Colocation pour un nouveau départ [ PV Dorian ]

C'était difficile de laisser la vie vous enjoindre à sourire quand vous saviez que la personne que vous aimez n'allait pas bien. Au moins Gwenegan lui avait donné de ses nouvelles, le rassurant quelque peu sur son état. Il s'en voulait d'être quelque part, celui qui était venu lui briser le cœur en l'empêchant de continuer de voir sa mécène. Apollon avait eu beau le rassurer que le temps pouvait aider, le danseur entendait aussi que le temps pouvait créer l'inverse. Que restait-il de l'innocence des débuts de leur relation? Parfois il aurait préféré ne rien savoir. Parce-que cela l'a amené à se sentir déboussolé, à faire des choses qu'il n'aurait jamais fait sans connaissance que le cœur du chanteur était habité par une autre personne. Tu comprends pourquoi je le trouvais si spécial dès le début. Apollon ne démordait pas de son amour envers Gwenegan. Dorian ne pouvant que contempler la grande compréhension du dieu face à ces histoires sentimentales. Tout le monde ne peut pas être aux côtés de Gwenegan...Tu as énormément de chance qu'il t'ai choisi. C'est dur pour lui car son coeur est ainsi fait. Qu'aurais-je du faire Apollon? J'ai l'impression que c'est lui qui contrôle tout...et que j'ai été un gamin d'agir comme je l'ai fais pendant son absence. Le dieu prit son temps avant de répondre. Il sentait que le danseur n'a jamais voulu faire de mal et que son cœur restait encore bien naïf. Ne remets pas en question tes actes passés, cela ne mène nulle part. Concentre toi sur le présent. De te réhabiliter des moments à toi. De laisser le temps à Gwen de revenir vers toi. Il a besoin de se retrouver aussi. Était-ce ce que le chanteur faisait? Il n'en savait rien, mais l'espérait pour lui. Ce n'était pas en fréquentant du monde que l'on trouvait la paix de l'esprit.

Dorian trouvait étrange de voir que la compagnie du dieu lui faisait du bien, malgré le fait qu'ils aimaient le même homme. D'une façon différente, qui l'amenait à concevoir l'amour autrement. Il était bien loin d'être dans l'inconditionnel, mais il pouvait grâce au dieu sentir à quoi cela ressemblait. C'est ainsi qu'il se réveilla assez tardivement en ce lundi où il avait sa journée. Il était un peu plus de midi quand il jeta un regard à son téléphone. Il se mit à répondre à quelques messages, notamment pour rassurer l'autre colocataire concernant cette fuite qui avait été réglé, moyennant finance, assez aisément. Par l'envie d'Apollon, toujours en caleçon dans son lit, il se saisit du bloc à dessin acheté spécialement pour les besoins du dieu et se mit à griffonner, laissant les compétences du dieu à l'oeuvre. Tu découvres Artémis. En effet, plus il se laissait aller sous les coups de crayon, plus le visage d'une femme qui semblait sublime vit le jour. Et pourquoi ce rongeur au-dessus de sa tête? Pour...rire? Dorian sourit. Il ne l'avait pas vu venir, mais le dieu tentait de le réconforter.

Il avait tellement été concentré à l'ouvrage qu'il n'avait pas remarqué que quelqu'un était entré dans le loft, c'est ainsi qu'il sursauta légèrement en entendant ta voix. Il ne savait pas exactement quand tu allais arriver, mais il était conscient du changement. «Juste une minute!» Il se leva de son lit afin de se saisir d'un débardeur. C'était bête, mais il avait toujours du mal que le monde puisse contempler ses cicatrices. Il se remit sur son lit, se reglissant sous la couette. «Tu peux entrer.» Étant seul dans le loft il n'avait pas pris le soin de fermer entièrement sa porte, c'était donc légitime que tu viennes à lui. Le regard hazel de Dorian plongea dans le noisette du tien tandis qu'il esquissait un grand sourire, son bloc posé devant lui sur le lit. «Je suis Dorian. Comme tu le vois, je ne suis pas vraiment un lève tôt quand mon emploi du temps me le permet. Mais je t'en prie, installe toi si t'as un peu de temps.» Il avait toujours cet enthousiasme communicatif quand il rencontrait une nouvelle personne. D'autant plus qu'ici, il voulait que tu te sentes le plus à l'aise possible. «Je ne savais pas quand tu devais débarquer par ici...J'espère que le loft te plait et que tu penses rester longtemps.» Remarquant l'étrangeté de ses propos, il se reprit l'air un peu gêné. «Dans le sens que tu vas te sentir bien ici.»

