dormi, plus le décalage, Pandora ne se sentait pas particulièrement prête à s'endormir.

Surtout qu'elle avait fait préparé cette terrasse intérieure, très intimiste que tu pus découvrir. Des lumières étaient présentes bien que tamisées, et surtout l'endroit respirait une chaleur et une douceur qui se prêtait bien à ce voyage. Ta guitare t'attendait sagement à côté d'un des fauteuils. Elle se tourna alors vers toi afin d'y voir briller toutes ces chandelles, ses bras autours de ta nuque, sa taille offerte: «J'espère que tu apprécies cette surprise dolce meta...» Un nom qu'elle te donna sans même s'en rendre compte. Une promesse de trop. Son baiser se fit doucereux, tandis que son corps épousait entièrement le tien comme si vous étiez bel et bien la moitié de l'autre. Alors que ce moment aurait pu durer éternellement, elle s'éloigna doucement de toi, ses mains glissant le long de tes bras, jusqu'à la pointe de tes doigts. «Surtout mets toi à l'aise...Il y a de quoi manger dans le fond là-bas...Je reviens très vite.» Elle s'éclipsa, te laissant seul dans cet endroit. Un moment pour te retrouver. Un moment pour ressortir ta guitare vu qu'il semblerait que ce soit l'un de ses désirs, ou encore d'aller piocher un fruit ou encore une charcuterie, du fromage. Tout cela ressemblait presque à un mini-buffet romain, du vin étant aussi présent.

Au cœur de la nuit, tout devenait possible. Comme un songe éveillé, que la danseuse comptait bien rendre encore plus réel. Comme un spectacle qu'elle aurait orchestré, sauf qu'ici point de spectateur à part toi. Voulait-elle voir tes yeux briller encore et encore? Ne pouvait-elle se contenter de la simplicité? À dire vrai, elle aimait les mises en scène, venir magnifier ce qui existe. Il n'y avait dans toutes ces surprises qu'une démonstration de sa fibre artistique. Elle n'avait pas été bien loin, simplement une pièce adjacente où elle avait fait préparé une tenue qu'elle était déjà entrain d'enfiler. Une tenue qui rappelle la nymphe qui se trouve en elle, bien loin de la gorgone qui s'est terrée dans un coin en vue de s'endormir. Elle trouvait ces moments bien trop peu attrayants. Il y avait bien trop de légèreté qui manquait tant à son cœur de pierre. C'est ainsi que Pandora prit le temps de recoiffer sa chevelure, emmêlée par le temps qui a couru, ainsi que de revêtir son parfum mêlant jasmin, rose et sensualité. Ce changement d'habit, lui donnait la sensation d'un nouveau souffle pour cette soirée qui avait débuté il y a bien longtemps. Plusieurs choses méritaient pourtant d'être soulevées comme les mots qu'elle avait osé prononcer, mais aussi ta façon de l'avoir entraîné dans la maison. Ce n'était pas des gestes ou des paroles anodines, mais elle aimait à penser que tout redeviendrait comme avant une fois à Chicago. J'y veillerai. Souffla au final Méduse dans un soupir. Tu ne peux te permettre de rêver éternellement bambina. Il n'est pas fait pour toi. Il te l'a prouvé en choisissant un homme comme petit ami. Sans s'en rendre réellement compte, la gorgone vint aider Pandora à réaliser qu'elle restait l'unique femme dans ta vie. Tu ne pouvais la remplacer n'est-ce pas?

