Willow s'exprime en #660099
Thanatos s'exprime en #0033CC
Pensées en italique
La nuit n'allait plus tarder à tomber. D'ici deux ou trois petites heures, la ville se retrouverait dans la pénombre. Une pénombre loin d'être complète, bien sûr. Il suffisait de se rappeler que Chicago était une grande ville américaine pour savoir que les multiples sources de lumière artificielle ne tarderaient pas à remplacer l'obscurité laissée par le soleil, en train de disparaitre lentement à l'horizon.
Pour ma part, j'étais partie au cimetière. Un drôle d'endroit où passer sa soirée, n'est-ce pas ? Moi-même je devais bien l'admettre. Je n'avais pas pour habitude de m'y rendre. Certes, il y avait là de nombreux cadavres. Mais contrairement à ceux de l'hôpital, je n'avais pas vraiment le droit de les embarquer sur une civière pour en faire une analyse. Enfin... Certains d'entre-eux étaient peut-être déjà passés par la morgue. Peut-être que les quelques corps que j'avais étudiés pendant mes stages se trouvaient désormais ici, pouvant enfin se reposer en toute tranquillité, après avoir été manipulés dans tous les sens possibles et imaginables.
Alors pourquoi me rendre dans un endroit aussi lugubre et malsain ? Si seulement j'avais moi-même eu la réponse à cette question... Tout ce que je savais, c'est que depuis quelques temps, une petite voix venait régulièrement me souffler quelques mots à l'oreille. Souvent pour commenter mes actes ou mes raisonnements. Une voix calme, posée. Etait-ce ma conscience ? Mon subconscient ? Peut-être était-ce simplement moi qui parvenait à discuter avec moi-même. Peut-être l'avais-je toujours fait autrefois, mais que je n'en avais pris conscience que récemment.
Mais ces derniers jours, cette petit voix insistait pour que je me rende au cimetière. Pourquoi aurais-je voulu m'y rendre ? C'était insensé.
Faudrait que je songe à consulter...Consulter quoi ?Un psy...Silence. Je ne me répondais plus. Ou plutôt, cette voix dans ma tête avait déjà cessé de me faire la conversation. Non pas que cela me surprenait vraiment. J'avais pris l'habitude que cette "voix" intervienne sans prévenir pour s'éteindre tout aussi subitement qu'elle n'avait commencé à me faire la conversation. Enfin, je ne savais plus trop quoi en penser... Quoi qu'il en soit, j'arrivais enfin au cimetière. Je m'avançais tranquillement vers la grille d'entrée, ma respiration se changeant en une fine buée lorsqu'elle passait de mes lèvres au froid de l'air environnant.
La grille s'ouvrit sans difficulté sous la pression exercée par ma main, non sans se faire entendre d'un grincement strident, faisant vibrer l'air jusqu'à mes tympans. Ils auraient peut-être dû venir huiler les jointures de cette entrée tant que le beau temps était encore présent parmi nous.
Installe-toi sur ce mausolée... Ah tiens, elle s'est remise à parler cette voix. Toutefois, sans trop réfléchir, je m'avancer vers ce petit bâtiment en pierres. Il était déjà ancien, certes, mais il avait l'air toujours en bon état. Sûrement l'entretien intérieur du cimetière était-il effectué de façon plus régulière que celui de la grille d'entrée.
En fait... C'est pas si bien entretenu...L'une des parois du mausolée s'avérait couverte par les ronces. Sans attendre plus longtemps, et sans même savoir pourquoi j'écoutais encore cette petite voix dans ma tête, j'entrepris de grimper sur le toit du mausolée, veillant à ne point me faire d'écharde dans les prises improvisées que me procuraient la plante grimpante. Ce n'est qu'une fois arrivée au sommet que je me rendis compte que j'aurais pu en arriver là plus facilement en escaladant les quelques roches se trouvant de l'autre côté. La voix dans ma tête se mit à rire doucement. J'aurai pu lui répondre quelques méchancetés. Mais le bruit du grillage attira mon attention.
Sans hésiter, prise d'un réflexe que je n'aurais jamais soupçonné posséder, je me plaquais dos à une parois, issue d'un toit un peu plus haut à l'avant du mausolée. A l'entrée du cimetière pénétraient deux hommes. Dans la pénombre qui commençait à se présenter sur la ville, je ne pouvais pas distinguer leurs visages. Tout ce que je pouvais distinguer, c'étaient les nombreux sacs poubelles qu'ils emmenaient avec eux. Et quoi alors ? Ils s'étaient perdus ? Ils cherchaient la décharge publique ? Je veux bien que les corps dans les cercueils devaient certainement être particulièrement pourris, mais de là à les traiter comme des déchets ! Un peu de respect bon sang ! Laissez les morts tranquilles !
Tu peux parler, tu passes tes journées à les disséquer... C'est pas pareil !Les deux individus s'arrêtèrent non loin du mausolée. Suffisamment loin pour ne pas me faire repérer, mais assez proches pour que je les entende distinctement. Il semblerait qu'ils soient venus pour tenter de cacher quelque chose, et ce quelque chose devait très probablement se situait dans les divers sacs poubelles qu'ils avaient apportés.
Probablement un cadavre... Les sacs sont fermés, impossible à savoir !Ca se voit, tiens toi tranquille. N'importe quoi ...Malgré notre désaccord, j'écoutais cette petite voix intérieure, et restait cachée, attendant de voir la suite des évènements. Les minutes s'écoulèrent, lentement, les unes après les autres. Au bout de ce qui sembla être une éternité, une troisième personne les rejoignit. Son allure n'avait rien de celle d'une personne d'humeur joyeuse. Ce n'est que lorsqu'elle s'exprima que je compris que la petite voix avait raison : un cadavre, probablement découpé en morceaux, se trouvait dans les sacs.
Risquant un coup d'oeil de l'autre côté de la parois près de laquelle j'étais cachée, j'aperçus un tombe profanée au pieds des deux hommes. La femme nouvellement arrivée se tenait devant eux, donnant quelques... recommandations, dirons-nous.
Allons leur donner quelques tuyaux. Hein ? Non !Mais si. J'y allais quand même. Non pas en descendant les ronces, mais en passant par les roches que j'avais vues toute à l'heure. J'arrivais alors, à moitié dans la pénombre. Mon teint pâle pouvait peut-être me faire passer pour un fantôme. Je me tenais désormais devant l'entrée du mausolée, derrière la femme. De là où j'étais, seuls les deux hommes auraient pu me voir, à moins qu'ils ne soient trop concentrés sur la femme.
« Vous savez, il existe des acides plutôt efficaces pour faire disparaitre un cadavre. »Oups. J'avais parlé sans réfléchir. Et de plus, mon ton s'était avéré particulièrement... moqueur. J'avais devant moi trois personnes cherchant à se débarrasser d'un cadavre, et moi, j'arrivais comme un cheveu dans la soupe, comme à mon habitude...
Tout ira bien. J'en doutais fortement...