Il est beau. Simple. Efficace. L'intervention d'Apollon dans son esprit fut bien plus rapide que lui. Dorian était encore sous le coup de l'émotion de s'être habillé, du moins en partie, super rapidement. Maintenant que tu venais de lui serrer la main et de t'installer, il nota en effet ce que le dieu avait vu d'entrée de jeu. Tu avais des yeux d'une profondeur qui inspirait une certaine douceur et maturité. Puis tu portais aussi bien que lui les cheveux longs. Mais tu restais son colocataire, même si les circonstances étaient autres, non? «Aedan...C'est irlandais non? Tu t'es déjà rendu en Irlande? Perso je le suis de mon père, mais je n'ai jamais eu cette chance.» Un voile passa dans le vert de ses yeux à cette évocation. Davantage du à la mort de ce dernier qu'au non-voyage en Irlande. Mais de ça tu ne pouvais te douter. De plus, il a le chic pour changer de sujet, et venir rougir à l'énonciation de te voir rester longtemps. Est-ce son inconscient qui avait parlé? En tout cas, son sourire s'agrandit face à ton rire et le fait que tu confirmes avoir bien envie de rester ici.

Dans l'absolu, Dorian aimait bien être proche de ses colocataires. Il trouvait que c'était plus plaisant que d'être en lien à de parfaits inconnus. L'autre coloc était en déplacement actuellement, mais il espérait déjà que vous vous entendrez bien et que vous vous ferez des soirées en commun de temps à autres. Mais pour le moment il restait attentif à toi. Il n'avait pas envie de te parler de ça d'entrée de jeu. Une chose à la fois. Tout comme le fait de te parler qu'il avait un dieu à l'intérieur de lui. Il n'avait pas pensé à planquer le carnet de dessin. Et te voilà à regarder le portrait et de demander si il est de lui? Mais comment...? Ah, oui, non, tu ne pouvais savoir. Le danseur eu quand même le doute quelques instants...Avant de t'écouter lui dire que tu dessinais aussi. Apollon fut particulièrement intéressé, voulant prendre la parole, mais Dorian le devança: «Oui...c'est de moi. Même si je ne maîtrise pas vraiment.» Apollon fronça les sourcils à l'intérieur de lui. Il ne pouvait pas dire ça ainsi. «Je voulais dire...ce n'est pas ce que je préfère...mon métier et ma passion première reste la danse.» Il eu un sourire gêné. Il avait peur d'être apparu un brin arrogant avec cette façon de dénigrer sa façon de dessiner...vu que ce n'était pas vraiment lui, mais que tu ne pouvais le savoir. Cela devenait complexe dans sa tête.

«Tu es donc étudiant en art? Tu sais, je pense qu'on a tous nos préférences, et si toi c'est plus la nature, ça ne se compare pas...Tu voudras bien me montrer ce que tu fais?» Bien sûr qu'Apollon voulait voir, mais Dorian aussi. À dire vrai, il était vraiment curieux de toi. C'est ainsi qu'il se risqua: «Vu que tu vas reprendre les études...Tu fais quoi actuellement, ou tu as fais quoi?» Il replaça une de ses mèches derrières son oreille, posant sa tête entre ses mains, ses coudes sur ses genoux, légèrement penché vers toi sans même s'en rendre compte.

Le regard de Dorian se para d'un certain émerveillement de savoir que tu étais bel et bien irlandais et que tu y avais vécu. Il n'avait aucune idée de la pauvreté qui pouvait courir sur place, n'ayant eu que les mots de son père qui lui parlait des paysages d'un vert saisissant...aussi vert que ses yeux quand le soleil était très vif. Il avait donc une image fantasmée de l'Irlande, et cela le toucha que tu viennes naturellement lui proposer de vous y rendre ensemble. Son sentiment fut double toutefois. Cela lui rappelait cette même spontanéité qu'avait eu Gwen envers lui concernant l'Irlande et la France...Il se demandait si cela se ferait un jour. Il avait envie d'y croire, comme il voulait croire en tes mots: «J'avoue que l'idée est séduisante...y aller avec toi, cela veut dire avoir un guide local si je puis dire....Reste plus qu'à bien s'entendre alors!» Il rit doucement à ces dernières paroles. Le "défi" était lancé et à moins d'avoir des opinions divergentes et catégoriques, à cet instant il avait du mal à voir ce qui pourrait clocher entre vous. Pour le moment il trouvait que ta voix était particulièrement douce et posée, comme ta façon de t'exprimer.