Elle entendit les cordes émettre une légère mélodie. Un sourire naquit sur ses lèvres, tandis qu'elle attrapait une chemise à l'image de ses voilages qu'elle comptait bien te faire porter. Doucement, sur la pointe des pieds, rappelant sa formation classique, elle revint dans la véranda. Sa chevelure reflétait toutes les lumières qui se réfléchissaient sur elle, ne la rendant plus brune, mais réellement blonde. Ses voilages venaient former une robe toute en transparence et à la texture lascive, qui donnait la sensation qu'à tout moment cela pourrait glisser de ses épaules et de l'offrir nue. Elle était réellement comme une nymphe, sa chevelure entourant son visage et le rendant encore plus désirable. Elle avança vers toi, déposa la chemise qu'elle tenait sur le canapé, avant de faire lentement glisser la guitare d'entre tes mains. Tout cela dans un silence infini, son visage proche du tien, tandis que ses mains se faufilaient sous ton haut, effleurant ta peau pour le retirer. Ses lèvres semblaient venir aux tiennes, mais au lieu de cela, elle vint t'aider à revêtir la nouvelle chemise. Blanche, très légère, à la texture soyeuse et agréable. Vous étiez désormais accordés. Elle vint à califourchon sur toi, volontaire, et pourtant, à part ses cuisses jouxtant les tiennes, elle n'était qu'effleurage, dégageant même tes mains quand tu vins te saisir de sa taille. Du bout des lèvres, elle vint glisser à ton oreille: «Joue notre musique...» Ses lèvres s'écartèrent et elle se redressa, te laissant te saisir de ta guitare. Elle ne venait pas s'asseoir, mais au contraire sembla prendre une pause, son visage détourné du tien et caché par sa chevelure telle un voilage. Tu pouvais deviner la pointe de sa poitrine sous le tissu qui était tout en ombre et lumière. Tu ne te voyais pas, mais le blanc venait allumer ton propre regard, à moins que cela ne soit autre chose?

Quand tu te mis à jouer, elle commença à bouger avec lenteur. Son visage se découvrant à nouveau à toi, ses lèvres s'entrouvrant, se fermant, ses yeux exprimant toutes les émotions que ta voix transmettait. Votre connexion était à cet instant complète. Ou bien presque complète...

Onirisme. Volupté. Qui s'élève à chaque nouvel accord, à chaque nouvelle note que ta voix émet avec émotion. Une main se lève, comme en recherche du fruit défendu, avant qu'elle ne reprenne sa place le long du corps de la nymphe. Parce-que c'est ce qu'elle devient sous cette mélodie, ainsi parée de cette robe qui n'en est pas vraiment une. Les voiles se déploient, cachent et montrent, autant que son corps ne laisse présager les prochains pas, les futurs mouvements qui glissent sur le sol et à travers les airs. Il y a ensuite sa voix, au diapason de la tienne, qui se met à se faire entendre et à se mêler à tes intonations de tête, tandis que chez elle cela part du coffre. De ce corps qui ne cesse de se mouvoir, son regard te caressant quand l'occasion lui en est donné. C'est tendre, d'une sensualité irrésistible, mais à laquelle elle ne compte pas plier. C'est magique. Ce cette magie qui pare les contes de fées et qui rappelle un temps oublié. Où n'existait que les corps et les instruments. Où tout le reste du monde pouvait bien hurler, qu'il ne pouvait se faire entendre de deux amants qui se retrouvaient enfin seuls. Une solitude qui ne vous pesait pas, mais qui vous emmenait dans cet univers que nous nourrissiez dans votre inconscient. N'a-t-elle fait ici que donner forme à ce qu'il y a de plus beau en vous. Parce-qu'elle le voit également en toi. Le noir a laissé place à plus de clarté, amenant ta peau - si clair - et tes cheveux - si intense - à projeter toute leur lumière. Tu l'éblouis, et ainsi elle danse et t'accompagne de sa voix. Il n'y a pas qu'une façon de faire l'amour, il y en a des plus subtiles, comme cette manière qui vous emporte autant que vous voguez sur elle.

C'est ainsi, suivant le courant, qu'elle vint simplement faire cesser la guitare en récupérant tes mains et t'amenant à danser avec elle. À l'accompagner, comme elle venait de le faire pour toi pour le chant. C'était toujours aussi gracieux, si ce n'était plus, avec ta voix à cappella, la sienne ne venant désormais que soutenir certains passages. C'était vertigineux de sentir tes mains sur son corps. C'était prodigieux de constater que vous n'aviez rien à faire pour vous retrouver sur la même longueur d'ondes. Que ces dernières soient vocales ou dansées. Peu à peu, ta voix devenait un murmure et un souffle. Ta main la ramena tout contre toi, et un baiser scella cette entente sacrée. C'était plus que la beauté que vous veniez d'exprimer là. C'était votre amour. Aussi secret devait-il le rester, vous veniez de le célébrer. Cela aurait pu se passer autrement. Il y aurait pu y avoir de fausses notes. Et pourtant aucune ne s'est fait entendre. Uniquement une harmonie qui faisait vibrer vos deux corps qui se pressaient en une étreinte étourdissante. Peut-être était-ce simplement car tu lui faisais perdre pied. Littéralement, elle se laissa porter sans que votre baiser ne soit rompu. Et puis quelques pas encore, et la terre revint à elle, tandis qu'elle entendit et frémit à tes paroles. Dévotion. Était-ce que cela? Ou davantage? Elle décida de ne pas s'y attarder.

