Just do it already || Feat. Lawrence

Quatre heures. C'était ce qu'il avait au final réussit à dormir. Quatre heures. C'était suffisant. Pour régénérer son corps. Pour avoir la sensation d'avoir passé une bonne nuit. Mais cela ne l'était vraisemblablement pas pour oublier. Le voulait-il seulement? Il passa ses doigts sur ses lèvres en ayant la sensation de sentir encore ses baisers. Ce n'était pas habituel qu'il se remémore un amant. De qui te moques-tu? Elle avait raison. Il n'a jamais été un amant et en le traitant comme tel la nuit dernière, il avait vraiment cru que cela fonctionnerait. Qu'il prendrait une autre place à l'intérieur de lui. Qu'il ne pourrait pas du tout le toucher. Un sourire amère se porta sur ses lèvres. De toutes les façons il avait fait ce qu'il fallait. Le tenir à distance. Ne même pas lui laisser entrevoir la chance de quoi que ce soit. Tu aurais du le retenir. Tu peux toujours lui envoyer un message. Il restait sourd aux conseils de la déesse. Il ne saurait pas quoi dire. Pourtant il ne pouvait nier en regardant l'autre côté de son lit vide, qu'il aurait pu lui proposer de rester. Juste pour pouvoir le contempler un peu plus longtemps pendant qu'il dormait. Comme autrefois. Il se redressa dans son lit, se demandant s'il tenait à Gwenegan, ou si ce dernier ne faisait que lui rappeler une époque où tout était encore possible. Son souhait d'avoir une famille. Ou plutôt n'était-ce pas le souhait de ses parents? Le souhait d'être en compagnie d'une personne qui avait la même passion que lui envers l'archéologie...Était-ce réellement vital? Il ne savait pas en ce matin. Tout ce à quoi il arrivait à se rattacher, était à ce souvenir de la nuit dernière. Et à la promesse que tu lui as faite. De lui laisser une place dans sa vie. Cela sonnait si solennel qu'il ne savait pas quoi en faire.

Il enfila son bas de jogging après avoir pris une douche. Il n'était pas pressé ce matin. Il comptait bel et bien aller nager, mais avant cela, il alla dans la cuisine afin de se préparer un petit déjeuner conséquent. Le bruit de la machine à café devança ses pas et il sut que tu étais réveillée. Au moins, ce matin, n'avais-tu pas la chance de voir défiler la conquête de la nuit passée. Naturellement, il vint poser ses mains sur tes épaules, venant embrasser ta joue tandis que tu lui tournais le dos en te glissant: «Bonjour ma toute belle.» Quoique, en allant dénicher plusieurs fruits pour son smoothie, il du bien admettre que tu n'étais pas super en beauté. Il s'adossa au comptoir, te contemplant sans gêne avant de lancer: «T'es malade ou bien?» Son ton devint plus inquiet d'un coup, revenant vers toi, posant sa paume sur ton front afin de s'assurer de ton état. «T'es brûlante...Depuis combien de temps tu es dans cet état?» Cela lui rappelait sa propre maladie il y a plus d'une semaine maintenant...est-ce que ce serait lui qui te l'avait refilé? «J'appellerai le médecin qu'il vienne te visiter. Faut pas laisser trainer ça, ok?» Protecteur. Depuis le jour où tu étais arrivée chez lui, il n'a eu de cesse que de régler les problèmes que tu pouvais avoir, dont le plus conséquent restait cet ex. Il n'avait pas réfléchis longtemps, avait passé les bons coups de fils et il avait reçu une preuve de sa disparition définitive de la surface de la terre. Il n'y avait que ça pour s'assurer que tu étais en sécurité. Il se démerderait plus tard avec son âme s'il le fallait.

Il alla mixer tous ses fruits, coupant court un instant à la conversation, avant de se verser l'ensemble dans un immense verre. Il alla ensuite s'installer au comptoir, attentif à ton état général. «Je présume que tu as prévenu que tu n'irais pas travailler...» Une évidence, mais il tenait à s'en assurer.