Tu avais totalement raison en soulignant le fait qu'il soit doué. Vu que c'était Apollon qui l'était. Ce dernier se révélait excellent dans tous les arts, et il le targuait de dire la vérité. Je ne peux pas lui parler de toi. Nous venons à peine de nous rencontrer. Tu ne peux pas le laisser croire que c'est uniquement toi qui a dessiné ça...de plus je pourrais sans aucun doute l'aider. Il te plait c'est ça? Je suis le dieu des arts et inspirer les artistes fait partie de la job. Dorian était dubitatif. Il ne sentait pas qu'Apollon était amoureux comme il l'était envers Gwen. Toutefois son intérêt était palpable à cet instant. C'est ainsi qu'avant de répondre à ta question, il glissa ces quelques mots: «Oui...en fait je me suis vraiment mal exprimé...Je suis un peu encore au saut du lit tu vois.» Un rappel subtile au fait que vous étiez dans sa chambre, qu'il n'était pas encore sorti de son lit. Il avait plus facile à avoir une langue trop déliée à cette heure. «Et ce n'est pas que je ne suis pas doué, c'est juste que ce dessin je l'ai réalisé sous la direction, les conseils, d'un ami. D'ailleurs à l'occasion, je suis sûr que ce dernier serait ravit de te conseiller sur tes dessins, être présent pour t'aider aussi à t'améliorer si ça te dit?» Voilà satisfait? demanda-t-il intérieurement à l'attention du dieu qui semblait ravi.

«Une femme imaginée...la déesse Artémis. Je ne sais si tu connais un peu la mythologie, si c'est quelque chose qui t'intéresse? Personnellement, je lis dessus depuis peu...un vrai TV show! Les relations sont pas mal complexes.» Un sourire s'agrandit sur ses lèvres parce-qu'il se moquait gentiment d'Apollon. Même si en ce qui le concernait ses amours étaient plutôt perturbés. Jamais personne ne s'était réellement intéressé à lui à ce qu'il avait compris. Ou alors pour sa beauté...bien souvent c'était lui qui tombait amoureux et se voyait rejeté. Sacrée malédiction! Dont le jeune danseur espérait ne pas être atteint également. Pour le moment, il fut surtout atteint encore une fois de rose aux joues suite à ce que tu venais de lui glisser là. Il détourna le regard vers la fenêtre en murmurant: «Tu ne peux pas me dire ça.» Parce-que cela le faisait rougir à nouveau...et qu'il ne devrait pas tant être touché par cette attention de ta part. Mais ça lui faisait beaucoup de bien, car il y avait une légèreté, rien de lourd auprès de toi. Il consentit à revenir poser ses yeux dans les tiens quand tu poursuivis sur la danse. «Je m’entraîne tous les jours sur la terrasse quand le temps le permet, ou alors au bord de la plage vu qu'on est à cinq minutes. Je ne doute pas que tu en auras l'occasion.»

À peine venait-il de prononcer ces paroles qu'il sentait qu'Apollon voulait également te faire un compliment, au point qu'il tenta de prendre possession du corps du jeune homme qui sut le retenir. Il y a un peu trop d'éclairage là, il verra les yeux. T'as raison. Mais tu aurais pu au moins lui dire qu'il a un regard d'une douceur renversante...Tu as vu la forme de ses yeux? Quand il baisse les paupières? Dorian ne l'écoutait déjà plus. Oui, il avait raison, tu avais un charme réellement délicat qui lui donnait envie de caresser tes pommettes, mais il ne commettrait plus d'impairs envers Gwenegan désormais. Alors ça l'arrangeait quand tu sortis une feuille d'une de tes poches, prêt à montrer l'une de tes créations. Dorian tendit une main afin de se saisir de la feuille et mieux en contempler les détails: «C'est vraiment très fin. Sincèrement pour quelque chose fait à la va vite dans des conditions non optimale, tu te défends pas mal bien.» Apollon confirmait en arrière fond. Malgré l'intérêt face à ton dessin, il ne perdit rien de ce que tu lui disais: «Inespérée? Tu cherchais depuis longtemps à déménager?» Il te rendit doucement le dessin. Il avait pleins de questions à te poser à dire vrai, notamment vis à vis de l'irlande, pourquoi ne pas être resté là-bas pour commencer.

Mais chaque chose en son temps. Pour le moment, il s'adossa aux oreillers dans son dos, les jambes pliées sous lui. Sans doute sera-t-il bientôt le temps de se lever pour prendre un petit quelque chose à boire, et pourquoi pas commencer l'entrainement pendant que tu dessinerais ou continuerais à faire ta vie. Il n'aimerait pas t'accaparer, même si pour le moment il adorait ta présence.