Ni de nommer ce qu'elle ressentait en son cœur. Une chaleur diffuse et bienfaisante. Une énergie qui la traversait et qui pouvait à jamais l'emporter dès qu'elle croisait ton regard. C'était déraisonnable, mais cela existait bel et bien, ici et maintenant. C'était de la folie, et pourtant elle se laissait porter sur l'instant, ne désirant que toi dans toute ton entièreté. Pas uniquement tes mains ou tes lèvres mais également ton cœur. T'offrirait-elle alors le sien? Avait-elle seulement à le faire? Aucune pensée ne venait distordre ce moment, aucune réponse non plus. Elle voulait simplement vivre l'instant, prête à s'abandonner entièrement quand tu vins nommer ce qu'elle préférait taire. Étais-tu si sûr de vouloir tout lui donner? Son regard ne quitta pas le tien, mais elle ne parvenait pas à te souffler son amour en retour. Une main vint caresser ton visage, tandis que ses lèvres t'offrir un léger sourire. Elle ne pouvait te fuir. Elle ne le voulait pas. Elle ne pouvait nier que tu as raison. Quel était ton amour autant que tu étais sa moitié. Que tu l'aimais, sans doute autant qu'elle pouvait le faire. Mais n'étiez-vous pas cassés tous les deux? Apte à aimer deux personnes, comme deux parts de vous qui ne pouvaient se fusionner? Ou la vérité est ici toute autre, une vérité plus grande que cet amour qui se ressent au moindre de vos regards. Celle que Pandora n'osera encore moins prononcer que son amour envers toi.

«Fammi vedere quanto» soufflé tout aussi bas que toi, tandis que ses lèvres venaient se saisir des tiennes, que ses bras venaient entourer ta nuque avec plus de force et de passion que durant votre danse éternelle. Son genou caressant l'extérieur de ta jambe et faisant glisser ta main sur les voilages.

L'italie comme berceau de votre amour. À moins que ce ne soit le pays qui vous a fait perdre l'esprit? Ce qui s'affichait entre vous était toutefois lumineux malgré l'éclairage tamisé. Elle ne pouvait nier ce que tu lui faisais ressentir juste en étant présent, encore plus quand elle dansait sur ta voix. T'a-t-elle dit qu'elle est tombée amoureuse du timbre de de cette dernière lors de votre première rencontre? Bien sûr que non, comme elle n'utilisait pas de mot pour t'avouer ses sentiments. Était-ce réellement nécessaire entre vous? Une part d'elle soufflait que oui, elle aimait entendre ces mots d'amour de ta part, alors même qu'elle y résistait tant à Chicago. Mais elle voulait croire qu'ici c'était différent. Croire que vous pouviez vivre sans conséquence ce que vos cœurs vous hurlent malgré vos relations respectives. La vérité étant toutefois loin d'être cruelle en cet instant où elle te demande de venir lui prouver cet amour que tu dis vivre pour elle. Déjà sa peau répond en frissons à tes caresses, le tissu se laissant malmener son mal. Déjà, elle se sentait soulever, libérée de la gravité, tandis que vos lèvres ne pouvaient que se lier et qu'elle sentit son dos heurter doucement le mur. Peu lui importait l'endroit, tout ce qu'elle souhaitait c'est que son cœur cesse de battre pour s'unir pleinement au tien.