Un sourire égaye ses traits. Tu ne supportes pas qu'il prenne soin de toi. Pourtant cela est plus fort que lui depuis que tu étais arrivée il y a un an avec le visage méconnaissable. Certes, ici ce n'était qu'une grippe, mais pour être passé par là il y a peu il en doutait également. Si toi aussi tu venais abriter un dieu? Nous verrons ça en temps utile. Nyx était toujours très posée et toujours prête à le conseiller alors qu'il voulait juste retrouver sa paix intérieure. Celle dont il avait besoin pour faire le jour sur la nuit dernière. Au moins, ta façon d'attendre ton café comme s'il s'agissait du messie lui faisait penser à autre chose. Tu avais toujours été une personne d'habitude et en cela il t'était reconnaissant. Sa vie était tout sauf monotone, si on excluait le sport ou les recherches qu'il faisait tous les jours. Cela lui faisait étrange de penser cela au bout d'un an. De voir qu'il pouvait cohabiter avec une autre personne que son épouse. Tu lui permettais de voir qu'il n'était pas aussi détestable qu'il le laissait paraître. Il porta son smoothie à ses lèvres tout en regardant avec ta tasse entre les mains. Il te suit dans le salon, s'installant sur un fauteuil tandis que le canapé te reçoit. Juste une indigestion? Il fronça légèrement les sourcils. Il savait comme tu pouvais être têtue, alors il n'allait pas user de son énergie pour te faire changer d'avis. Tu étais une grande fille, si à un moment ça n'allait vraiment pas, tu saurais quoi faire.

Il savourait sa boisson qu'il prenait le soin de faire chaque jour quand il leva un sourcil à ta remarque. La présence de Gwenegan ne t'avait donc pas échappé...Le contraire aurait été étonnant vu tout le boucan qu'il avait fait en venant au milieu de la nuit. Lawrence l'avait quand même laissé dire, jusqu'à lui avouer qu'il avait envie de lui. Simple. Expéditif. Pourtant ce qu'ils avaient vécus dans sa chambre était tout autre. Il se souvenait encore en ce matin de son corps. Il se souvenait du plaisir qui avait été le sien de l'embrasser à nouveau. Mais il ne pouvait faire tomber ses murailles comme ça. Il ne pouvait se mettre à nu. C'était tout simplement effrayant. Alors il était resté de marbre et avait cru que c'était l'unique attitude qu'il avait pu adopter. «Je suis désolé que tu aies entendu tout ça.» Il n'y avait qu'avec toi qu'il s'excusait. C'était ton privilège. Sinon il ne le faisait quasiment jamais. Il poussa toutefois un soupir quand tu voulus en savoir plus sur ce qu'il voulait. C'était une histoire dont il ne t'avait jamais parlé ouvertement, de crainte que tu ne le juges. Puis il était jeune à l'époque, et toi encore plus. «Malheureusement, ce n'est pas vraiment ça...» Si cela avait été que du sexe entre eux, sans doute que les choses auraient été plus facile à gérer.

Il se passa une main dans ses cheveux, avant de poser un coude sur l'accoudoir, et poser son menton dans sa main. Comment te raconter les choses sans te donner des munitions? Parce-qu'il commençait à bien te connaître et pour une fois qu'il allait sensiblement s'ouvrir tu risquais de ne pas le louper. «J'ai été son premier amour il y a...» Ça remontait à tellement loin. Son regard monta un instant au plafond, avant de retomber dans tes yeux. «...des années...avant Stella.» Oui ton frère avait eu une vie avant son épouse...avant cette alliance qui ne quittait plus son doigt. «Ce n'était pas prévu qu'on se revoit...Je n'avais pas idée qu'il vivait ici à Chicago...On s'est connu en Angleterre, pour te dire comme ça remonte!» Est-ce qu'il avait vraiment envie de t'en dire plus? Pas vraiment, mais il avait la sensation qu'il le devait. Juste un peu plus: «Je ne sais comment il a obtenu mon adresse, comment il a réussi à pénétrer dans l'immeuble à cette heure tardive...Mais il l'a fait. Et voilà.» Il manquait des morceaux. Clairement. Mais tu savais comme il n'était pas des plus bavard quand ça touchait les émotions. D'autant plus qu'il ne savait pas exactement ce qu'il ressentait pour Gwen. Il avait appris le breton pour lui, il l'avait aimé avant d'aimer Stella. Pourtant, c'était elle qu'il avait choisi, l'abandonnant pour éviter de souffrir de sa présence.

Nyx avait beau lui souffler que leur amour n'était pas fini, il avait bien du mal à y croire. Il avait peur d'y croire. Il n'était plus l'archéologue et puis c'est tout. Il tenait un commerce illégal et il se voyait mal embarquer son premier amour qui voyait sa vie se métamorphoser actuellement avec lui. En même temps, il avait tout de même envie de le revoir. Pour discuter. Tant qu'ils n'abordaient pas ce qu'ils ressentaient l'un pour l'autre. Oui, c'était une éventualité qui lui plaisait bien, même si ça le rendait à la fois inconfortable.