Extrêmement doué. Dorian sourit légèrement en sentant le dieu se glorifier. Même s'il pouvait être sage par bien des aspects, il restait un dieu à n'en pas douter. «Quand ce sera le temps je te le présenterai alors.» Ces simples mots stressaient particulièrement le danseur à dire vrai. Il n'avait parlé d'Apollon qu'à Gwen et Nate, simplement car les deux étaient dans le même cas que toi. En irait-il de même pour toi? Et si ce n'était pas le cas, comment accepterais-tu cette réalité? Peut-être nous sommes-nous trop avancés...C'était sa pensée à cet instant car il avait peur. Il aimait bien ta présence, et te révéler ça de lui pouvait remettre en question votre colocation.

Pour le moment, il fut captivé par le sérieux que revêtit ton regard. Au-delà de tes mots, Apollon sut reconnaître une douleur que tu semblais cacher et en fit part au jeune homme. Ce dernier se trouvait un peu mal, et précisa: «Tu sais, je ne suis pas sûr d'y croire non plus...Dans le sens où il n'y a que nous pour nous sauver de situations parfois difficiles.» Son regard s'obscurcit aussi suite au souvenir de ces années où il n'était qu'un gamin qui ne pouvait que subir les coups. Pendant un bref instant, il se demanda ce qu'il t'était arrivé à toi. C'est vrai, il était loin d'être le seul à avoir souffert de son passé. Certains souffraient même de leur vie présente. «Mais sous l'injonction de cet ami dont je te parlais, j'ai été amené à m'y intéresser...ici, il s'agit avant tout de mythologie...rien qui n'existe réellement au final...Mais ces histoires sont porteuses de pas mal de sens...même si je suis loin de tout comprendre.» C'était vrai. Et il rit de lui à cet instant, en souhaitant que ça allège sensiblement l'ambiance.

Ton compliment s'en était chargé à moitié. Tu semblas embêté de sa réaction, alors à son tour il s'excusa: «Non surtout pas...J'aime ton naturel.» Un sourire sincère et non timide cette fois-ci. Il trouvait son réveil plus agréable que son coucher...et c'était grâce à toi. Suite au dessin, il te demanda: «C'est un paysage inventé ou bien un endroit qui te tient à cœur?» Le dieu admirait cette faculté qu'a le danseur de toujours rebondir sur les différents sujets. Même s'il ne se trouvait pas bon dans les mots, le dieu lui avait dit qu'il était bon au niveau des émotions, chose que lui-même avait parfois du mal...Comme précédemment. Il captait tes profondeurs, qu'il y avait des ombres, mais ne pouvait réellement les ressentir. Quelque part, c'était ce qui le fascinait chez les mortels. Cette tendance qu'ils avaient tous à continuer de vivre alors même qu'ils ne connaissaient rien à la suite du chemin. Finalement la foi naît de l'absence de dieu quelque part.

Dorian continuait de t'écouter, apprenant que plusieurs mois s'étaient écoulés avant que tu ne trouves le loft...et que tu n'aimais pas la solitude. Il haussa un sourcil et n'eu pas le temps de répliquer que tu te levais déjà. Tes propos venaient du bon sens lui-même, et Dorian se leva dans la foulée, peu lui importait que tu le vois en caleçon. Il n'était pudique que de ses cicatrices, même si au final il avait l'habitude que d'autres danseurs dans les vestiaires puissent les observer. «Tu as raison. Je vais aller prendre mon petit déjeuner avant d'aller m’entraîner sur la terrasse...Si tu le souhaites tu n'auras qu'à monter...enfin si t'as encore envie qu'on passe du temps ensemble aujourd'hui.» Déjà il avançait vers toi, te dépassant en te faisant un clin d’œil afin de se rendre dans la cuisine. Il te lança donc au passage: «D'ailleurs t'as sans doute d'autres talents que le dessin...qu'il me tarde de découvrir.» Il s'arrêta pour être sûr que tu l'entendes, son regard venant chercher le tien. «Ici chacun peut pratiquer ses activités comme il le souhaite...donc si t'as envie d'écouter de la zic à fond, tant que ce n'est pas à 23h, tu ne devrais gêner aucun voisin, et entre nous on est assez cool.»

***

Après s'être préparé un smoothie et manger quelques noix. Après avoir consulté ses messages et envoyé un: Je t'aime. passe une belle journée. À son petit-ami. Dorian alla sur la terrasse. Il retira son débardeur, et s'était passé un pantalon assez fluide pour pouvoir accomplir les mouvements inhérents à la danse. Il commença par s'échauffer, s'étirer calmement, son regard se faisant happer par l'océan qu'on voyait parfaitement de la terrasse. Ensuite, il ferma les yeux se concentra, et commença à effectuer des mouvements amples sur un rythme silencieux, la pointe de ses pieds venant montrer le ciel en une souplesse impressionnante, avant qu'il ne vienne faire une roue, restant un instant en suspension avant de reprendre une course imaginaire.