Elle ouvrit davantage sa nuque, l'inclinant pour que tes lèvres viennent caresser sa peau, tandis que ses cuisses se serraient contre les tiennes. C'était une danse que vous connaissiez, mais qui ne pouvait totalement s'accomplir ici. Dès que votre second baiser s'éteignit, elle vint glisser ses lèvres dans ton cou, vos souffles commençant à gonfler d'envie, et murmura: «Je sais que tu veux découvrir ma chambre.» Malicieuse. Elle eut un mouvement du bassin tandis que ses jambes s'arquèrent vers le bas pour t'inviter à la laisser retrouver terre. Son regard contempla un instant le tien, tandis qu'elle caressait, comme le découvrant pour la première fois ton visage. Finalement elle se saisit de ta main, et il te suffisait de la suivre pour trouver votre chemin dans le couleur peu éclairé pour cette heure tardive. Vous avanciez ainsi ensemble, vous arrêtant par moment pour lier vos lèvres et à nouveau vos corps, la jeune femme partant parfois à rire tandis qu'elle t'échappait et que tu la rattrapais. Vous ressembliez à de jeunes amants, à un premier amour...mais cela n'était pas possible, n'est-ce pas?

Après vous êtes gentiment coursés dans l'escalier, et avoir suivi un couloir qui pouvait paraître long, elle ouvrit une porte sur une chambre qui était éclairée elle aussi par des chandelles. Elle l'avait fait apprêté pour ta venue, et naturellement elle alla s'installer sur le lit, ses voiles dévoilant encore une épaule, tandis qu'elle s'installait sur ses coudes, sur le dos, un genou pliée dévoilant l'entièreté d'une de ses cuisses. «Est-ce que tu es enfin prêt à me prouver tout cela?» Une lueur de défi dans les yeux, un amusement manifeste, alors même qu'elle mourrait d'envie d'encore te sentir contre elle.

Tandis qu'elle te défiait, tu te tenais adossé à la porte. Une part d'elle s'adoucit à te voir si serein en sa compagnie, bien loin des tourments que vous aviez traversé. Elle avait tant l'impression que vous vous connaissiez depuis bien plus longtemps que ne le laissait présumer votre espace temps. La gourmandise dans ses yeux était adoucit par ce qu'elle ressentait tout au fond d'elle. La sensation était délicieuse tandis que tu t'approchais en déboutonnant calmement ta chemise avant de la retirer et la rejoindre sur le lit. Chacun de tes baisers étaient une promesse silencieuse, chacun de tes gestes l'envahissait de cette impression de ne pas pouvoir te résister. Elle l'avait déjà fait pourtant autrefois. Elle se souvient du ton tranchant de sa voix, de ses mises en garde, de toutes ces barrières que tu balayais d'un geste, d'un regard, d'une parole. Tu n'as jamais douté contrairement à elle. Parce-qu'elle a avant tout douté d'elle-même. De sa capacité à te laisser une place dans sa vie. De l'envie qu'elle avait à te garder. Mais dès le début, sans doute inconsciemment, elle s'était mise à lutter contre ce sentiment que son cœur battait au même rythme que le tien. En cet instant, elle avait fait le choix d'abandonner et de se laisser aller, mais jusqu'à quel point pourra-t-elle le faire? Jusqu'à quand pourras-tu lui pardonner ses retournements? Parce-qu'elle te refera mal d'une façon ou d'une autre. Parce-que pour éloigner il suffit de faire souffrir. Tout le monde répond à la souffrance par la colère et la distance. Il n'y a aucune raison qu'avec toi cela sera différent. Méduse attendrait le moment propice, comme la dernière fois pour frapper. Sauf qu'ici cela sera bien pire, car tu t'attaches, comme tu crois qu'elle le fait. Mais elle n'est pas sûre d'elle-même, et reste en cela bien dangereuse.