Les relations sentimentales fut un domaine qu'il avait mis sous clef dès le décès de sa femme. Il ne pouvait en aller autrement. Il ne s'était pas imaginé pouvoir aimer à nouveau. Il avait réussi à se dégoter certaines amitiés à sa grande surprise, mais pour le reste il avait tenu bon. Il avait refusé de discuter trop longuement avec ses amants. Refusé d'en revoir certains où il sentait qu'il pouvait y avoir une connexion à trop se fréquenter. Il s'était tout simplement préservé en contrôlant tout. Absolument tout. Pourtant, il avait réussi en une soirée à faire frémir toute cette structure mise en place. Il avait réussi cela, car Lawrence n'a jamais cessé d'aimer le chanteur. Il a appris à aimer sa femme, mais il n'a jamais eu à se forcer concernant Gwenegan. Il avait cru à l'époque bien faire les choses. Faire suffisamment de mal au jeune homme pour qu'il le déteste ou l'oublie. Mais ce dernier ne l'avait pas fait, et leurs retrouvailles venaient lui montrer à quel point ils étaient bien ensemble. Jamais il n'avait douté d'eux, mais de lui. Face à la volonté de ses parents surtout. Il n'avait pas voulu donner une chance à son père, ni même à sa mère, de ruiner la carrière de l'horloger, juste pour qu'il lâche leur fils. Sans doute auraient-ils même été capable de le payer grassement...Un peu le genre de truc qu'on voit dans les séries télé, mais à l'heure d'aujourd'hui, il savait qu'ils auraient tenté cette éventualité. Le tout pour le tout. Quitte à causer des morts sur le passage.

Tes premières paroles ont le don de le faire sourire! Au moins ne perdais-tu nullement le nord, même dans ce genre de situation. Surtout sans doute. «Ta maladie n'a rien retiré à ton humour on dirait!» Il fit une légère grimace suite à la tienne. Son expression se fit plus sérieuse au fur et à mesure que ta parole s'allongeait. Toi le rencontrer? Cela ne serait-ce pas précipité? Cela ne donnerait-il pas l'impression à Gwen qu'il est important dans sa vie, alors même que - tu viens à le souligner - il avait tout fait pour lui faire croire l'inverse. Il observe en même temps tes propres expressions et note que t'es vraiment bien pâle...Il continue à boire de son côté, avant de prendre la parole à son tour. «Je l'ai empêché de passer la nuit avec moi.» Il ne devrait pas te le dire. Mais en même temps à ce stade...Il finit de boire d'une traite, déposa le verre sur la table et se leva, passant ses mains dans ses cheveux en une tentative de clarification de son esprit. Tu pouvais voir qu'il était clairement déboussolé. «Allez, vas-y! Je suis sûr que tu meurs d'envie de me dire que je suis idiot ou je ne sais quoi d'autre...» Il était sérieux. Il commençait à te connaître. «Pendant des années j'ai tenu une ligne directrice très stricte...une ligne qui m'a permis de ne pas dérailler...Je ne pouvais le laisser passer la nuit et tout foutre en l'air, tu comprends?» Voyait-il de son côté qu'il t'en montrait bien trop?

Il vint s'installer à côté de toi, son regard légèrement obscurcit de toutes ces émotions qui se bousculaient en lui et qu'il ne savait pas vraiment gérer, à part les mettre sous clef. «Il veut qu'on se revoit. En tant qu'ami. Il m'a demandé qu'on passe juste une nuit ensemble...comme avant...et c'était comme avant...Comme si les dernières années de ma vie sans lui n'avait pas existé!» Il fit une pause, son regard retrouvant le tien. «Tu le crois toi? Que cela soit possible?» Il poussa un soupir, tout en se calant plus dans le canapé, portant sa tête dans sa main, comme en profonde réflexion. «Tu penses que je devrais le revoir toi?» À peine avait-il prononcé ces mots, qu'il se ressaisit: «Oublie ça. Rien que le fait que je te pose la question montre que ce serait une idée stupide! Sans parler du fait que toi tu le rencontres! Je n'ai aucune idée de ce que je veux Eleanor. Tout ce que je sais, c'est que c'est la première fois qu'au réveil je pense encore à quelqu'un...Mais c'est trop dangereux tu vois? Tu connais ma vie...tu sais dans quelles affaires je nage...Je n'imposerai cela à personne.» Sans parler de la crainte de souffrir. Rien ne lui disait que Gwen était sincère dans sa démarche ou que cette dernière serait couronnée de succès. Mais il ne pouvait avouer ce genre de doute. Il n'était pas le genre sentimental, il n'avait pas la place pour ça dans sa vie. Les choses devaient simplement rouler.