Ton corps contre le sien, elle enlaça ta nuque, mais aussi ton dos, ses mains glissant sur ta peau perlée de tâches de rousseurs. Elle aimait te sentir ainsi dominant, son corps offert que tu déplaçais comme tu le souhaitais. Vos lèvres saisissantes qui ne brûlaient que de cet amour que vous vous offriez. Elle se serait contenté de cette preuve. Son corps était déjà prêt à épouser totalement le tien, mais il a fallu que tu mettes fin à cet instant. Tout d'abord amusée, elle ferma les yeux, ses cheveux épars autours de son visage tandis qu'elle sentait que tu t'évadais du lit. «Ne sois pas trop lent...je m'ennuie déjà de toi.» Elle a toujours été très expressive sur ses envies et ses désirs avec ses amants. Tu ne faisais ici pas exception, mais tu pouvais découvrir cette facette plus sauvage, moins lissée de la jeune femme. Finalement elle te sentit revenir, et se laissa redresser tout en ouvrant doucement les yeux en sentant que tu venais glisser une bague à son annulaire droit. Asynchrone. Son cœur rata un battement. Personne avant toi n'avait osé lui passer une bague au doigt. Elle t'observa embrasser la bague, avant de la mirer elle-même, levant la main, les doigts écartés comme ayant du mal à croire qu'elle se trouvait là, tout en étant touchée par cette marque d'affection. Non. D'amour. Tu lui offrais la bague des épouses de ta famille. Tu la lui mettais à droite pour les raisons que tu énonçais, mais ne savais-tu pas que c'est à droite que l'on porte la bague de fiançailles?

Frissons. Tandis que tu la découvrais entièrement et qu'elle n'avait pu réagir face à cette bague. Ne te rendais-tu pas compte que cela était trop pour elle? Que tu ne pouvais offrir la bague qui était destinée à la femme de ta vie à elle qui ne pouvait être que de passage? Condamnerais donc tu ton cœur à l'aimer pour l'éternité, même si elle disparaissait de ta vie? Elle ne comprenait pas en cet instant le symbolisme derrière tout cela. Elle aurait eu envie d'exploser de joie, et ne pas sentir cette confusion qui commença à s'éprendre d'elle. Elle répondit à tes baisers d'une façon presque absente, son dos retrouvant la fraîcheur des draps, mais son regard étant encore attiré par la bague, qu'elle amena face à son regard. Tu pus ressentir qu'elle n'était plus réceptive en cet instant à tes caresses, qu'elle était comme absente, avant qu'enfin elle ne parvienne à prendre la parole: «Elle est magnifique Gwenegan.» Sa main gauche venait frôler la bague, comme en dessinant les détails. Son regard te restait interdit tant son geste semblait l'hypnotiser. Finalement elle retira la bague et te la tendit. «Je ne peux l'accepter. Elle appartient à ta future femme...à celle qui épousera ta famille.» Son regard exprimait une tristesse profonde en cet instant qu'elle ne saurait même pas elle-même expliquer. «Tu l'as dis, je ne puis être cette femme...je ne peux être ta fiancée, ta promise...» Elle tenta un maigre sourire. Cela l'affectait réellement de l'avoir reçu mais aussi de te la rendre. «Reprends la s'il te plait.» Elle n'était pas froide dans ses paroles, au contraire...ses yeux semblaient légèrement mouillés comme si elle s'apprêtait à pleurer.  

Ressentait-elle trop passionnément les choses dès que tu étais dans l'équation? Ou la fatigue venait-elle également s'en mêler? Elle restait désœuvrée face à ton geste, et ne ressentit qu'un vague soulagement quand tu la repris...pour mieux reglisser la bague à son doigt. Vos lèvres se retrouvèrent tendrement, avant que tu ne viens bénir ses paupières comme pour sécher ce qui voudrait se noyer. L'incompréhension se lit alors dans ses yeux qui ne te quittèrent pourtant pas tandis que tu reprenais la parole. La première femme? L'unique pour le dire autrement. Mais sans doute pas la dernière. Elle ne comprenait pas en cet instant la pureté de ton cœur. Cette volonté que tu avais de préserver l'amour premier. Tes mots lui firent du bien, même si une partie d'elle restait meurtrie du silence qui entourait votre relation. Ne pouvais-tu comprendre qu'elle n'était pas digne de porter cette bague? Que son amour pour toi ne pourra jamais s'épanouir, même si en cet instant elle sentait qu'elle le désirait? Tout cela était-ce un partage d'amants maudits comme aimait à le lui rappeler Méduse?

Elle se laissa faire quand tu l'amenas tout contre toi, allongés sur le côté, ta main autours de sa taille tandis que son regard n'exprimait plus de tristesse, mais un calme étrange et inexpressif. Elle ferma un instant les yeux, tentant de calmer les battements de son palpitant qui se voyaient rehausser par l'effet de tes caresses sur les flancs. Quand ses yeux se rouvrirent, ils rencontrèrent les tiens, et elle réussit à sourire doucement, venant se blottir encore plus contre toi, sa jambe passant au-dessus de ta cuisse, tandis que sa main se porta sur ton épaule. «Tu m'as déjà enlevé loin de tout.» Sourire timide, tandis que son regard vous amenait à observer autours de vous. Bien sûr qu'elle était à l'endroit du monde où elle se sentait le plus en sécurité au monde. Mais contre toi, cela prenait une dimension encore plus vrai. Une sensation qu'elle n'avait senti qu'en de rares moments au cours de sa vie. «Comment peux-tu m'aimer en sachant que tôt ou tard je...» Elle ne finit pas sa phrase, son regard déviant du tien avant de reprendre la parole: «Je voulais te la rendre pour qu'un jour tu puisses me l'offrir quand je pourrais réellement prétendre à...» Pouvait-elle vraiment te dire ça? Ne serait-ce pas égoïste? N'est-ce pas ce qu'elle est depuis le début? «J'ai cette impression d'être unique dans ton regard...ressens-tu la même chose dans le mien?» Cette fois-ci, son regard s'ancra dans le tien afin que tu puisses lui dire ce que tu y lisais. Elle souhaitait que tu devines comme son amour en cet instant était sincère. Parce-que peut-être demain, il ne le sera plus.

Finalement, sa main délaissa ton bras pour descendre plus bas, au niveau de ton flanc, mais plus bas encore pour venir déboutonner ton pantalon et que tu puisses le retirer. Elle détestait la perspective de ne pas te sentir entièrement en cet instant. Quand tu fus aussi nu qu'elle, vous vous glissâmes sous les draps, reprenant la même position, vos jambes s'emmêlant amoureusement. «La première femme tu disais...Ton premier amour fut un homme, c'est bien cela?» avait-elle le droit de te poser ce genre de question? Elle ne le savait pas trop, tandis qu'elle venait dessiner doucement ton visage, descendant ensuite sur ta nuque, remontant dans tes cheveux.

Accepter ta bague, c'était accepter votre destin. Peu importait que la gorgone l'avait mise en garde, Pandora se sentait bien avec toi en cet instant et elle voulait un instant croire qu'elle te sera fidèle. Fidèle dans le cœur, fidèle au fil du temps, même si votre relation devait s'arrêter suite à ce long week end. Elle voulait croire que cette vie murmurée, pourrait devenir un chef d'oeuvre. Il n'en sera rien. Ou alors une tragédie car il y aura des parts de vous qui mourront. Méduse en faisait la promesse. Le palpitant de l'italienne dessinait des arabesques qu'elle ne connaissait pas. Des hommes il y en avait pourtant eu dans sa vie. Un défilé, afin que la vie s'écoule. Jamais rien de probant, même si le premier ne pouvait que rester quelque part dans son corps. Et dans son âme? Cette dernière s'était éteinte à la mort de son frère. Elle en était convaincue. Jusqu'à ce que Benji éveille quelque chose qu'elle ne reconnaissait pas en elle. Jusqu'à ce que tu viennes lui faire croire le contraire. Tout cela était perturbant, et pourtant bien ancré dans chacune de ses cellules. C'était une sensation incommensurable qui ne faisait que grandir à chacun de tes souffles contre son cou, à chacune de tes caresses contre sa peau. Vos corps étaient unis, déposés comme dans un linceul pour le pays des morts. Un paradis où vous seuls pouviez vous mouvoir. Un bout de terre, et le reste du monde pouvait être détruit. C'était tout ce qu'il vous fallait pour que vos yeux ne se quittent pas, que vos âmes ne se déchirent pas. Mais cela restait également un doux songe, une douce aparté, rien qui ne saura vous retenir loin de vos vies et responsabilités respectives.

Pour le moment, elle tentait d'exprimer ce qu'elle n'avait pas l'habitude de dire, observant tes sourires, ressentant les battements de ton cœur. C'était un moment qu'elle n'oublierait pas, tandis que tu viens répondre à sa question d'une façon qui la fit soupirer d'aise. Ce que tu disais était porteur de vérité. Tu avais ce pouvoir sur elle, elle le pressentait et elle le voulait. Pourtant, une part d'elle saurait te détruire si cela arrivait. Celle qui avait été enterré et qui ne souhaitait pas se voir étouffer de bons sentiments. Celle que tu ne pouvais distinguer en cet instant hors du temps. Elle se sentait aussi toujours confuse de porter cette bague. Interdite face à l'importance que cela revêtait à tes yeux, et aux siens. Sachant que si tu avais réellement voulu sa main, il aurait fallu rencontrer son père, et c'était une des dernières choses qu'elle pouvait te souhaiter. Sans parler de la précipitation. Comment as-tu pu lui offrir cette bague aussi tôt? T'aveuglait-elle à ce point? Votre passion ne pourrait qu'un jour s'essouffler après vous avoir brûlé et avoir engendré nombre de conséquences. Elle était officiellement auprès d'un autre, et pourtant rien ne t'arrêtait. Pas même ton petit-ami dont tu ne lui parlais plus suite à sa demande. Quelle était cette force entre vous qui t'amenait à venir à elle, alors que tu avais lui? Cet amour était donc plus réel, plus profond...un amour originel?

«Je n'ai pas besoin de bague ou de tout l'or du monde, si je t'ai toi Gwenegan.» Ses paroles étaient posées, profondes, sans qu'aucune émotion ne vienne interférer. Ce qu'elle te glissait là était la vérité la plus pure extrait de son cœur-même. Elle possédait déjà tout l'or du monde grâce à son père et son propre métier, mais ce que tu révélais en elle, elle ne faisait que le découvrir. Une sensation que son être réclamait autant que son esprit la rejetait. Parce-qu'elle ne pouvait devenir faible. Elle ne pouvait se laisser glisser dans un avenir limpide avec toi. Son âme aspirait à plus de risques, à sortir ses ténèbres d'elle. Et elle avait la certitude d'avoir trouvé en ton meilleur ami la personne idéale pour ça. Même si rien existait à cet instant, tout pourrait très vite dégénérer. Mais tu étais prêt à cela. À la voir disparaître et à te consumer avec votre amour. Tandis que votre conversation se poursuivais, ses lèvres se portèrent langoureusement sur ton cou, goûtant à la saveur de ta peau de sa langue, avant de descendre jusqu'à ton épaule. Elle s'arrêta un instant quand tu lui parlas de ce premier amour. Amusement. Dans ta voix, dans cette façon de venir l'embrasser, avant qu'elle se permette: «Tes amours ont-ils tous été secrets?» Elle se voyait désolée pour toi en entendant ce constat. Sa main venant se poser sur ta joue, son regard se montrant attentif. «J'espère qu'en ne te promettant rien, je puisse ainsi tout te donner.» Que tous les moments que vous viviez soient un cadeau. Et que peut-être un jour saura-t-elle être un amour affiché, un amour de jour...C'était tout cela que voulait dire cette simple phrase en cet instant.

À ta question, elle sembla se mettre à réfléchir. Avait-elle été amoureuse? Doucement, elle fit légèrement pression pour te renverser sur le dos, vos corps complètement collés, venant déposé son visage sur ton torse, tandis qu'une jambe pliée se posait au niveau de ton bas ventre. Sa main libre caressait ton bras, tandis que son regard t'échappait désormais totalement. «J'ai voulu faire comme tout le monde autrefois...j'ai voulu croire en l'amour...mais l'amour ne croyait pas en moi.» Tu sentis qu'un sourire avait étiré sa joue avant de disparaître. «Si je dois te parler de mon premier amour...je te dirai qu'il est artiste...et qu'il reste inoubliable, peu importe ce que la vie décidera.» Il était difficile en cet instant de savoir de qui elle parlait. Elle ne semblait pas ici s'en soucier, se redressant légèrement afin de t'offrir un doux sourire, et de venir se mettre à califourchon sur toi. Ses mains de chaque côté de ton visage, elle se pencha pour venir embrasser tes lèvres, tout en commençant doucement à descendre vers ses talons, sa poitrine menue venant frôler ton torse avant que ses lèvres ne viennent goûter à ta peau à cet endroit de ton corps. «Penses-tu encore à lui?» susurra-t-elle entre deux baisers. Elle voulait savoir à quel point il était toujours présent dans ton corps, à quel point - peut-être - était-il une menace pour vous...

Tu n'as pas saisi. Tu n'as pas su voir au-delà de ses paroles. Tu n'as pas su distinguer que cet artiste dont elle tait le nom n'est autre que toi. Mais elle n'est pas certaine, alors elle préfère ne rien affirmer, juste défroisser ce qui l'effraye elle-même. Cette sensation est si douce qu'elle ne peut être que dangereuse. En elle survit encore ce désir de vengeance que la gorgone vient étreindre de sa main afin de le faire paraître plus vivant, plus vibrant. Apte à se déclencher quand on s'y attendra le moins. Crois-tu que Méduse est aussi aveugle que son hôte? Tu lui parles comme si elle était l'unique, alors que l'ombre de cet homme est toujours sur toi. Tu lui fais croire à ton amour, alors que tu partages ton lit avec un autre. Est-ce car tu crois que Pandora fait la même chose que cela est justifiable? Est-ce que faire pareil, te rend meilleur? Si toi tu ne te permets pas de juger, la gorgone le peut et ne s'en gêne pas. Elle note toutes tes parts de ténèbres, celles que tu étouffes derrière de jolis mots ou encore ton désir qui se fait sentir dans certaines de tes baisers. Elle ne te laissera pas tu sais. Elle ne te laissera pas emporter sa dulcinée pour en faire la tienne. Tu as beau lui faire croire à un paradis, elle sait que tu l'emmènes tout droit en enfer. Parce-qu'un jour tu choisiras un autre qu'elle, et elle se retrouvera le cœur en lambeaux. C'est cela que tu souhaites? Jouir de l'instant, croire que vous partagez un amour unique pour ensuite l'abandonner? Parce-que c'est ce que tu feras, si ce n'est pas Pandora elle-même. Vous n'êtes plus des adolescents, vous avez trop à perdre pour vous choisir, et vous le savez très bien tous les deux.

«Est-ce mieux d'être le premier?» Demanda-t-elle encore suite à ta remarque. «Suis-je ainsi arrivé trop tard?» Elle ne comprenait pas d'où lui venait cette envie de te posséder, alors même qu'elle ne pouvait t'honorer. Cela pouvait ressembler à un jeu, alors qu'en réalité il s'agissait avant tout d'une volonté profonde de te faire sien. De savoir que votre univers ne pourra jamais être envahi par celui d'une autre personne, même pas par l'ombre de ton passé. «Ton dernier?» n'as-tu donc aimé aucun autre homme après lui? Alors pourquoi ce danseur? Des questions qu'elle préféra taire en inspirant l'odeur de ta peau tandis que ses baisers se poursuivaient sans qu'elle n'ait l'envie d'arrêter. C'est là que retentirent tes dernières paroles. Quand vous êtes ensemble...La vérité ne pouvait que retentir à nouveau, même si c'était pour appuyer ce désir qui vous rassemblait. Mais dès qu'elle n'était plus présente, elle s'évaporait de tes pensées afin de créer de l'espace à ton nouveau petit-ami, et peut-être même à d'autres personnes qui viendraient te toucher. À quel point étiez-vous semblables? Toi qui semblait ne pas avoir connu beaucoup de relation, simplement quelques nuits, et elle qui n'a fait que les collectionner, les intentions de son père venant noyer dans l’œuf toute réelle histoire. Après tout, peut-être que la vie vous faisait un cadeau que de pouvoir vous découvrir ainsi en secret.

Un sourire plus appuyé se dessina sur les traits de l'italienne tandis que tu la rapprochais soudainement et que tu changeas vos positions. Se retrouvant dos au matelas, son corps s'abandonnait déjà au baiser que tu vins lui offrir après lui avoir mentionné la teneur de ton amour. Elle était impressionnée que tu ne lui demandes pas plus de paroles tandis que répondais avec calme à ses questions. Mais pour le moment, sentir ton corps contre le sien lui amenait de délicieux crépitements dans tout le corps, comme une électricité qui était toujours en latence, prête à tout enflammer. Une de ses mains s'était posée sur ta nuque, tandis que l'autre avait glissé jusqu'à effleurer ton fessier, descendant par l'arrête de ta hanche, pour se diriger vers ton bassin et plus loin encore. Elle voulait sentir plus que ton souffle en elle en cet instant.